La preuve : il n’y a jamais eu qu’un coup d’état en Mauritanie et encore…

Un coup d’état par définition n’est rien d’autre qu’une prise de pouvoir par des moyens illégaux. Très bien. Légal : conforme à la loi, défini par la loi. Très bien.

Loi : règle ou ensemble de règles établies par une autorité souveraine. Très bien. Nous avons là les définitions les plus claires qui ne sont pas les plus courtes, prises du petit Larousse de poche. Même le dictionnaire de l’académie française ne pourrait dire le contraire pas plus qu’aucune autorité en lamatière.

Ainsi, vu que l’état mauritanien date de l’indépendance, le pouvoir sous l’autorité du père de la Nation, Moctar Ould Daddah, était l’autorité souveraine. A ce titre, on peut parler de coup d’état seulement en 1978 car alors des militaires de leur propre chef, qui n’était pas le chef des armées de l’autorité souveraine, décidèrent de prendre le pouvoir autant dire de changer d’autorité souveraine : l’exacte définition du coup d’état.

Depuis 1978, il n’y a eu aucun coup d’état au vrai sens du terme car il n’y a jamais eu de changement d’autorité souveraine vu que le loi établie par le premier changement de souveraineté à savoir la loi militaire fut appliquée à la lettre comme on pourrait dire au fusil par tous ceux qui ont pris le pouvoir depuis. Tous les changements de président depuis ne furent que des changements de chef militaire sans que l’autorité souveraine ne change de main. Même l’élection de Sidioca, militairement élu et démis, ne fut que l’œuvre de la même autorité militaire d’autant plus souveraine qu’elle peut désormais, sans coup férir, faire élire démocratiquement, de façon libre et transparente, des inconnus au bataillon, c’est le cas de le dire.

Le fait que désormais l’autorité souveraine se soit civilisée ne change rien à son identité vu que c’est la même autorité. Aussi peut-on dire qu’il n’y a eu qu’un seul coup d’état en Mauritanie, celui de 1978. Depuis la nouvelle autorité souveraine fait la loi dans tous les sens du terme. A son arrivée et pour longtemps, elle fit comme elle ne savait pas faire autrement à savoir par la force qui est une loi militaire quand on refuse de répondre aux ordres or les civils n’étant pas des militaires ne pouvaient marcher au pas que sous la menace avec d’autant moins d’indulgence qu’ils ne font pas partie du corps armé.

L’ironie du sort, c’est que les années faisant, de la même manière que toutes les autorités souveraines se sont établies dans le coin par la force d’abord puis renforcées par les civilités, l’autorité souveraine de la Mauritanie pacifiée fit cadeau, aux colonisés, d’un pays, frontières comprises, nom et tout jusqu’à la légitimité internationale de la république, de la même manière l’autorité souveraine issue du coup d’état de 1978 après force domination se civilisa pour donner aujourd’hui aux mauritaniens des élections libres et transparentes.

Entre-temps, les civils qui voulaient renverser la seconde autorité souveraine au nom de la première renversée en 1978, baissèrent les armes politiques, après en avoir testé la portée révolutionnaire, pour aller au dialogue avec les forces armées civilisées comme jadis la Mauritanie fut pacifiée par une autorité souveraine installée par la force comme d’ailleurs toutes les autres autorités devenues souveraines en venant de l’Arabie à savoir un autre continent.

Aussi peut-on dire que nous assistons là à une sorte de boucle de bouclés qui la bouclent quand les meilleurs ne valent guère mieux que leurs ennemis d’hier et quand leurs ennemis d’hier s’étant civilisés valent mieux aujourd’hui que ce qu’ils valaient hier.

Bilan : un nivellement des valeurs pour le meilleur et sur le pire comme un excellent mariage de raison des civils et des militaires sous les bons hospices de la nature locale qui fait que lorsqu’on ne peut plus renverser son ennemi, on finit par accepter qu’il est le plus fort et on dialogue avec, car l’essentiel c’est de n’être jamais hors-jeu et même si cela arrive, accepter la main tendue des militaires pour sauver les apparences qui arrangent tout ce beau monde car la véritable autorité souveraine chez nous, c’est l’appétit…

Machallah…

 

Vlane A.O.S.A.

Source  ;  Chez Vlane le 29/09/2013{jcomments on}

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