Suite 3 : L’énigme de la succession des régimes militaires en Mauritanie (4ème partie) / Par le Professeur El Arby Mohamedou

Le retour au régime d’exception : 

L’exacerbation des crises de la vie politique, sociale et économique facilitera le nouveau changement opéré le 3 août 2005 par un groupe d’officiers supérieurs mené par le directeur général de la Sureté Nationale le Colonel Ely OULD MOHAMED VALL qui réussit à mettre fin au règne du Président TAYA et à dissoudre, en même temps, le parlement issu de son régime de démocratie de façade. Ce coup d’Etat militaire a, pratiquement, mobilisé en sa faveur toute la classe politique du pays.

Pour contourner les fins de non recevoir et les réserves sur le changement qu’opposaient les alliés du régime déchu et l’opinion publique internationale, les nouvelles autorités affichent, dès l’adoption de leur charte constitutionnelle, une réelle volonté de quitter le pouvoir et de le rendre aux civils après la mise en place de véritables et solides institutions démocratiques. Des journées de concertations sont organisées. Elles regroupent tous les partis politiques, la société civile et les représentants du Comité Militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD). Les contours de la feuille de route sont délimités de manière concertée. La durée de la transition est fixée à 18 mois, aucun membre du gouvernement ou du CMJD ne peut se porter candidat aux élections présidentielles, législatives et municipales. Certaines tentatives de solder les dossiers de pillage de l’économie nationale, en particulier,  les contrats de partage avec les Sociétés de pétrole ont été engagées, une inspection générale du contrôle d’Etat est créée dans la foulée et des états généraux relatifs au passif humanitaire sont organisés.

Les aménagements concertés et les projets d’amendement constitutionnels issus des journées de concertations en vue d’organiser des élections libres et transparentes sont mis en œuvre à travers l’organisation d’un référendum sur les réformes constitutionnelles,  le 25 juin 2006, l’installation, pour la première fois dans le pays, d’une Commission Electorale Nationale Indépendante chargée de superviser ces élections, et l’organisation, conformément, au calendrier électoral du Ministère de l’Intérieur des élections législatives et municipales couplées en novembre 2006.

Par ailleurs, le premier tour de l’élection présidentielle est organisé en mars 2007 avec la participation d’une vingtaine de candidats. Les résultats de cette échéance ont conduit Sidi OULD CHEIKH ABDALLAHI et Ahmed OULD DADDAH à un deuxième tour qui était plein de suspens et au cours duquel des alliances politiques de circonstance sont construites défiant et remettant en cause la logique classique de l’appartenance politique de certains leaders.

A l’issue de cette élection, le candidat Sidi OULD CHEIKH ABDALLAHI a été élu avec plus de 52% des suffrages exprimés, créant une surprise à laquelle peu d’observateurs avertis s’y attendaient. Le Président nouvellement élu est investi au cours d’une cérémonie officielle à laquelle l’opinion publique nationale et les partenaires internationaux  sont largement associés ouvrant ainsi la voie à l’exercice du pouvoir par les civils, ce qui ne s’est jamais réalisé depuis la chute du Président Moktar OULD DADDAH le 10 juillet 1978.

 

A suivre …

 

 

Professeur El Arby Mohamedou

 

 

 

Lire aussi  :

L’énigme de la succession des régimes militaires en Mauritanie (1ère Partie) / Par le Professeur EL Arby Mohamedou

L’énigme de la succession des régimes militaires en Mauritanie (2ème Partie) / Par le Professeur EL Arby Mohamedou

L’énigme de la succession des régimes militaires en Mauritanie (3ème Partie) / Par le Professeur El Arby Mohamedou

 

 

 

(Reçu à Kassataya le 27 août 2020)

 

 

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