L’attaque de la diligence saoudienne était presque parfaite

Le Quai d'Orsay a redouté l'incident diplomatique. Un prince saoudien en goguette dans la capitale qui se fait détrousser de plusieurs centaines de milliers de dollars en espèces, de montres de luxe et de bijoux de grande valeur, alors qu'il se rend paisiblement à l'aéroport du Bourget, voilà qui fait désordre.

 

D'autant plus que l'Arabie saoudite apparaît désormais comme un partenaire privilégié de la France.

Neuf mois après le braquage, le 17  août  2014, porte de la Chapelle, à proximité de l'entrée de l'autoroute A1, d'un convoi de berlines de luxe affrété par la société Alizé Limousines pour le prince Abdel Aziz Ben Fahd, les policiers ont interpellé douze personnes. Une treizième est en fuite. Six d'entre elles devaient être présentées aux juges, vendredi 22  mai, pour être mises en examen et incarcérées.

En plein jour, l'équipe de braqueurs, cagoulés, armés et… bien renseignés, avait immobilisé l'une des Mercedes du convoi comme une vulgaire diligence avant de saisir leur butin, puis de prendre la fuite à bord de grosses BMW. Tous ont nié leur participation, sauf un – 35  ans, quatorze condamnations inscrites au casier judiciaire.

L'équipe de braqueurs était composée d'amis de Pontoise et de Saint-Ouen-l'Aumône et de complices rencontrés en prison, à la maison d'arrêt de Nanterre, notamment. Tous étaient " connus des services de police " pour des escroqueries, des braquages ou du trafic de stupéfiants. Des informations, dont les enquêteurs pensent qu'elles pourraient avoir été fournies par un ancien salarié de la société de location de limousines, sont venues concrétiser leur envie d'argent facile.

Le crime aurait été presque parfait si la police judiciaire de Versailles n'avait mis en place une surveillance des membres de cette équipe depuis un petit moment. Elle les avait ainsi observés effectuer des repérages à l'Hôtel George-V, à Paris, où résidait le prince, ainsi qu'à l'endroit où les véhicules ayant servi au braquage ont été incendiés. Sans comprendre ce qui se tramait.

Neuf mois plus tard, le butin a été écoulé. Lors des perquisitions, 40 000  euros en liquide ont été retrouvés chez l'un des mis en cause. Le prince, lui, n'a pas perdu le sommeil. Après le braquage, il est parti à Ibiza faire la fête et n'a pas jugé utile de porter plainte, à la différence de trois membres du convoi, parmi lesquels un attaché du protocole de l'ambassade d'Arabie saoudite. L'incident diplomatique s'est envolé avec le jet princier.

Simon Piel

 

Source : Le Monde

 

(Photo : © Rabih Moghrabi, AFP | Le prince Abdel Aziz Ben Fahd, en 1998 – Source : France24)

 

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