Trump signe un décret qui met fin aux séparations des familles de migrants

Le président américain Donald Trump a signé mercredi un décret mettant fin à la séparation des familles de migrants ayant franchi illégalement la frontière avec le Mexique.

 

«Je n’aimais pas voir des familles être séparées», a-t-il déclaré lors de la cérémonie de signature du décret, après avoir annoncé dans la matinée, dans un spectaculaire retournement, qu’il allait mettre fin à cette pratique qui lui a valu de très nombreuses critiques.

Depuis l’annonce début mai d’une «tolérance zéro» du gouvernement sur l’immigration illégale, plus de 2300 enfants et jeunes migrants ont été séparés de leurs familles, après leur arrestation à la frontière, fuyant, pour la plupart, la violence qui ronge l’Amérique centrale.

«Nous voulons que les familles restent ensemble. C’est très important», avait affirmé plus tôt le président américain lors d’une rencontre avec des élus républicains à la Maison-Blanche.

Cette volte-face a créé la surprise à Washington et à travers le pays: depuis plusieurs jours, la Maison-Blanche répétait qu’elle ne faisait qu’appliquer la loi et que seule une modification de cette dernière par le Congrès permettrait de mettre fin aux séparations si critiquées.

Selon le New York Times, le décret autoriserait la détention des parents et de leurs enfants ensemble sans limite de durée.

L’association de défense des droits civiques ACLU a déploré que cette crise que Donald Trump «a lui-même créée» ait causé «des dégâts irréparables pour des milliers de familles de migrants». Elle a par ailleurs jugé que le décret annoncé allait remplacer une crise par une autre: «Les enfants n’ont pas leur place en prison», a-t-elle martelé.

Griffin, pédiatre qui s’occupe depuis dix ans des enfants retenus à la frontière entre le Texas et l’État mexicain de Chihuahua, a raconté à l’AFP le désespoir des enfants séparés.

«Les enfants tendaient les mains à travers la clôture métallique, pleurant et tentant d’atteindre leur mère», a-t-elle relaté. «C’était horrible (…), des tout-petits et des bébés sont enfermés dans ces centres».

Le pape donne de la voix

Dans une certaine confusion, le chef de file des républicains à la Chambre des représentants, Paul Ryan, avait annoncé quelques heures plus tôt qu’il soumettrait au vote jeudi un projet de loi afin de résoudre la question du statut de ces jeunes sans-papiers.

«Avec notre loi, quand les gens seront poursuivis pour avoir franchi illégalement la frontière, les familles resteront ensemble pendant toute la procédure légale, sous l’autorité de la Sécurité intérieure», a déclaré le «speaker» de la Chambre basse du Congrès où les républicains sont majoritaires.

Le texte devra ensuite passer au Sénat où les républicains disposent d’une faible marge (51-49) avant d’être validé par le président.

Les images de ces milliers d’enfants en pleurs arrêtés puis placés dans des centres, divisés en cages grillagées ou dans des camps faits de tentes, ont fait scandale.

À New York, une chaîne de télévision a diffusé mercredi des images de cinq fillettes accompagnées d’adultes, parlant espagnol, marchant en pleine nuit vers un centre d’accueil du quartier de Harlem, suggérant que ces enfants sont placés incognito.

De nombreux responsables américains comme étrangers ont appelé le gouvernement à abandonner ces pratiques.

La première ministre britannique Theresa May a jugé «profondément choquantes» ces images «d’enfants détenus dans ce qui semble être des cages». «Ce qui se passe aux États-Unis est inacceptable», a affirmé le premier ministre Justin Trudeau.

«La dignité de la personne ne dépend pas de son statut de citoyen, de migrant ou de réfugié. Sauver la vie de qui s’échappe de la guerre et de la misère est un acte d’humanité», a également assuré le pape François sur Twitter.

Alors que Washington a annoncé un durcissement de la procédure des demandes d’asile, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a pourtant assuré sur Twitter que les États-Unis «continueront à aider les réfugiés les plus vulnérables, conformément aux valeurs profondes du peuple américain».

Thorbjorn Jagland, le secrétaire général du Conseil de l’Europe a pour sa part estimé que M. Trump n’était plus le «leader moral» de la planète et ne pouvait plus «parler au nom du monde libre», un langage qui tranche avec la réserve habituelle de cette instance chargée de défendre la démocratie et le droit sur le Vieux Continent.

 

Agence France-Presse
Washington

 

 

Source : La Presse.ca (Canada)

 

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

 

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page