La candidature à la présidence de Ould Ghazouani focalise l’attention des observateurs pour deux raisons principales. La première l’ex-général et ex chef d’Etat-major des armées et ancien ministre de la défense est un candidat-élève désigné par Ould Aziz pour le succéder. La seconde il est le meilleur candidat du système pour reconduire le régime autoritaire instauré depuis 2009.
Et vu sous cet angle le candidat de la majorité n’aura rien à prouver pour accéder à la plus haute marche du podium le 22 juin prochain. Ould Ghazouani brise ainsi un tabou politique celui d’être choisi par un président sortant qui ne peut pas briguer un troisième mandat. Pour y arriver Ould Aziz a reconstruit un parti menacé d’un retour aux anciennes divisions. La politique a horreur du vide.
En s’appuyant sur des forces anticonstitutionnelles l’UPR a gagné largement les élections de septembre dernier confortant ainsi une majorité absolue au parlement. Cette avance notoire fait de Ould Ghazouani le candidat ultra favori de la CENI taillée pour reconduire un régime autoritaire.
Depuis son investiture l’élève suit les traces de son maître en utilisant d’abord les moyens de l’Etat un hélicoptère de l’armée pour une pré-campagne dans le sud du pays pour séduire les électeurs qui ont désormais le choix entre trois candidats sérieux de la Vallée Kane Hamidou Baba de la coalition « Vivre ensemble » et Ould Maouloud de l’UFP qui se veut candidat de la diversité et de l’unité nationale et enfin le candidat anti-esclavagiste Ould Abeid.
La promesse d’emblée de réconciliation nationale à cet électorat afro-mauritanien est un leurre comme son mentor l’avait fait après le putsch de 2008 en initiant des prières à Kaédi suivies de larmes de crocodiles pour effacer les crimes commis par le régime de Ould Taya contre les noirs de 89 à 91. Le candidat de la majorité va jusqu’à même soutenir la 6ème marche du Manifeste des Haratines cette semaine à Nouakchott. Une des vieilles recettes du régime de Ould Aziz pour berner l’opinion nationale en faisant croire à un Etat égalitaire. La promesse aux professionnels de la santé en grève constante ces dernières années d’inscrire leurs doléances dans son programme électoral est encore une fois une démarche démagogique qui s’inscrit dans le cadre de séduction tous azimuts des électeurs.
La listes des leçons déjà apprises est longue. Les observateurs ne sont pas dupes de cette candidature imposée par le président mauritanien dont le seul but est de montrer qu’il est toujours pilote de l’avion même s’il n’est plus commandant. La tenue du congrès de l’UPR après le 22 juin est significative à cet égard. Ce n’est pas une vue de l’esprit que d’affirmer avec un peu de transparence dans les prochaines élections cet agenda caché de Ould Aziz n’est que chimère.
Cherif Kane
Coordinateur journaliste
(Reçu à Kassataya le 02 mai 2019)
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