Mauritanie : Dites-vous, la lutte contre la gabegie et la corruption n’est pas un slogan? Allons y voir les faits:

En Mauritanie, par la voix du général Mohamed Ould Abdel Aziz alors candidat à la présidence de la république -après son coup d'Etat contre un pouvoir démocratiquement élu- il y a sept ans, puis devenu quelques mois plus tard président de la république s'engageait à lutter contre la gabegie et la corruption et depuis, il ne cesse de répéter cet engagement à chaque occasion.

Les faits: depuis cette date que constatons-nous? Chaque année qui passe, la Mauritanie ne cesse de progresser de plusieurs échelons-peu enviables- dans le groupe les pays les plus corrompus du monde, pour se retrouver au jour d'aujourd'hui, dans le classement fait par Transparency International au 124ème rang des pays les plus corrompus sur 177? Lorsque le Président de la république, premier magistrat du pays, refuse d'appliquer la loi qui l'oblige à publier son patrimoine et ceux de ses enfants mineurs, alors, lui président de la république, que peut-il dire aux autres qui puisse être entendu ou compris? quels signaux ou quels messages envoie-t-il aux corrupteurs, aux corrompus et aux prédateurs des deniers public? Même si on sait désormais que le président candidat à sa propre succession est devenu pauvre en 2014 – propos tenus à Néma pendant la campagne électorale de 2014: "je n'ai rien, je n'ai qu'une foreuse qui fore des puits pour les pauvres".

Et même si on savait aussi qu'il était très riche en 2009, pendant sa campagne électorale 2009 il avait déclaré (à Aleg) qu'il était très riche. Comme quoi depuis le règne du "président des pauvres" la pauvreté est devenue une méthode gestion qui ne l'épargne pas non plus. Lorsque les 50 millions USD de don de l’Arabie Saoudite disparait sans laisser de trace, et le Parlement, seule autorité habilitée à autoriser les dépenses publiques, n'a jamais été saisi au sujet de ce don, quelle forme de gouvernance on instaure ou on insuffle dans le pays? Lorsque l’Etat promet à tous y compris les bailleurs de fonds -lette au Fmi- qu’il ne mettrait aucun ouguiya dans le troc pour la construction du nouvel aéroport -méthode illégale- exceptés environ 25 millions Usd pour les équipements sécuritaires, et que par la suite il concède à la société Najah, par le biais de la Snim, 15 milliards d’ouguiyas, pour un aéroport qui devrait être livré depuis 2013 et qui est encore en stade de chantier au jour d'aujourd'hui – décembre 2014- Quel message a-t-il envoyé au reste des services publics?

Rappelons que Le conseil des ministres du jeudi 13 octobre 2011 avait approuvé le projet de construction d’un nouvel aéroport à Nouakchott, et commentant cette décision, le ministre de l’équipement et des transports, de l'époque et l'actuel premier ministre M. Yahya Oyld Hademine, avait affirmé que la réalisation de ce nouvel aéroport débuterait dans deux mois et que la fin des travaux étaient attendus 24 mois plus tard, c'est-à-dire dans un délai de 2 ans. Et de fait dimanche 28 Novembre 2011 le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, avait donné le coup d'envoi des travaux dans le cadre de la célébration du 51ème anniversaire de l'indépendance nationale. Lorsque la presse a révélé par exemple "qu'une opacité entoure le sort de 40% du budget du ministère du commerce de l'industrie, de l'artisanat et du tourisme Mauritanien pour l'année 2013, cette moitié, ou presque, du budget a été consommée au cours des trois dernières semaines et les motifs de cette dépense sont inconnus.

Le trésor avait annoncé le 12/12/2013 que ledit ministère avait consommé 54% pour toute la période écoulée de l'année 2013 avant d'annoncer de nouveau que la consommation a atteint 98%. Le sort de ce montant, dépensé en l'espace de 18 jours, suscite les interrogations, notamment quand on sait que le premier responsable du département, Bamba Ould Dermane, était absent durant cette période, officiellement candidat à la députation dans la ville de Rosso (sud de la Mauritanie)". Les autorités judiciaires ont-elles ouvert une enquête pour savoir les tenants et aboutissants? Et puis les révélations de la presse sur les 200 millions USD de la transaction Senoussi, l'ancien directeur général de la sûreté de Khadafi, que les autorités mauritaniennes ont livrer aux nouvelles autorités de libyenne moyennant une rançon de 200 millions de dollars US. Quelle image ont-elles livré aux mauritaniens et au reste du monde sur ce pays, la Mauritanie?

D'ailleurs on vient d'apprendre que Sara Senoussi, fille de l’ancien chef des services secrets libyens sous Kadhafi, Abdallahi Senoussi, aurait déclaré qu’une plainte est en préparation contre de hauts responsables mauritaniens, dont l’actuel Chef de l’Etat. Ces dernières semaines la presse révèle des faits rocambolesques, le cas de l'ancien colonel de la marine nationale Cheikh Ould Baya, qui aurait dit, "qu’il gagnait trois à quatre milliards d’ouguiyas par ans, lui et son équipe. Et légitimement, en plus. Et c’est la loi de la République Islamique de Mauritanie qui lui accorde cette faveur. 48% sur les amendes collectées auprès des bateaux des ‘’nçara’’ – pour dire européens et autres nationalités – en situation d’infraction. Depuis dix ans". Si la lutte contre la gabegie et la corruption n'est pas un slogan creux, pourquoi à ce jour aucune enquête n'a été diligentée pour éclairée l'opinion, en particulier sur ce décret qui peut permettre à un fonctionnaire de se procurer de 48% des deniers publics?

Nous pouvons continuer ainsi sur les affaires révélés dans la presse et la liste est très longue: des affaires liées aux trafics de drogues en passant par des enregistrements; la création de dizaines d’établissements publics sans autres objectifs que celui d’offrir des postes et des avantages aux proches et aux laudateurs du régime; La création de villes fantômes au moment où nos grandes agglomérations, notamment la Capitale, sont dépourvues des infrastructures élémentaires qui garantissent leur viabilité et leur sécurité; La passation de marchés de gré à gré par dizaines, portant sur des centaines de milliards d’ouguiyas, au profit des proches et de la parentèle, en dehors de toute procédure légale et de tous les critères de transparence est devenue une pratique courante dans le pays ; le marché de l'aéroport est sur ce plan éloquent,( voir le détail tout ça dans un document publié par le FNDU). Pour toutes ces affaires en aucun moment le pouvoir public n'a saisi la justice, et la justice non plus n'a pas cherché de savoir ce qui se passe. Peut-on encore prétendre après tout ça, que la lutte contre la corruption et la gabegie n'est pas un slogan même creux?

Marega Baba/France.

 

(Reçu à Kassataya le 14 décembre 2014)

 

 

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