Dossier FCFA : la Françafrique, un obstacle à la souveraineté monétaire de l’Afrique

Partie 2 : fonctionnement et  rôle du CFA dans les anciennes colonies françaises d’Afrique.

L’histoire retiendra que la plupart des territoires et des Etats de la zone -franc sont d’anciennes colonies de l’empire français majoritairement indépendantes dans les années 60. C’est le cas des pays de l’Afrique occidentale française (AOF) qui regroupait le Sénégal, le Soudan français devenu le Mali, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Niger, la Haute-Volta devenue Burkina Faso, le Togo et le Dahomey devenu Bénin. De l’Afrique équatoriale française ( AEF) qui comprenait à l’époque le Gabon du Moyen Congo devenu République du Congo, l’Oubangui-Chari devenu République Centrafricaine.

Et enfin l’Afrique française du Nord appelée souvent Afrique du Nord et plus politiquement aujourd’hui le Maghreb. L’Algérie, le protectorat français de Tunisie et celui du Maroc. Parmi toutes ces anciennes colonies certaines ou anciens protectorats ont choisi de ne pas conclure d’accords de coopération monétaire avec la France. C’est le cas de la Guinée de Sékou Touré qui a créé le Franc guinéen dans la foulée de son indépendance. C’est le seul pays dans cette zone subsaharienne qui avait dit non à De Gaulle en 58. Dans cette même lancée le Maroc en 59, de l’Algérie en 63. C’est aussi le cas du Mali qui a expérimenté pendant 22 ans une monnaie nationale avant de revenir au FCFA en 84.

 D’autres Etats comme la Mauritanie ou Madagascar ont quitté le FCFA pour créer leur propre monnaie respectivement en 72 et 73. Enfin deux états lusophones ont rejoint la zone franc d’Afrique centrale pour la Guinée équatoriale en 85 et le FCFA d’Afrique occidentale pour la Guinée Bissau en 97.

Dès sa création officiellement après 45 le FCFA ( Franc des colonies françaises d’Afrique devenu franc de la communauté financière africaine pour les états de l’union monétaire Ouest africaine (UMOA) et franc de la coopération financière en Afrique centrale (UMAC).

Importation du traité de Maastricht pointée par les observateurs

Le FCFA est introduit dans un système monétaire qui le lie presque à jamais avec le trésor français c’est-à-dire parité fixe avec le FF avant l’Euro aujourd’hui. Les pays de cette zone ont l’obligation de déposer 50 pour cent de leurs réserves de change auprès du trésor public français.

C’est ainsi qu’ils doivent respecter les règles de l’Union monétaire depuis 99. Autrement dit qu’ils sont tenus de respecter un déficit public inférieur à 3 pour cent du PIB comme en Allemagne ou en France sans quoi ils encourent à des sanctions soulignent les observateurs.

Une épée de Damoclès suspendu continuellement sur la tête des dirigeants africains qui ne peuvent en aucun cas partager le même niveau de ressources et de charges que la France pour fonctionner correctement. Cette importation des règles de Maasctricht sur les dépenses publiques de ces états membres du FCFA impacte sur le financement des politiques publiques.

 Les ressources fiscales étant faibles cela empêche de mener une politique économique sociale en faveur des populations les plus démunies. Les dirigeants africains sont ainsi contraints de financer leurs politiques publiques par l’aide publique au développement ou les prêts par les bailleurs de fonds le FMI et Banque Mondiale les deux gendarmes financiers auxquels ces pays ont recours pour négocier leur réajustement structurel quand ça va mal.

 Et on en arrive ainsi à la dépendance de ces états à la France pour boucler leurs budgets afin de payer les fonctionnaires. Une situation qui perdure depuis les indépendances et qui empêche ces états de bâtir des administrations solides et de mettre leur économie au service des populations.

Cherif Kane

Coordinateur journaliste

Suggestion kassataya.com :

Dossier FCFA : la Françafrique, un frein à l’indépendance économique de l’Afrique

(Reçu à Kassataya le 16 octobre 2019)

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