Fatimata Mbaye reçoit la médaille d’or de la Ville de Grenoble

Evénement de la vie du barreau grenoblois, la rentrée officielle s'est déroulée au palais de justice le 16 octobre, sous les yeux du bâtonnier, du bâtonnier élu (Me Samba-Sambeligue), des jeunes avocats inscrits, et d'un large panel de représentants de toutes les professions juridiques.

C’est sous la présidence de Me Mathieu, bâtonnier du barreau de Grenoble que s’est tenue la rentrée officielle. Comme le veut la tradition, cet événement organisé tous les 2 ans, accueille les jeunes confères entrés dans la profession, et des invités d’honneur prestigieux.

L’esprit festif de la soirée n’a pourtant pas gommé le climat d’inquiétude qui règne sur la profession d’avocat depuis plusieurs mois. La loi Macron et l’aide juridictionnelle s’étaient également invitées dans les discours, et dans les rangs, où certains membres du conseil avaient conservé leur rabat jaune citron, en signe de grève et de mécontentement. Les discours de Me Mathieu, et de Me Pascal Eydoux, président du conseil national des barreaux, ne masquaient pas l’hostilité envers les réformes dictées par Bercy.

« La profession est indivisible et elle doit le rester », commence le président du CNB (comme un écho, Me Arnaud Mathieu terminera son discours par : « la meilleure arme des avocats reste leur unité »). Car en prélevant des fonds dédiés à l’aide juridictionnelle, l’Etat met les avocats en colère : « nous ne sommes pas en état de dépendance et nous n’accepterons pas d’être la première profession à payer pour exercer son métier.» Les conclusions de Me Mathieu n’étaient pas plus positives. « L’Etat a jeté l’opprobre sur des professions qui étaient ouvertes aux discussions », a lancé le bâtonnier de Grenoble. Et de citer l’incompréhension de voir sa profession gérée par le ministère de l’Economie et non par celui de la Justice, les actions de groupes qui donnent trop de place aux associations de consommateurs en réduisant le rôle de l’avocat, le non accès au dossier durant les gardes à vue, et évidemment, la réforme de l’aide juridictionnelle. « Il est plus simple pour le gouvernement de s’en prendre aux avocats qu’aux assurances de protection juridiques qui font un résultat de 800 M€ pour un chiffre d’affaires d’un milliard », ajoute-il avant de conclure : « ces atteintes m’ont blessées personnellement, moi qui ai toujours estimé être au service de la Justice, […] le premier devoir de l’avocat restera toujours d’être exemplaire. »

Fatimata Mbaye force le respect

Bien loin de ces préoccupations, le parcours de l’invité d’honneur, Fatimata Mbaye force le respect. A 56 ans, l’avocate mauritanienne traîne derrière elle un parcours lourd, porté à force de volonté, de courage et de besoin de justice. Mariée de force à 12 ans, émancipée, première femme avocate inscrite au barreau de Nouakchott, emprisonnée et torturée 5 ans durant pour avoir pris position contre les discriminations et le trafic d’êtres humains, elle est aussi la première personne venue d’Afrique à recevoir le prix international des Droits de l’Homme de Nuremberg (1999). Plus tard (2012), elle reçoit des mains d’Hillary Clinton, le prix américain « Traffcking in persons report ». Aujourd’hui, elle ajoute à son parcours d’être la présidente de l’association mauritanienne des Droits de l’Homme. Sa mission : défendre, accompagner, soulager les « sans voix ». « Défendre ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un avocats ». « Enfiler la robe, c’est aussi éclairer la société », résume-t-elle en une phrase.

A la suite d’une standing ovation, Fatimata Maye recevait aussi la médaille d’or de la Ville de Grenoble, des mains d’Eric Piolle.

Caroline Thermoz-Liaudy

 

Source : Lessor (France)

 

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