« Parasite » meilleur film aux Oscars, une victoire qui veut dire beaucoup

La victoire de « Parasite » et de son réalisateur Bong Joon-ho marque clairement une avancée dans l’histoire de la cérémonie des Oscars.

CINÉMA – Et de 1, et de 2, et de 3, et de 4 Oscars! Ce dimanche 9 février à Los Angeles, Bong Joon-ho et son film “Parasite” ont déjoué tous les pronostics. Si on s’était autorisé à rêver de voir le long-métrage sud-coréen auréolé du prix du “meilleur film”, il est également reparti avec ceux de “meilleur réalisateur”, “meilleur scénario original” et “meilleur film international”.

Depuis sa Palme d’or à Cannes, “Parasite” a remporté un franc succès auprès du public – près de 2 millions d’entrées en France et 35 millions de dollars au box-office mondial – mais voir le film sacré à la grand-messe hollywoodienne du cinéma n’en reste pas moins surprenant. C’est simple, c’est la toute première fois de l’histoire des Oscars qu’un film en langue étrangère remporte la catégorie reine du “meilleur film” – en 2012, “The Artist” du français Michel Hazanavicius avait bien remporté la statuette, mais le film était muet.

“Parasite” est avant tout un très bon film et Bong Joon-ho un très bon réalisateur. Après ”Memories of a murder”, “The Host” ou “Okja”, le Sud-Coréen signe là un long-métrage à la croisée des genres (de la comédie à la satire sociale en passant par le thriller), esthétiquement parfait et qui parle à toutes les générations. Pourtant cela ne suffit pas (toujours) à remporter un Oscar.

“Parasite”, un “emblème progressiste”

 

La vieille garde voulait sans doute que “1917” s’impose dans cette catégorie, en bon film de guerre anglophone, genre très apprécié d’Hollywood. En 1927 déjà, la toute première cérémonie de l’histoire récompensait d’ailleurs un film sur la Première Guerre mondiale. Le choix de “Parasite” à la place de l’œuvre de Sam Mendes marque une réelle avancée, fruit des efforts pour plus de diversité au sein de l’Académie des arts et sciences du cinéma ces dernières années.

Tourné en coréen et sous-titré, le film est porté par un casting 100% asiatique loin d’être mainstream à Hollywood et dont aucun des acteurs ou actrices n’est d’ailleurs nommé pour son jeu. Song Kang-ho, acteur fidèle de Bong Joon-ho (également dans “Le Transperceneige”) et héros de “Parasite”, est pourtant une figure de la Nouvelle vague coréenne.

“Les Oscars – et Hollywood plus généralement – ont toujours priorisé les histoires non blanches seulement lorsqu’elles racontent l’esclavage et autres horreurs”, précise Matthew Jacobs, journaliste cinéma au HuffPost américain. L’année dernière, c’est le portrait simpliste et réducteur de “Green Book” sur l’histoire du racisme aux États-Unis qui avait été préféré aux bien plus modernes “Roma”, “Black Panther” ou “La Favorite”.

Une lutte des classes universelle

 

Au-delà de cela, la victoire de “Parasite” prouve aussi la portée universelle du message sociétal du film. “Alors que la saison des remises de prix se déroule en même temps que le procès d’impeachment de Donald Trump, les 8469 membres de l’Académie ont opté pour un emblème progressiste: un film international qui pointe du doigt les inégalités de classe alimentant les divisions économiques à travers le monde”, écrit Matthew Jacobs

Dans “Parasite”, Bong Joon-ho raconte l’histoire d’une famille pauvre vivant dans un sous-sol miteux et humide qui parvient à s’incruster dans la vie d’une richissime famille installée dans une maison d’architecte. Sauf que tout ne va pas se passer comme ils l’avaient prévu. Un tableau de la lutte des classes teinté d’humour et d’horreur, dans la lignée de la carrière du réalisateur.

“Depuis qu’il réalise des films, il explore et suit l’idée de donner un aperçu de la société dans laquelle nous vivons. Je crois d’ailleurs que c’est l’instinct basique de tout artiste”, nous expliquait l’acteur Song Kang-ho au sujet du cinéaste.

À l’aune de 2020, voir Hollywood accepter dans sa famille ce film étranger, qui plus est dans une langue étrangère, est significatif. “C’est un film qui nous dit ‘regardez, si on continue avec des inégalités sociales si grandes, il peut résulter une explosion de violence’. Sa thématique touche le public américain de manière très particulière”, analysait Claude Vaillancourt, auteur du livre “Hollywood et la politique” pour Le HuffPost quelques jours avant la cérémonie.

Entre diversité et engagement politique, la quadruple victoire de “Parasite” ce dimanche marque indéniablement un bond en avant dans l’histoire de la cérémonie des Oscars.

 

Source : HuffPost (France)

 

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