Nouvelles d’ailleurs: Etat d’urgence…

Le ciel n'en finit pas de déverser des trombes d'eau sur nos sables, les nouakchottois pataugent, de galères en galères, de crises de nerfs en fatalisme, de colère en frustrations, de rage en désespoir.

Pendant ce temps la bataille du « ce n'est pas ma faute c'est l'autre qui…. » a commencé, chacun, pouvoir central, mairies, ministres, se renvoyant la balle et cherchant à ouvrir le parapluie quand à savoir qui serait fautif, qui n'aurait pas fait son travail, qui aurait laissé faire….

Nouakchott se noie et les dirigeants s'accusent mutuellement…

Jusqu'au plus haut sommet de notre Etat où l'on nous explique que notre pays n'a pas l'argent pour faire face aux travaux nécessaires…

Pourtant, lors du Liqaa El Chaab de Néma, notre président nous avait noyés sous des tonnes de schémas, de tableaux, de courbes, de statistiques, de chiffres où il apparaissait que nous étions gaillardement sur la voie de la richesse, que tout allait bien, que le pouvoir avait fait son job, que notre économie se portait plutôt pas mal, que les caisses étaient pleines, que toute la Mauritanie entrait dans l'ère extraordinaire du bien être économique après des années de gabegie et de mauvaise gestion.

Nouakchott se noie, littéralement, et nos politiques se renvoient le bébé….

Et, au milieu, coulent des tonnes d'eau, des milliers de litres qui ne savent pas où s'évacuer….

Notre gouvernement n'a pas décrété l'état d'urgence, nonobstant le fait que la situation est catastrophique ainsi que la gestion de la situation; nos pouvoirs font ce qu'ils savent faire : envoyer les camions « pompeurs » d'eau, ceux que tout nouakchottois connait par cœur depuis la réalisation du projet Aftout Sahli et les « pétages » de canalisations ici et là sous la trop grande pression de l'eau…Pomper, ça nous savons faire, pomper encore, pomper toujours…. Pomper comme d'autres se noient…. désespérément pomper, histoire de permettre à NKTT de respirer un peu et aux véhicules d'emprunter nos magnifiques goudrons….

Des quartiers entiers sont dans l'eau, des milliers de personnes ont tout perdu, des milliers de maisons ont leurs murs imbibés d'eau, humidité résiduelle qui fragilise encore plus nos constructions faites le plus souvent en dépit du bon sens par des maçons peu scrupuleux….

Des milliers de personnes, vu l'état déplorable de nos infrastructures, vivent dans des quartiers où les fils électriques traînent dans l'eau, où les eaux stagnantes offrent aux moustiques tout loisir de se développer joyeusement, où microbes, bactéries, saletés rendent la vie encore plus difficile qu'elle ne l'était déjà…..

Et le gouvernement ne déclare toujours pas l'état d'urgence alors qu'une catastrophe sanitaire pointe son nez……

Non, le gouvernement va « visiter » les zones de reboisement….. Comme si celles ci pouvaient être utiles en cas d'inondations, alors que la ceinture verte n'est là que pour éviter à la capitale d'être engloutie par l'avancée du désert……

Là aussi le gouvernement fait ce qu'il sait faire le mieux : de l'agitation de manchettes….

Mais se refuse à décréter l'état d'urgence…..

Pourtant, dans la panique des premières inondations, il aurait permis l'envoi, par exemple, des militaires pour aider aux évacuations des quartiers sinistrés, pour tenter de construire de petites digues, histoire de parer au plus pressé, il aurait permis d'ouvrir des centres d'accueil pour ceux qui ont tout perdu, plutôt que de se décharger sur les seules mairies…..Il aurait permis la distribution de vivres, de vêtements pour tous ceux dont les maigres possessions ont été noyées, de médicaments aussi. Il aurait permis la mise en place de structures permettant aux sinistrés de pouvoir faire état de leurs pertes et permettre, ainsi, un début de solution en cas de dédommagements…..

Mais les autorités pompent, pompent encore et toujours….

Pluies après pluies Nouakchott s'engorge un peu plus, déborde de partout, suffoque, marmite irrespirable et nauséabonde, putride….

Mais l'état d'urgence n'est toujours pas décrété…

Il faudra bien que l'on nous explique un jour à quel degré de catastrophe, sur quelle échelle de Richter toute rimienne, nous aurons droit à un état d'urgence…… et qu'est ce que le mot catastrophe humaine et matérielle signifie pour nos dirigeants…..

Sûrement que nous ferons le dos rond, nous attendrons la fin de l'hivernage, nous hocherons la tête en murmurant « Seul Dieu sait et peut », nous sécherons et nous reprendrons la vie d'avant…en attendant l'année prochaine et d'autres pluies et un scénario qui se répétera à l'infini…en priant pour que ces inondations ne se couplent pas avec l'envahissement de NKTT par la mer….

Alors là, peut être, nous déclarerons l'état d'urgence……sur un champ de ruines.

Salut

Mariem mint DERWICH

Source  :  Le Calame le 19/09/2013{jcomments on}

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