Pandémie Covid-19 Mauritanie : le premier anniversaire du régime de Ould Ghazouani à l’épreuve du coronavirus et de la justice

1er Août 2019- 1er Août 2020. Un an déjà à la tête de la Mauritanie. Ce premier anniversaire de Ould Ghazouani ne laisse pas indifférent les observateurs qui distinguent trois temps forts qui annoncent la continuité d’un racisme d’Etat,une difficile sortie de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19  et sans doute vers un changement de gouvernement suite au rapport de la commission d’enquête parlementaire.

Le président Ould Ghazouani qui a succédé à Ould Aziz après les élections de juin 2019 hérite d’un pays en ruines après 10 années de gabegie et de corruption passées au crible dans le cadre d’une enquête parlementaire qui vient de rendre son rapport et qui accable l’ancien président, ses membres de gouvernement et des ministres et hauts responsables de l’administration en activité.

C’est un des points positifs de cette première année du quinquennat qui risque de réserver des surprises sur la suite à donner aux personnalités du gouvernement et de hauts responsables citées dans le rapport des députés entre les mains de la justice. Les observateurs s’attendent à un premier signal fort de Ould Ghazouani qui devra changer l’équipe gouvernementale porteuse d’une feuille de route pour engager des réformes dans tous les secteurs en première ligne les départements fondamentaux, l’éducation, la santé et le social.

Pour la première fois depuis des décennies les mauritaniens ont l’impression d’avoir sous les yeux un gouvernement technocratique soucieux de résultats que la bonne parole.

Deuxième point positif auquel il faut ajouter un apaisement politique avec la normalisation des relations avec une grande partie de l’opposition et la réhabilitation des exilés mauritaniens dont le richissime Bouamatou. Par ailleurs le président soufi libère les prisonniers salafistes et réhabilite le centre de formation des Oulémas et l’Université Ben Yacine de Nouakchott fermés par Ould Aziz.

Mais au fur et à mesure de la mandature la nature reprend le dessus le nouveau président utilise les vieilles recettes de son prédécesseur avec les nominations monocolores dans les fonctions publiques, l’armée la gendarmerie, la garde et la police voire dans tous les rouages de l’Etat ravivant ainsi les frustrations des deux composantes nationales exclues de la république : les négro-africains et les haratines.

Une première année qui menace les libertés d’expression et de la presse avec des tentatives de verrouillage des réseaux sociaux et de menaces aux bloggeurs avec de nouvelles lois et de mise à l’écart de la presse indépendante. L’angle mort de cette première année du quinquennat c’est l’impunité qui fait toujours rage après une décennie de l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques.

Et les bonnes intentions de restauration d’un Etat de droit s’envolent avec des bavures de l’armée toujours impunies comme en témoigne l’assassinat du citoyen négro-africain Abass Diallo de la localité Wending en mars dernier par une patrouille de l’armée dans le département de Mbagne.

Cet incident tragique coïncide avec la crise sanitaire sans précédent provoquée par la pandémie de covid-19. Si le président Ould Ghazouani a bien réagi en élaborant un programme de résilience sociale et économique avec la création du fonds de solidarité sociale de 25 milliards d’ancienne monnaie soit 2milliards et demi nouvelle monnaie il n’en demeure pas moins des ratés dans la gestion de la pandémie.

Seules 30000 familles ont bénéficié d’une aide financière. Et l’aide alimentaire distribuée aux populations est d’une opacité que les ayants droits surtout dans quartiers populaires et à l’intérieur du pays ont été oubliés. Cinq mois après la crise de la covid-19 la situation n’est toujours pas maîtrisée et le pays devra faire face à la hausse des contaminations et des morts et en même temps le président devra réussir la sortie de crise pour ne pas hypothéquer les chantiers prioritaires de son programme quinquennal sur le social, l’éducation, la santé et l’agriculture.

Enfin la communication présidentielle au rythme d’une conférence de presse par an ne participe pas à la bonne image de la grande muette. Un bilan mitigé pour les observateurs qui attendent une rupture avec l’ancien régime de Ould Aziz et sa traduction devant les tribunaux ainsi que tous ses complices qui ont contribué au pillage des ressources naturelles du pays.

La période de grâce est terminée. Ould Ghazouani est appelé pour les quatre années à venir à revoir sa copie sur l’unité nationale et la cohésion sociale qui passent par le règlement du passif humanitaire.

 

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

 

(Reçu à Kassataya.com le 31  juillet  2020)

 

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