MONDIAL 2014 : Cristiano Ronaldo, humain après tout

Tous les observateurs sportifs sont unanimes : la prestation de l'équipe du Portugal lors de la Coupe du Monde 2014 dépendra de la forme de son attaquant vedette, Cristiano Ronaldo, blessé depuis plus d'un mois. Mais peut-on demander toujours plus à ce sportif de haut niveau ?

 

 

Cristiano Ronaldo va faire une pause et pourrait être absent en finale de la Ligue des champions*: le corps du surhomme a lâché.

Sans s'en rendre compte, les footballeurs sont arrivés à un carrefour, car ils ont perdu quelque chose en chemin : cette chose, c'est tout simplement le bon sens. Dans leur tête, là où ne régnaient autrefois que des certitudes se sont installés des doutes, du genre : "Jusqu'où dois-je continuer à jouer avec des douleurs pareilles ?" Pour Cristiano Ronaldo, la réponse est "jusqu'au bout".

Le Portugais est blessé : une microlésion musculaire à la cuisse gauche et une inflammation du tendon rotulien. "Attention, c'est un gamin fantastique, qui demande toujours à jouer. Mais là, il faut qu'il fasse une pause", précise une source proche de Gestifute, l'entreprise de Jorge Mendes [l'agent de joueurs le plus important], qui gère la carrière de l'ailier depuis ses débuts.

Un corps mis à mal

Jamais, depuis son arrivée en Espagne, Ronaldo n'était resté si longtemps sur la touche (en cinq ans, il n'a manqué que 18 matchs pour blessure) : c'est là le signe qu'à force d'être pressés comme des citrons, les cracks n'ont plus de jus.

Il suffit de rappeler les cas de Diego Costa (Atlético Madrid), de Sergio Agüero (Manchester City), de Lionel Messi (FC Barcelone), de Robert Lewandowski (Dortmund), de Wayne Rooney (Manchester United), ou de Robin van Persie (Manchester United). Certains ont arrêté, d'autres sont passés en stand-by, tous ont besoin d'injections d'analgésiques pour pouvoir entrer sur le terrain.

A force d'être constamment mis à l'épreuve, leurs corps ont été malaxés en tous sens. Et en cette année de Mondial brésilien, que [Cristiano] Ronaldo ne doit en aucun cas manquer, les sportifs de haut vol doivent plonger à pic dans des baignoires de glaçons qui servent autant d'anti-inflammatoires que d'antidépresseurs.

Cristiano Ronaldo, rugbyman et marathonien

Mettons de côté l'argent, la vie de star, les nombreuses coiffures, petites amies et voitures, les voyages et tout le toutim, pour essayer de nous mettre dans la peau de Cristiano Ronaldo. Nous savons qu'il est, selon la Fifa, le meilleur joueur du monde 2013, mais nous peinons à expliquer ce qu'il fait précisément.

Au fond, CR7 [surnom qu'il a gagné au Real Madrid] est un mélange des talents que doivent posséder les footballeurs d'aujourd'hui. Et rares sont ceux qui l'égalent : CR7 est un buteur complet, qui totalise pour la saison 2013-2014 au Real Madrid 45 buts (21 du pied droit, 6 du gauche, 5 de la tête, 4 en coup franc direct, 9 tirs de réparation).

CR7 est un superbe sprinteur, et plus précisément le quatrième joueur le plus rapide du monde (33,6 km/h), derrière Antonio Valencia, de Manchester United (35,1 km/h), Gareth Bale, du Real Madrid (34,7 km/h), et Aaron Lennon, de Tottenham (33,8 km/h) ; CR7 est aussi un marathonien, qui enquille 78 kilomètres pendant la seule Ligue des champions et cumule une moyenne de 60 matchs par an, toujours au sommet de la compétition ; CR7 est un rugbyman [qui va au contact], en témoignent cette saison quelque 95 fautes (subies et commises) et 115 duels aériens (gagnés et perdus).

Or les marathoniens-rugbymen de ce sport qu'on appelle le football ne cessent de gagner en rapidité, en muscles et en discipline.
 
Personne n'imagine les douleurs de CR7

Cristiano Ronaldo ne boit pas, ne fume pas, n'engraisse pas pendant les vacances ; il s'expose à des températures polaires (- 100 °C) dans sa chambre froide à domicile, fait le compte de toutes les calories qu'il ingère, travaille la musculature qui lui donne ce physique d'Adonis et nage deux heures pour entretenir sa souplesse.

Le capitaine de la sélection portugaise est un champion incontesté de la prévention. Comme l'a écrit [l'ancien joueur argentin] Jorge Valdano, le corps de Cristiano n'est pas de ceux qu'on façonne en boîte de nuit. Comme le confesse le champion [portugais] de saut en longueur et de triple saut Nélson Evora, personne ne peut imaginer ce que c'est de jouer avec les douleurs que ressent CR7. C'est au fond ce qu'on lui demande, à lui et à d'autres : qu'ils se dépassent.

Mais les surhommes n'en restent pas moins des hommes.

* L'article a été publié le 12 avril 2014 et Cristiano Ronaldo a contribué à la victoire du Real Madrid en marquant un but.

 

Pedro Candeias

 

Source :  Expresso via Courrier international

 

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(Photo : Cristiano Ronaldo fête son but en finale de la ligue des Champions, Lisbonne 24 mai 2014 (AFP PHOTO/ FRANCK FIFE)

 

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