Le statut social détermine-t-il notre générosité?

Croire que l'on mérite ou non son «rang» peut faire toute la différence.

L'idée reçue, c'est que les gens de la haute se la pètent sec et considèrent peu ou prou leurs congénères comme du bétail. En réalité, si on en croit une dense étude menée par Nicholas Hays et Steven Blader, chercheurs en management à l'université d'État du Michigan et à l'université de New York, les individus d'un niveau social élevé ne sont d'imbuvables égoïstes uniquement quand ils estiment avoir mérité leur rang. Ceux qui souffrent du complexe de l'imposteur et ne se croient pas dignes de leur prestige savent, eux, faire preuve de générosité. Et même beaucoup.

«Les effets du statut social sur la générosité sont contingents du mérite perçu, explique Hays, c'est-à-dire que les individus d'un rang élevé ne se comportent pas toujours de manière égoïste, comme l'observent de très nombreuses études, mais que cela dépend s'ils estiment ou non mériter leur position.»

À la faveur de six expériences –dont l'une grandeur nature menée pendant six mois sur plus de 250 étudiants en MBA–, les scientifiques concluent que la générosité accrue des privilégiés honteux vient notamment du fait qu'ils voient leur statut comme une injustice, et se montrent ainsi plus altruistes pour tenter de rééquilibrer la donne, si ce n'est pour soulager les tiraillement de leur mauvaise conscience. À l'inverse, ceux qui pensent le respect et l'admiration de leurs pairs comme un dû n'ont aucun problème à faire de la loi de la jungle leur seul et unique principe existentiel.

Un autre élément d'originalité de cette étude, c'est qu'elle distingue le pouvoir –relatif à la quantité de ressources possédées et contrôlées– du statut, déterminé par le degré de respect qu'un individu est susceptible d'inspirer à autrui. Dans le travail de Hays et Blader, le pouvoir est lui aussi corrélé à l'égoïsme, indépendamment des notions de justice et d'équité. Ainsi, plus une personne statutairement avantagée gagnera en pouvoir, plus elle aura tendance à mépriser son monde.

Repéré par Peggy Sastre

 

Source : Slate

 

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