Abdoulaye Bathily désigné numéro deux de la Minusma : le Sénégal dame le pion à la Mauritanie

La diplomatie sénégalaise vient de réaliser un exploit rare dans les annales de l’ONU :

pour la seconde fois en moins d’une semaine un Sénégalais est nommé par le Secrétaire Général des Nations Unies M. Ban Ki-Moon à un poste stratégique dans les missions de maintien de la paix. Après le général Babacar Gaye nommé Représentant spécial et Chef du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République Centrafricaine (Binuca), c’est au tour d’un autre Sénégalais d’hériter du très convoité poste d’adjoint au Néerlandais Bert Koenders.

L’heureux élu, le Pr Abdoulaye Bathily dirigeais jusqu’ici la Ligue Démocratique/Mouvement pour le Parti du Travail (LD/MPT, de gauche). Né en 1947, le professeur Bathily fut ministre de l’environnement dans le gouvernement de M. Habib Thiam sous la présidence socialiste de M. Abdou Diouf au début des années 1990. A la faveur de l’alternance politique survenue en 2000, il entra dans le gouvernement dirigé par M. Moustapha Niasse comme ministre de l’énergie et des mines. Plusieurs fois député, M. Abdoulaye Bathily a également occupé le poste de vice-président de l’Assemblée Nationale sénégalaise.

Donné favori, le Mauritanien Ibrahima DIA voit le poste lui échapper. Et ses chances étaient loin d’être minces. D’abord, selon des sources proches du dossier, la candidature de M. Ibrahima Dia avait au moins deux soutiens de haut niveau. Ensuite, l’Ambassadeur Ibrahima DIA présentait un profil qui plaidait en sa faveur, notamment une solide expérience dans le maintien de la paix.

Diplomate formé à l'ENA de Tunis et à la Sorbonne, le Mauritanien jouit d’une bonne connaissance du système des Nations Unies avec notamment six années dans le maintien de la Paix en République Démocratique du Congo, au Burundi et en Côte d'Ivoire.

En outre, le Mauritanien peut se prévaloir d’une riche expérience dans les questions politiques, de désarmement et de droits de l'homme, toutes questions au cœur des missions de Paix. Un autre atout crédibilisait la candidature du Mauritanien. Dans un contexte marqué par des accusations de crimes graves de part et d’autre, l’expertise dans la justice internationale acquise au sein du tribunal pénal pour le Rwanda aurait dû peser. Enfin, son expérience comme Ambassadeur de la Mauritanie à Washington puis de coordinateur entre l'Union Africaine, la Banque Africaine de Développement et la Commission Economique pour l’Afrique dont il a la charge depuis plus de deux ans sont des cartes non négligeables.

L’élimination du candidat Mauritanien suscite quelques interrogations. Il est de notoriété publique que les postes de ce niveau dans la fonction publique Internationale font l’objet de marchandage, de lobbying et parfois de pressions plus ou moins amicales. S’il ne suffit pas tout seul, le soutien actif du pays d’origine peut se révéler utile dans certains cas.

Selon les informations confiées à KASSATAYA par un diplomate français, le président Sénégalais aurait adressé au Secrétaire Général de l’ONU M. Ban Ki-Moon, une lettre d’appui à la candidature de son compatriote.

Une source a confié à KASSATAYA que des personnalités africaines de haut rang ainsi que deux pays membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies auraient apporté un soutien discret à l’ambassadeur Ibrahima DIA. A supposer que les promesses aient été tenues,  cela n’a pas suffit au vu des résultats.

Bilan des courses : la diplomatie sénégalaise prouve une nouvelle fois qu’elle a de l’influence et des ressources à revendre. Et le choix de Dakar comme première étape de la visite de Barack Obama en Afrique en est une illustration. Les Mauritaniens devraient s’en inspirer.

KASSATAYA

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