Royaume-Uni : Scandales en rafale chez Oxfam

Déjà affaiblie par les révélations du Times vendredi dernier, l’ONG britannique Oxfam a connu mardi une nouvelle journée noire, avec de nouveaux témoignages d’abus sexuels, sur le terrain mais aussi au sein de l’organisation. 

Haïti et le Tchad n’étaient pas les seuls pays à subir les abus et dérives de certains employés d’Oxfam. Après une première enquête du Times la semaine dernière, une investigation de la chaîne britannique Channel 4 a révélé mardi que le Soudan du Sud et la Grande-Bretagne auraient également été le théâtre d’abus sexuels.

L’actrice Minnie Driver, ambassadrice de l’ONG, a claqué la porte mardi, “horrifiée” par les révélations, rapporte la BBC.

Helen Evans, directrice de la prévention interne à Oxfam entre 2012 et 2015, avait dénoncé en décembre 2014, dans un e-mail à la direction de l’ONG cité par Channel 4, “une culture d’abus sexuels au sein de certains bureaux d’Oxfam”. Elle se basait sur une enquête interne réalisée auprès de 120 personnes dans trois pays.

Parmi les personnes interrogées, entre 11 et 14 % “avaient assisté à un viol ou avaient été victimes de viol ou de tentative de viol”, dont quatre au Soudan du Sud, selon Mme Evans, interrogée par la chaîne britannique.

Elle a également révélé plusieurs cas d’agression de volontaires mineurs par des adultes dans les magasins Oxfam en Grande-Bretagne et dénoncé le fait qu‘“Oxfam ne vérifiait pas les casiers judiciaires” des adultes ayant la charge des jeunes volontaires.

Manque de réactivité

 

Dans l’interview, elle déplore également le manque de réactivité des instances dirigeantes de l’ONG, malgré ses multiples alertes.

Le directeur général d’Oxfam, Mark Goldring, a reconnu sur Channel 4 qu’il n’avait “pas agi assez rapidement” mais a néanmoins assuré avoir pris la question “au sérieux” et pris des mesures.

Mais des voix s’élèvent pour réclamer sa démission, à l’instar du parlementaire britannique Nigel Evans, qui déclare au Times : “Il fait partie du problème, pas de la solution. Laissons quelqu’un d’autre nettoyer l’organisation”. La directrice générale adjointe, Penny Lawrence, avait démissionné lundi.

Le Times, qui fut le premier lever le voile sur le scandale, a également révélé dans la nuit de mardi à mercredi que Roland van Hauwermeiren, l’un des agents ayant reconnu avoir eu recours à des prostituées pendant ses missions au Tchad et à Haïti, avait déjà sévi au Liberia avant de rejoindre Oxfam en 2006.

De 2002 à 2004, il était responsable de la mission de l’ONG Merlin à Monrovia, et selon l’un de ses collègues cité par le quotidien, son “mode de vie” y était “semblable à celui observé à Haïti”.

“Ceux qui s’étaient plaints auprès de Merlin de son comportement au Liberia ont été choqués de lire la semaine dernière que M. Van Hauwermeiren avait pu retourner dans le monde de l’humanitaire et rester en poste aussi longtemps”, écrit le Times.

Dans la foulée des révélations, le président haïtien, Jovenel Moïse, a dénoncé “une violation extrêmement grave de la dignité humaine”, tandis que le gouvernement britannique “a annoncé qu’il allait créer une unité pour enquêter sur les abus sexuels dans le secteur de l’humanitaire”, selon The Telegraph.

Ironie du calendrier, la disgrâce d’Oxfam s’est également étendue à l’Amérique latine, avec l’arrestation mardi de son directeur international, Juan Alberto Fuentes Knight, dans le cadre d’une enquête de corruption ouverte en 2015 au Guatemala, rapporte La Hora. À l’époque des faits, M. Fuentes Knight était ministre des Finances du président du Guatemala. Ce dernier, aujourd’hui ex-président, a également été arrêté avec une dizaine de ses anciens ministres.

Source : Courrier international

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