Moyen-Orient – L’Iran joue la carte du nucléaire face aux menaces de Washington

Téhéran a annoncé dimanche 5 janvier qu’il allait s’affranchir davantage de l’accord de 2015 sur son programme nucléaire et qu’il ne s’imposait plus de limites en matière d’enrichissement de l’uranium. Donald Trump a de son côté réitéré sa menace de s’en prendre à des sites culturels iraniens.

 

Alors que le monde entier redoute une déflagration entre Téhéran et Washington après l’assassinat du général iranien Soleimani, l’Iran a fait monter dimanche les tensions d’un cran en sortant l’atout nucléaire. La République islamique a annoncé ce qu’elle a présenté comme la “cinquième et dernière phase” de son plan de réduction de ses engagements en matière nucléaire, affirmant qu’elle ne se sentait désormais plus tenue par aucune limite “sur le nombre de ses centrifugeuses”.

“M. Trump a déclaré que le meurtre du général Soleimani vendredi visait à empêcher la guerre”, mais, de “de plus en plus, cet assassinat semble produire des effets qui se situent bien au-delà de ce que les États-Unis sont capables de contrôler”, y compris peut-être “l’avenir nucléaire de l’Iran”, a réagi le New York Times.

“Il est ironique que ce soit le meurtre de Qassem Soleimani qui finisse d’enterrer l’accord sur le nucléaire avec l’Iran”, remarque Ben Rhodes, ancien conseiller chargé de la sécurité nationale de Barack Obama, dans une analyse publiée sur le site de The Atlantic. “Sous la présidence d’Obama, nous avions estimé que Soleimani était opposé au [pacte sur le nucléaire] et qu’il considérait avec suspicion le ministre iranien des Affaires étrangères qui menait les négociations”, se souvient-il.

Une “certaine retenue”, malgré tout

 

Les déclarations de Téhéran signifient concrètement que la République islamique est désormais “prête à laisser tourner ses centrifugeuses nucléaires”, explique le journaliste américain Tim Lister dans une analyse publiée sur le site de CNN. L’Iran n’a toutefois pas exprimé son “intention de produire de l’uranium de qualité militaire”, remarque-t-il. Plusieurs experts interrogés par le journaliste estiment même que Téhéran a fait, en dépit des apparences, preuve d’une “certaine retenue”.

 

“Ils ont choisi de ne pas adopter une attitude plus agressive à la suite de la mort de Soleimani, comme le fait d’augmenter l’enrichissement de 20 %”, a expliqué à CNN l’ancien haut fonctionnaire américain Eric Brewer. “Ils se sont laissé une marge de manœuvre”. Désormais, la grande question “est de savoir si l’Iran va donner suite à cette annonce en mettant en œuvre plus de centrifugeuses”, ce qui, selon l’expert américain, “pourrait potentiellement le rapprocher du développement d’une arme nucléaire”.

Attaquer des sites culturels constituerait “un crime de guerre”

 

Quelques heures avant les déclarations de l’Iran sur le nucléaire, Donald Trump avait adopté un ton très dur contre Téhéran, menaçant le pays de représailles majeures en cas de “vengeance” de la République islamique après l’assassinat du général Soleimani. Le président américain a par ailleurs maintenu dimanche sa menace de détruire des sites culturels iraniens. “Ils ont le droit de tuer nos ressortissants […] et nous n’avons pas le droit de porter atteinte à leurs sites culturels ? Cela ne marche pas comme ça”, a-t-il lancé.

Ses menaces ont provoqué l’indignation aux États-Unis au cours du week-end. “De telles attaques constitueraient un crime de guerre en vertu de la loi internationale”, note le Washington Post.

“Les États-Unis sont signataires de la convention internationale de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé. La violer en menant des attaques contre des sites historiques iraniens représenterait un énorme revirement”, note le New York Times.

Source : Courrier international

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