Présidentielles Mauritanie : Ould Boubacar le candidat malheureux de l’opposition

L’ancien premier ministre Ould Boubacar a surpris les observateurs en se déclarant très tôt comme le candidat consensuel entre la majorité et l’opposition. Une posture médiane qui a fait de lui et avec l’opposant mauritanien en exil le richissime Bouamatou les deux candidats chouchoutés par l’opposition en quête d’un candidat unique. Malheureusement cette tentative de sortir du cercle du FNDU s’est révélée plus nuisible que salutaire. Au final Ould Boubacar est investi comme candidat indépendant pour éviter le boycott de l’opposition et son implosion.

Ce résumé de la situation qui a conduit à une candidature ratée de Ould Boubacar pour représenter l’opposition mauritanienne est révélateur de l’enjeu du scrutin du 22 juin prochain. Le contexte d’abord est favorable à une alternance. Ce scrutin est probablement le dernier avant cette présidentielle où le chef de l’Etat sortant, Ould Aziz, ne briguera pas un troisième mandat et à un moment où le pays traverse une situation gravissime au plan économique et politique. C’est conscient de cette opportunité que l’ancien premier ministre Ould Boubacar a pris son courage à deux mains pour proposer à ses concitoyens toute son expérience sur la base d’un programme inédit qui se veut rassembleur et l’antipode du régime actuel.

Son credo qui consiste à apaiser les frustrations des composantes nationales exclues de la République est un signal envoyé à tous ses concurrents pour résoudre la difficile cohabitation qui remonte aux premières heures de l’indépendance. En choisissant son premier dialogue avec les jeunes du mouvement Hratin El Hor le candidat malheureux de l’opposition cible bien la communauté la plus pauvre du pays la plus ignorante et la plus opprimée par le régime de Ould Aziz avec laquelle elle signe un pacte pour appliquer dès son élection toutes les lois incriminant l’esclavage. Fin tacticien il va également séduire l’électorat afro-mauritanien avec un soutien des jeunes des quartiers périphériques de la Sebkha de Nouakchott.

Il partage cette question nationale notamment avec les candidats de la diversité Kane Hamidou Baba de la coaltion « Vivre ensemble », Ould Maouloud de l’UFP et Ould Abeid de l’IRA. Mais l’avantage de ce jeune technocrate c’est qu’il est soutenu par trois partis politiques dont le premier parti de l’opposition TAWASSOUL et deuxième force politique après l’UPR ainsi qu’une centrale syndicale et des mouvements citoyens. Même les religieux ne font pas exception. Un atout considérable malgré un lourd passé d’avoir servi deux anciens régimes dont le plus impopulaire et sanguinaire de Ould Taya, génocidaire et responsable de la plus grande déportation des Noirs en 89 au Sénégal et au Mali. Plus proche du système Ould Boubacar est le concurrent le plus redoutable de Ould Ghazouani. Il devra convaincre ses nombreux compatriotes qu’il a changé pour changer de régime si les électeurs lui font confiance dans les urnes.

Le plus difficile ce sera de s’attaquer à l’économie du pays qui connaît un état de dégradation avancée avec 5 milliards de dollars de dettes alors que la corruption au sommet de l’Etat atteint des proportions alarmantes avec un président qui devient en 10 ans le chef d’Etat le mieux payé du continent et le 8ème du monde. Le pire scandale de la république. Pas étonnant pour les observateurs qu’il s’agrippe au pouvoir comme la prunelle de ses yeux.

 

 

Cherif Kane

 

 

(Reçu à Kassataya le 03  mai 2019)

 

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