Alerte Info.CENTRAFRIQUE. Deux soldats français tués à Bangui

Deux soldats français ont trouvé la mort lundi lors d'un accrochage à Bangui, a déclaré l'armée auprès de BFMTV mardi 10 décembre.

Un peu plus tôt, l'état major des armées avait indiqué que la "population n'était plus menacée" dans la capitale centrafricaine.

Les groupes armés qui tenaient les rues de Bangui ont pour la plupart quitté leurs positions pour se regrouper dans un camp de la capitale centrafricaine, a en effet indiqué lundi soir à Paris l'état-major des armées, alors que l'opération se poursuivait dans la capitale centrafricaine.

"Il n'y a plus de groupes armés qui patrouillent dans la ville", a déclaré le porte-parole de l'état-major, le colonel Gilles Jaron : "Très rapidement, nous nous sommes rendus compte que ces groupes avaient quitté leurs positions dans leur très grande majorité".

François Hollande se rendra par ailleurs sur place mardi soir, en compagnie de Laurent Fabius.

"Vous avez le pouvoir de choisir une voie différente"

Le président des Etats-Unis Barack Obama a appelé de son côté les Centrafricains à rejeter l'engrenage de la violence qui "déchirerait" leur pays et à arrêter les auteurs de "crimes", dans un message audio diffusé par la Maison Blanche.

"Nous savons, par l'expérience amère d'autres pays, ce qui se produit lorsque des sociétés tombent dans la violence et la vengeance. Aujourd'hui, mon message pour vous est simple : ce n'est pas inéluctable. Vous, fiers habitants de la République centrafricaine, vous avez le pouvoir de choisir une voie différente", a affirmé Barack Obama, ajoutant que les personnes qui ont eu recours à la violence devaient "rendre des comptes".

Et le temps presse, selon une ONG américaine présente dans le pays depuis 2007. "La situation sécuritaire en République centrafricaine se dégrade rapidement, provoquant une crise humanitaire qui va croître si la communauté internationale n'intervient pas maintenant," a affirmé Su'ad Jarbawi, directrice en République centrafricaine de l'organisation Mercy Corps.

Les miliciens, notamment des ex-rebelles de la Séléka, se sont regroupés au camp Béal, dans le centre de Bangui, qui leur avait été assigné par les forces françaises. Selon l'état-major, "tous ceux" qui étaient encore dans les rues ont été désarmés, l'opération ayant été conduite "en coopération" avec la Misca, la force africaine en RCA.

"Il n'y a pas eu de combats dans Bangui. A aucun moment les groupuscules n'ont cherché à engager le combat contre nous",selon le colonel Jaron. Les soldats français ont toutefois dû riposter brièvement à "des tirs fugaces" qui ont aussitôt cessé, a-t-il poursuivi.

Pillages

Selon le porte-parole des "accès de violence", notamment de pillages, se sont en revanche produits dans l'après-midi, auxquels les militaires se sont opposés quand ils étaient à proximité.

Les combattants de l'ex-rébellion Séléka ont perçu rapidement la détermination des soldats français et le message très ferme du gouvernement français – "l'impunité est finie !" -, a-t-il expliqué quelques heures plus tôt.

"Nous savions que nous pouvions aller sur quelque chose de très dur, je crois qu'en face ils l'ont compris", a-t-il dit.

Les hommes en armes, qui, il y a quelques jours étaient partout dans Bangui, déambulant à pied ou sillonnant les rues à bord de pick-up bondés, étaient presque invisibles en ville.

Certains ont tombé l'uniforme pendant la nuit. D'autres, privés de leur kalachnikov, affichaient une mine défaite.

Collaboration avec la Misca

L'opération de désarmement vise expressément les combattants de l'ex-Séléka, coupables de nombreuses exactions ces derniers mois.

Haïs des habitants, qui les voient le plus souvent comme des "occupants" venus du Tchad et du Soudan voisins, les ex-Séléka -majoritairement musulmans- étaient les seuls à déambuler en armes dans Bangui, face aux milices d'autodéfense villageoises "anti-balaka" (anti-machettes), présentes en brousse ou infiltrées dans les quartiers.

Des soldats congolais, tchadiens et guinéens de la force africaine, la Misca, participent de façon autonome à ces opérations de désarmement dans Bangui, toujours selon l'état-major français.

Dimanche en fin de journée, un imposant convoi de blindés français, arrivé depuis le Cameroun, est encore venu renforcer le dispositif français à Bangui, contribuant sans doute un peu plus à saper le moral de certains combattants, alors que les hélicoptères de combat français n'ont cessé depuis dimanche soir de tournoyer au-dessus de la ville.

Lundi, quelques minutes avant le couvre-feu, (17 heures GMT) des soldats français étaient en position dans plusieurs points-clés de la capitale, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"On a recommencé à sortir parce que les Français sont là"

Après les dernières journées d'horreur, l'odeur insoutenable de corps en décomposition persistait dans des quartiers où la Croix-Rouge locale n'a pas pu pour le moment les récupérer. Près de 400 personnes ont été tuées depuis jeudi dans une offensive des milices anti-balaka, suivie des représailles sanglantes de l'ex-Séléka.

Une commerçante raconte: "on a recommencé à sortir parce que les Français sont là. On a faim".

Si les armes ne se voient plus, beaucoup sont toujours dissimulées dans la ville. L'opération de désarmement s'annonce complexe, a expliqué lundi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. "La difficulté c'est que beaucoup d'ex-Séléka ont enlevé leur treillis et se sont mis en civil (…) On va donc aller au contact et si ce n'est pas suffisamment efficace, la force sera employée", a-t-il averti.

Le Pentagone a annoncé lundi que deux appareils de transport C-17 seraient mis à disposition pour convoyer des troupes africaines, notamment burundaises, en Centrafrique à la suite d'une demande d'assistance de la France.

Quelque 850 soldats burundais doivent ainsi être transportés par deux gros porteurs C-17 dans les prochains jours, selon un responsable américain de la Défense.

Vivement critiqué ce week-end par le chef de l'Etat français François Hollande, le président Michel Djotodia a affirmé lundi avoir toujours le "soutien" de Paris après les massacres de ces derniers jours.

Source  :  Le Nouvel Observateur avec AFP le 10/12/2013{jcomments on}

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