4 visages qui m’ont marqué ces dernières 24H…

On voit de tout dans ce pays mais de moins en moins de gens vraiment heureux comme on peut l’être quand on a ce qu’on veut et qu’on n’en veut pas plus. Nouakchott est une ville stressante, une ville où tout le monde court à la vitesse d’un trader de la City, le rendement en moins et l’énergie dispersée dans le vide en plus.

L’autre jour, par hasard, j’écoutais sur le net une émission de RFI, 60 millions d’amis ou 40 millions de voisins, je ne sais plus. La charmante Laura Martel parlait de Nouakchott et soudain, on reconnaît la voix de notre ami Aboubacar qui dit une chose très juste. Il rappelle qu’on entend tout le monde à Nouakchott dire je suis d’Atar, de Kaédi ou de Chnénivate mais jamais de Nouakchott. De là cette ville qui semble n’avoir personne pour s’en soucier vraiment car chacun semble être d’ailleurs.

Vivre à Nouakchott semble être juste une obligation comme une peine de prison où il faut bien gagner sa vie. Alors tout le monde vaque à ses occupations en se disant que chacun est d’ailleurs. On se demande d’ailleurs si le fait que Nouakchott soit l’héritage par excellence de Daddah comme  Capitale ne soit une raison de sabotage de la part de ceux qui ont tout saboté depuis un certain coup d’Etat.

Pouvait-on donner une chance à Nouakchott ? Nouakchott a payé et paye encore d’être une ville sans protecteur, sans personne pour défendre Nouakchott, sans quiconque pour dire : « je suis de Nouakchott ».

Eh ! bien disons-le ! Moi,  je ne suis pas de Boutilimit ni de Rachid ou de Guérou, je suis de Nouakchott !

Finalement, nous ne sommes pas si nombreux, ceux qui ont connu Nouakchott d’avant… Nouakchott d’avant l’invasion, Nouakchott d’avant la saleté et le chaos. Il faudrait peut-être que ces nouakchottois-là, de notre génération et de celle d’avant se réunissent pour voir ce qui peut être fait pour défendre Nouakchott car cela fait du monde et ce monde-là n’est pas, comme nous, n’importe qui.

Dans ce Nouakchott, j’ai vu aujourd'hui 4 personnes qui avaient la tête de gens parfaitement heureux à cet instant :

D’abord à l’ambassade des USA, j’ai découvert le sénateur de Rosso, que je ne connaissais pas jusqu’à son nom dont j’ignore toujours tout. Il était là, comme moi, faisant le rang en attendant de passer l’interview avec le consul. Soudain entre un maure d’un âge respectable, accompagné par un négro-mauritanien qui semblait lui faciliter les formalités. Ce n’était clairement pas n’importe qui. Il dit bonjour et s’installa comme tout le monde. Tout d’un coup, un homme se lève, s’approche de lui et se présente « je suis le sénateur de Rosso, passez avant moi, je vous laisse la place ».

Le maure se lève, accompagné de son aide de camp et j’en profite pour demander au sénateur « qui est ce monsieur ? ». Là d’autres maures qui assistent à la scène me regardent comme un extraterrestre. Le sénateur me répond à voix basse avec le ton d’un homme impressionné « c’est Isselmou Ould Tajidine, un grand monsieur ». Là, cela a fait tilt ! dans ma tête car j’ai vu son aide de camp avec un porte-document portant logo de la banque BCI.

Ah ! Me suis-je dit… c’est donc lui ! Le personnage m’avait marqué par un geste étonnant à l’époque quand Aziz a coffré une belle brochette d’hommes d’affaires qui ont tous accepté l’humiliation d’aller en prison plutôt que de payer le redressement du mouvement rectificatif. Sont allés en prison les Nouégheit, les Abdallahi et autres jusqu’à ce que le mollah Dedew vienne les en sortir après avoir négocié des intérêts sur des flux financiers acceptés à 5%.

 

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Vlane A.O.S.A.

 

Source : Chez Vlane (Le 23 septembre 2014)

 

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