Une kyrielle de langues dans un désert de cerveaux

Si vous parlez ou ne parlez pas, qu’est-ce que cela changera au monde ?

Ou moins loin au menu de vos familles ?

Entre nous, et franchement, est-ce vraiment un problème de langues nationales, d’arabe ou de français qui trouble tant votre sommeil ?

Si la langue de communication, qui permet de s’entendre dans un parlement, dont la principale, voire unique tâche est de parler, est prohibée, quel sera l’ordre du jour ?

Probablement rien de plus qu’ « ordonner » de se taire et paradoxalement « ordonner en français. »

Parfois on se surprend à imaginer un corps, sans tête, dont le cou à la fois robuste et pitoyable  est surmonté d’une multitude de langues qui se tordent dans tous les sens, comme ces reptiles qui coiffent la tête de la Méduse.

Citoyens : « Quels sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? ».

Quand vous êtes député, vous parlez au nom d’une région avec toute sa diversité de citoyens : soninkés, wolofs, maures, puulars. Ou bien êtes-vous là exclusivement au nom de l’ethnie, dont vous êtes issu et au diable le reste de vos électeurs ?

L’essentiel est-il de s’entendre, ou de s’exhiber, pour plaire aux tendances venimeuses qui déchirent impitoyablement les lambeaux de cohésion sociale qui résistent encore aux  crocs acérés des « politi-siens »?

C’est grave, parlementaires de Mauritanie !!! Ceci est une invite à la division manifeste à la dislocation sociale.

Quand nous étions au supérieur, de grands étudiants, négro-africains, des hommes mûrs, en général, puisqu’accédant par la voie professionnelle, nous empoisonnaient la vie avec ces slogans de « traduction ! Traduction ! » « Nos langues ! Nos langues ».

Ainsi, pour manger un morceau de viande ou avaler une gorgée de café, il fallait traduire le plat ou la tasse en quatre langues ou cinq, (si on compte celle de la mauvaise foi), avant de tromper sa faim ou étancher sa soif.

C’est à peine, si nous n’avions pas été amenés à designer cinq ou six imams (si on compte le responsable de l’hypocrisie) pour officier les prières.

Ces pauvres, avaient mal calculé : pensant que la manipulation les différences de ce peuple, pouvaient leur être bénéfiques,  ils ne savaient pas qu’en même temps ils aiguisaient le couteau qui leur tranchera la gorge. Ils offraient à leur vis-à-vis en  extrémisme et en extravagance, l’alibi de spolier la plupart de leurs droits dans leur propre pays.

Et comme  que souvent, et spécialement chez nous, la règle est invariablement, à diable, diable au carré, la riposte ne se fit pas attendre :

L’arabisation sans grand soucis de l’arabisation en elle-même, tourna et retourna les tripes de ce peuple au point de provoquer de très graves incidents, qui laisseront des traces sanglantes et indélébiles dans notre corps social.

Les gouvernements, s’ils ne trempaient pas dans cette pagaille néfaste, se contentaient de voir, d’observer, de soulever de temps en temps une paupière ou l’autre, façon de signifier que : « continuer ça ne trouble pas le sommet »

Beaucoup de nos dirigeants, dirigés par l’exclusivité de leurs intérêts personnels. Se sont limités à l’exploitation pure et simple de la défiguration et du démembrement de ce peuple.

Souvent cette peste n’était qu’une échelle stupide qui aide à mieux régner sur ces troupeaux déchainées, portés au rouge par des théories et des philosophies criminelles, qui du marxisme léninisme, au plus profond de l’intégrisme nationaliste ou religieux vont déchiqueter ce qui reste de la Mauritanie.

Suivez-moi citoyens : (je vais dire pour quelques minutes, au diable la modestie).

Je suis dans un pays totalement arabe, qui me paye pour enseigner le français à ses enfants.

Ils ne parlent pas de langues, ils parlent toutes les langues et drainent des corps enseignants de toutes les contrées du monde pour ouvrir les fenêtres très grandes du savoir, au lieu de se cloitrer dans les cloisons de l’ignorance.

Pendant plusieurs années j’étais adjoint de directeur dans la plus grande organisation du Koweït. Ma spécialisation était la langue française.

Ce qui ne ternit en rien ma mauritanité.

Je n’ai jamais commercé avec l’arabe, ou la religion.

Avez-vous vu que ma représentation de la Mauritanie s’est traduite par des villas, ou des V8 ?

Je sais que pour moi, musulman, l’arabe est sacré : langue du coran et des élus du Paradis. J’ai suivi exactement les recommandations du prophète de l’Islam Mohamed (psl) et en français, j’ai traduits des milliers de versets de corans de hadiths (en français). J’ai écrits des dizaines de biographies des Sahabas du prophète et des Tabiines (en français). Ces livres sont à leur énième publications et sont rependus dans tous les pays francophones et particulièrement africains, (en français). J’ai élaboré les programmes religieux au Koweït (en français), sur presque une vingtaine d’années. Ce travail était fait à l’intention de plus d’une cinquante de nationalités, qui viennent ici pour rapporter la religion du juste milieu chez eux (qui ne peut assimiler ces enseignements qu’en français).

Comment pouvais-je transmettre autrement les enseignements de l’islam en arabe à un chinois un américain, un russe, ou même a ces dizaines d’africains,  qui n’ont jamais parlé l’arabe.

Faut-il les exclure de la miséricorde de Dieu ?

Mais, essayer d’économiser la langue et d’utiliser la matière grise l’espace d’un instant.

Nous verserions alors dans le monopolisme religieux. Et dans ce cas les messages divins se transformeraient en marchandises aux mains de certain « lobbies ».

Ai-je plus obéi a l’envoyé de dieu, qui m’a ordonné بلغوا عني و لو آية :

« Transmettez mes enseignements, ne serait-ce qu’une « Aya ». »

Ou aurait-il mieux valu de me draper hypocritement dans ce manteau de la tricherie qui consiste à rejeter le monde, bien que je ne sois qu’un consommateur. Un pauvre consommateur, prédateur, qui ne produit absolument rien d’utile, pour cette humanité à part des pluies de salives, dont personne ne tient plus compte ?

Citoyen quand l’un de nos enfants noirs vous crie langues nationales, ou ethnie, soyez sûrs que derrière cette effervescence, il ne cherche qu’un intérêt politiques, ou matériel et qu’il se fou, comme de sa première chaussette de ce qui est « national ».

La triste exclusion des noirs mauritaniens, qui sont plus mauritaniens que tous les mauritaniens, n’est que l’un des fruits de ce choc des « élites », qui a tout mis sens dessus-dessous, au point que la pagaille s’est installée et que les droits et les devoirs se sont dissous dans la médiocrité de ce genre de système ou tout citoyen est écrasé sans état d’âme aucun.

Le devoir de toute autorité qui se respecte, reste donc, de mettre fin à cette hideuse image, qui a éclaboussé l’image de ce pays en même temps que  son équilibre.

Et quand un « moir » mauritanien, vous chante la symphonie de l’arabe, sachez que ceci porte préjudice à l’arabe, avant toute chose. Car répugner de la langue du saint livre est une autre forme de crime, non déclaré.

Cet activiste en faillite d’arguments, cherche à exclure son frère noir du gâteau ou pour l’inférioriser. Tout simplement.

N’écoutez plus ni l’un ni l’autre. Votre salut en dépend.

Les langues nationales ont été créées par Dieu. Elles resteront à remplir leur fonction jusqu’au jour du jugement. L’arabe est la langue de notre religion. Elle nous permettra de psalmodier nos sourates sacrées jusqu’au jour de la rétribution.

Le français, l’anglais, l’allemand, le chinois et d’autres langues encore, ne sont que des courroies de transmission qui nous rattachent au monde, en même temps qu’elles nous permettent de transmettre. Si nous avons quelque chose à transmettre, bien sûr.

La Mauritanie n’est pas comme les autres pays arabes mono ethniques. Nous sommes une société plurielle et au contraire, nous devons dire merci au français, qui permet à toutes nos composantes, pour le moment, de communiquer si elles n’ont pas le moyen de le faire en arabe, ou dans nos langues.

Si les mauritaniens, sans contrainte, décident d’arabiser leurs contacts internes, qu’ils prennent le temps de le faire moins brutalement. Si un jour nous réussissons à réaliser un système éducatif, qui permet de changer d’une situation à une autre.

La religion a été plus propagée et pratiquée dans les milieux « noirs » que chez les « moirs ».

L’assemblée nationale, qui a les problèmes de la faim, de la soif, des maladies, du chômage, de l’ignorance, des inégalités, des routes qui tuent, de la corruption maladive, des populations, croupissant sous les griffes de la misère chronique, un enseignement saboté par la multitude de réformes politiques coupables ; quand cette assemblée-là, se met à se griffer mutuellement les joues, pour parler dans une langue ou dans une autre ; c’est qu’elle  vous prend à la légère, et vous méprise … comme d’habitude.

Avant de tamtamer et youyouter à tout vent, réfléchissez à deux fois avant de choisir vos représentants. Vous roulez vers des abimes sans fond. Et croyez-moi beaucoup de ces chutes sont sans retour.

Aux jeunes : Si vous le voulez continuez à jouer cette comédie funeste. Mais soyez sûrs que les regrets amers sont à l’affut sur votre chemin, et que votre destin et celui de vos enfants, restera jalonné par les épines que vous cultivez aujourd’hui.

Aux nouvelles autorités : Encore une fois vous n’avez qu’un choix : soyez exceptionnels, rompez avec le mal traditionnel ; ou préparez-vous à rentrer dans les pages pas très propres de l’histoire de ce pays.

Ne craignez rien à part Dieu. Car ce peuple apparemment silencieux et inerte, a compris beaucoup de choses. Il connait tout et qui est tout le monde. Il sera à vos côtés dans toutes les situations, à condition que transcendant les petits pièges tissés depuis les indépendances, vos yeux, votre attention et votre intention, ne soient plus fixés que haut, très haut vers l’intérêt suprême de la nation.

Mohamed Hanefi

Koweït

(Reçu à Kassataya 06 Février 2020)

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