Les germes de la défaite

Avant, nous psalmodions : « Il n’y-a de Dieu qu’Allah. ».

 

A cette formule sacrée de l’unicité , de laquelle coule une source fraiche pour la paix des cœurs, semble se substituer de plus en plus, une autre plus en vogue et vraisemblablement plus encrée dans les âmes : « Il n’y-a de mandat que le mandat et la cupidité est son prophète. »

Le jeu de tous les jeux est de décrocher un « mandat » pour Gouverner.

 « Mandat » est le visage le plus résumé de l’argent, de la fortune, de l’influence, de la domination et de l’ascendance.

Le troisième, ou le quatrième mandat, prive les autres du tour de rôle constitutionnel de diriger. Et »anticonstitutionnellement », on peut user et abuser de tous les moyens, pour  se servir à son tour.

Essayons de voir le pourquoi et le pourquoi pas un troisième mandat secrète les folies, tari les salives et excite les tensions.

Pourquoi le président actuel doit-il tenir bon et que veulent ceux qui cherchent sa place.

Commençons par être d’accord, que personne  ne peut manger plus que la capacité étriquée de son estomac, ni ne pourra s’étendre, plus largement que sur une superficie dérisoire correspondant aux contours de sa silhouette.

Pourquoi tous ces hommes se bousculent-ils sur les marches du pouvoir ? C’est ce que je vais essayer de m’éclaircir et vous avec moi.

Une société périt inévitablement quand ses citoyens en arrivent à considérer que la survie de l’un est hypothéquée par la disparition de l’autre. Quand les concurrents politiques ou militaires s’affrontent férocement, non pour atteindre le meilleur, mais pour exceller dans la pire défaite du concurrent.

Le peuple peut bouillonner, comme dans une marmite, il ne sera jamais plus que la matière première, indispensable à ces épopées héroïques. Une arène basique pour ces gladiateurs endiablés du pouvoir. Une pauvre matière première, activée à l’occasion, pour servir antérieurement de proie aux caprices insatiables de ces boulangers de la conscience.

Les tribus prêteront aussi allégeance au plus fort. Leurs éléments resteront avec l’état, tant que l’état, soutienne et privilégie leur tribu.

Le dirigeant sera là. Il marquera la place de ses sceaux, et d’autres choses, comme font tous les seigneurs de la jungle.

A l’orée de cette phase le pays fera face à deux types de dirigeants aussi dangereux l’un que l’autre :

1-Le guide plus faible que la mission dont il est investi. Il dirigera le peuple et sera dirigé à son tour par un entourage, qui l’encercle et le cagoule. Sa porte fermée au peuple ordinaire, sera une procuration tacite, pour que le fort mange paisiblement le faible. Autour de lui tourneront les gens de l’avantage, rarement ceux du développement et de l’architecture.

2-Et le monarque au pouvoir excessif et brutal, dont l’ambition personnelle,  et la destination égoïste, éclipsent et annulent l’intérêt  général. Il œuvrera à ce qu’aucune goutte de pluie ne tombe hors de ses magasins, et que le plus fier d’entre les sujets, sente, qu’il n’aura, ni ne sera jamais rien, sans lui.

Sa cour rira d’elle-même, pour gagner sa satisfaction. Elle se prosternera à ses pieds en adoration. Et le pauvre ne se rendra compte que bien tard que ces genou-flexions exagérés et ces formules mielleuses ne lui étaient pas destinées, mais caressaient la fortune dans sa main ou la crainte de la riposte redoutable de sa main.

La principauté et la gouvernance, c’est aussi un peu d’hypocrisie, un rien de mensonge,  des convoitises,  des torts, des complots, des machinations, des fitnas, des intrigues et des tas de trucs sans début ni fin, qui effrayent la morale et que seuls les connaisseurs en politiques savent manier à pas feutrés, pour que seuls soient cassés les œufs qu’ils désirent qu’ils soient.

Ceci n’est un index, ni une accusation contre personne, mais le théorème général de l’un des malheurs de l’Homme, depuis qu’il n’a retenu de la foi que le privilège de la tribu, la distribution du butin et l’adoration du statut de son moi.

L’amour du pouvoir et de la domination, tue les bonnes manières et l’humanité.

Nul n’est connu, avant d’être mis à la vraie épreuve. Le calife Omar (rad) a dit : « Ne les appréciez ni par le jeun, ni par la prière, mais éprouvez-les par la fortune. ».

Je prie pour que nous ne soyons pas tous recalés, ici-bas dans cet examen-là.

La Vrai puissance est la force de la Vérité.

L’histoire nous apprend que les mauvais guides, dans leurs chutes, entrainent et détruisent les nations avec eux. Ils dépensent leur vie à tisser un filet autour de leurs peuples, sans conscience que ses maillent entourent leur propre destin. Fatalement.

On est en plein droit de se demander, comment dans des peuples de si « fervents musulmans », les hommes se bousculent avec une si sauvage férocité sur les marches du pouvoir.

Les « Sahabas » du prophète (psl), étaient  drainés par la force des bras et des épaules, pour diriger une prière ? Ils avaient peur de s’engager dans une responsabilité, dont le poids casse les colonnes vertébrales les plus solides.

Consternante comparaison avec les auto-proclamés « savants » et « sachants », d’aujourd’hui, qui écrasent les assistances, créent les dissensions, jettent les gens, les uns sur les autres, inventent des ennemis extérieurs,  rien que pour prendre la première places dans un lieu, d’appartenance exclusive à Dieu, et où ils se réclament des prophètes.

A chaque fois qu’un homme convoite le pouvoir, il inventera un hadith, créera un parti politique, se trouvera une « noble » origine (photo douteuse en noir et blanc à l’appui.), s’investira d’une prophétie, ou d’une opinion « révélée », parfois même d’une voix, qui lui est adressée du Ciel, pour s’asseoir sur un fauteuil.

Il rassemble les naïfs autour de lui et se lance dans ses folies, dont la première commencera par enfermer ses adeptes dans Son hôpital psychiatrique.

Le but invariablement et invraisemblablement est le même : que le fiasco et les appétits du plus fort, gonfle l’impôt du plus faible.

Où est ce principe des « Sahabas », qui stipule que le faible sera fort, jusqu’au recouvrement intégral de ses droits et que le fort restera faible, jusqu’à la restitution complète de ce qui ne lui appartient pas ??

Quelle serait l’injustice et l’imposture, si elles ne sont celles-là ??

وَمَنْ أَظْلَمُ مِمَّنِ افترى عَلَى اللَّهِ كَذِبًا

Les jeunes génies s’appliquent à se positionner, mais les vieilles ténacités aussi.

Pourtant l’expérience montre que les hommes de l’ancien pacte ne sont pas « raccommodables », pour les nouvelles époques.

Comme elle est affligeante, cette image de vieilles volontés, qui dépensent leur teste, restant d’énergie à planter des barres de sel dans les marécages de la pagaille pour récolter des betteraves.

Et comme elle est plus honteuse cette effervescence de jeunes énergies, qui se concertent, se réunissent, promettent et dissertent, se tuant à s’investir pour que  tout un peuple, serve de calices à abreuver leurs lèvres maculées de mensongères promesses.

Les hommes se dévoilent devant les épreuves. Et ce sont les épreuves qui tracent la cartographie de la conscience du  dirigeant.

Tout le reste n’est que bulles publicitaires et poudre dans les yeux …et dans les oreilles.

Quand sur un territoire la course au pouvoir, n’est qu’un prétexte, pour réaliser les rêves de l’ « l’avoir », quand les mauvaises graines de l’envie, de la haine, de la concurrence perverse, pour le control du trésor public, de la terre et de l’influence, la semence ne peut être que des mandats suspects. Un complexe immoral, miroitant le Paradis, pour masquer le visage des Enfers.

Le peuple est diverti par son trauma sa misère et son ignorance.  Les mandats, comme leurs mandataires ne le concernent nullement. La recette lui est inconnue et le met lui est interdit. Les dynasties lui ont tellement râpé le dos qu’il en est devenu insensible.

Ce peuple reste cependant une  responsabilité brulante dans les mains tendues pour l’exploiter. Et ils en rendront compte. Souvent, ici-bas, avant la résurrection.

Gare à la précession du destin sur la prudence.

و ما تدري نفس ماذا تكسب غدا و ما تدري نفس بأي أرض تموت.

« Nous avons proposé la responsabilité aux cieux, à la terre et aux montagnes. Ils ont refusé de la porter, et en ont eu peur. Alors que l’homme s’en est chargé, car il est injuste et ignorant. » coran 33-72.

Comme la Mauritanie est loin de nous! Et comme nous sommes si près d’elle !!!

Elle ne nous a pas averti de la rançon faramineuse que nous allions payer, pour notre entrée sonore et mouvementée dans les temps modernes, la politique, la démocratie et les comptes en banque.

C’était comme une ruse piégée. C’était comme nous faisions, pour prendre ces oiseaux sauvages, qui peuplaient nos campagnes et que nous avons décimés sur les canons de nos armes sophistiquées.

 Eux ont gardé la tradition : Ils sont restés « oiseaux ». Ils n’ont appris ni à mentir, ni à tromper ni à trahir…

Ceci valait-il la peine ? Ceci en vaut-il la peine ?

La réponse est auprès du Très Haut.

 

 

Mohamed Hanefi

Koweït

(Reçu à Kassataya le 9 février 2018

 

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