S.O S Nouakchott

Quoi que diront nos hautes autorités, elles sont en train d’être dépassées par la détérioration de la ville de Nouakchott. En effet, la capitale du pays est bel et bien menacée de disparition.

Exception faite de quelques rares maisons situées dans de rares zones élevées, la quasi-totalité de la ville est dans les eaux. Eaux de pluies, eaux stagnantes, mais aussi eaux de mer, la ville étant située sou le niveau de l’océan.

Quoi que diront nos hautes autorités, la vérité saute aux yeux : leur absence, leur inertie et leur passivité déconcertante face au drame qui menace des centaines de milliers de familles qui ont tout investi sur place.


Face à cette inertie, tout semble indiquer que nos Autorités sont en cours d’idées et d’innovation. Elles devaient réagir il y a fort longtemps après que les menaces soient perçues pour un tel état de fait. En vain ! Aujourd’hui, mises devant le fait accompli et ne sachant plus quoi faire, elles tournent la tête ailleurs, pour ne pas voir la vérité en face.

La vérité en face, c’était ces milliers de maisons inondées, à Sebkha, El Mina, Socogim, Dar Naïm ; des milliers de familles en errance, ou qui partagent leur domicile avec des eaux stagnantes, et qui ne savent plus quoi faire.


La vérité en face est insupportable, c’est ce drame collectif des milliers des nôtres qui sont obligés de passer hors de leur demeure, pour éviter que l’effondrement d’un mur, le cas échéant, la chute d’un câble électrique mal connecté, ne les emporte durant leur sommeil impossible.

La vérité en face, c’est aussi cette indifférence générale du gouvernement et des Autorités politiques, qui s’emploient dans la construction effrénée de trottoirs dans le centre-ville de la capitale, alors que l’urgence est ailleurs.


Le fait extraordinaire est que nul, dans la gouvernement, n’ignore la situation des laissés pour compte, mais aussi, la menace qui pèse sur Nouakchott, du fait de la seule puissance des eaux. Jusque l’heure, aucun membre du gouvernement n’a pas été au chevet de ses concitoyens sinistrés. Tous semblent occupés ailleurs, dans des réunions politiques si ce ne sont des campagnes de sensibilisation pour un dialogue qui n’aura jamais lieu !

Au fond, il s’agit là d’un refuge tout trouvé pour eux de ne pas avoir à lever la tête et entendre les complaintes des milliers de familles qui les interpellent sur toutes les chaines et radios privés de la place, les suppliant, dans toutes les langues du pays, de regarder vers leur calvaire et de leur apporter ce que tout un Etat qui se respecte se doit d’apporter à ses citoyens dans de pareils cas de détresse. Mais, jusque l’heure, rien ne se passe. Rien ne se passera. Personne n’ira au-delà des moyens dérisoires déjà existants ; des citernes de pompage d’eau et des camions chargés d’ensabler des artères cibles. En fait, ces moyens sont, maladroitement déployés et mal utilisés sur le terrain.

Dans la gestion de la souffrance, les passe-droits et le trafic d’influence jouent à fond. « Nous sommes en Mauritanie » diront, fatalistes, les pauvres qui n’ont personne pour faire bouger les choses en leur faveur et à leur direction ! De la mobilisation générale des moyens de l’Etat au plus vite pour canaliser le désastre, on aura rien vu.


Par contre, nous avons surtout vu des hauts fonctionnaires qui livrent une guerre byzantine contres les hommes politiques de l’opposition. Nous avons vu des ministres sillonner les régions du pays pour diaboliser l’opposition accusée d’être à l’origine de tous les maux de la Mauritanie, du simple fait qu’elle ait refusé d’aller au dialogue sans préalables. Nous avons vu des tenants du pouvoir qui bradent le patrimoine de l’Etat et qui dans sa quête du gain, va jusqu’à puiser des fonds pourtant destinés aux générations futures.

Ne parvenant pas à apporter une réponse concrète, fiable et convaincante dans la gestion de la catastrophe, le Président de la République lui, continue à faire porter aux autres, notamment à ses prédécesseurs, le manque de canalisation, occultant sa part de responsabilité dans ce qui se passe maintenant sous ses yeux dans les quartiers qu’il a lui-même lotis et qui risquent de connaître le même sort que les anciens quartiers de Nouakchott. Encore une fois, le président a été maladroit. Ou plutôt, il ne maitrise pas son sujet.

Quoi que diront nos hautes autorités, le peuple regrette les deux civils qui ont eu à diriger ce pays. Il regrette surtout l’ingéniosité d’un certain Moktar Ould Daddah, le sens de compassion et d’humanisme d’un certain Sidioca. Chacun de ces deux présidents avait marqué sa solidarité agissante avec la ville de Nouakchott quand l’un et l’autre, pendant leur magistère, avaient engagé des actions pour la réhabilitation de la capitale.

 

Amar Ould Béjà

 

Source : L’Authentic.info

 

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