Les femmes et le pouvoir : La parité jusqu’au bout des ongles

(Crédit photo : anonyme)

A l’approche des élections municipales et législatives, la question de la représentativité des genres revient au devant de la scène : le coup d’envoi de cette « polémique » a été donné dimanche dernier par un groupement de femmes qui compte redéfinir cette scène.

La femme mauritanienne ne compte pas rester à la traîne dans les fonctions électives qui s’apprêtent à être pourvues en Mauritanie. Forte des textes sur la parité homme femme, notamment la loi organique portant encouragement des femmes à accéder aux fonctions électives qui prévoit un quota de 20% de femmes sur les listes électorales, les femmes comptent cette fois s’imposer avec la tenue des futures élections. Conscients qu’elles sont que cette parité imposée aux partis politiques, obligés d’établir des listes à série obligatoire, homme-femme-…ou femme-homme-… fera davantage grincer les dents, les femmes ont décidé d’occuper la scène. C’est ce qui a été décidé dimanche dernier lors de la réunion tenue à l’ancienne Maison des jeunes où les groupements de femmes cibles ont dressé un plan dit d’attaque visant à occuper les plateaux des télévisions et des radios, entre autres supports médiatiques, pour faire valoir leurs droits.

Le cœur du pays va-t-il tenir à ce rythme supersonique qui dépasse le mur de son de sa propre évolution sociologique ? Mais contrairement à ce que l’on penserait, il n’y aura pas en Mauritanie, une bataille rangée fratricide entre adversaires et partisans de la participation de la femme dans le jeu politique. Sur ce plan, notre avance sur plusieurs nations est nette. En effet, même nos barbus à nous, tolèrent l’ascension des femmes dans la sphère du pouvoir central. Il faut dire qu’entre la Mauritanienne et l’Etat, c’est un flirt qui date des indépendances. On se rappelle encore de l’Union des Femmes Mauritaniennes créée en 1961 et qui était présidée par Marième Mint Hamdinou et qui avait déjà présenté à l’époque au Président Mokhtar Ould Daddah un certain nombre de revendications tendant à la protection de la femme et son implication dans la gestion des affaires. Ainsi, l’intérêt de la femme mauritanienne pour la politique et ses revendications promotionnelles ne date pas d’aujourd’hui, mais résulte d’une longue évolution qui prend racine à partir de l’œuvre de ses pionnières, telles Mint Hamdinou, Marième Daddah, Touré Aïssata Kane, Marième Mint El Kory, Maïmouna Mint Menneya.

Certes, ce mouvement des précurseurs sera brisé avec le coup d’Etat du 10 juillet 1978 et la femme mauritanienne ne reprendra sa place véritable qu’avec l’arrivée de Ould Taya au pouvoir en 1984 et son célèbre discours de Néma, le 5 mars 1986 où il demandait la participation de la femme et l’affirmation dans son rôle de développement. Depuis, la Mauritanie a connu plus d’une dizaine de femmes ministres, de parlementaires, de directrices, de femmes chefs d’entreprises. C’est aussi l’époque de l’éclosion d’une véritable société civile, dominée à 90% par la gent féminine. Bref, l’insertion de la femme dans l’ensemble des sphères de la vie active était devenue évidente, même si elle est minoritairement restée peu représentée, par rapport à son poids démographique qui dépasse largement celui de l’homme.

La tendance vers une plus grande représentativité féminine au niveau de l’appareil de l’Etat et des fonctions électives, aurait eu cependant, moins de pesanteur si l’initiative découlait de notre propre réflexion, plutôt que de traduire les vœux pieux imposés par des normes internationales qui nous sont imposées selon un standard occidental autre que celui de nos propres perceptions. Pour la majorité de nos concitoyens, la femme semble plus porteuse d’espoir, après l’échec des hommes qui ne sont pas parvenus après plus de plus d’un demi siècle de pouvoir à nous faire voir le bout du tunnel. Ainsi, le renouvellement de la classe politique, usée par l’usure, devra se renouveler par l’injection d’un sang neuf juvénile, et pourquoi pas féminin ? Une thèse voudrait que l’on fasse plus confiance à la femme, notamment dans le règlement des conflits à l’amiable, tant il est soutenu que le sexe dit faible n’a pas l’expérience des batailles d’appareil dans lesquels se forgent les inimitiés et les réseaux. La politique se forgeant sur deux terrains, l’ancrage local et le parti, certains trouvent qu’il s’agit-là de deux sources de légitimité très fortes pour nos femmes politiques de demain. Elles ne peuvent pas certes, toutes être des messies qu’on va chercher pour leur compétence dans d’autres sphères éloignés de la politique, mais il faudrait que nos partis politiques songent à former des femmes politiquement capables de relever les défis que leur imposeront leurs responsabilités futures, que ce soit au sein de l’hémicycle du Parlement, dans les Mairies ou au sommet de l’appareil d’Etat. Seulement, sur ce plan nous avons nos propres expériences. Car, l’accession de la femme mauritanienne aux fonctions électives n’est pas chose nouvelle, le produit nouveau est numérique et non qualitatif. Sur ce plan, on ne voit aucune différence à ce qu’on nous gave de maires, de députés et de ministres femmes, la référence socio-comportementale avec les hommes restant le même. A ce stade, les adversaires des 20% avancent qu’il ne s’agit pas de déterminer la configuration politique de la Mauritanie de demain à partir de considération aussi subjective que sexiste. Le problème est plus une affaire de compétence, d’intégrité et d’honnêteté que d’une simple équation mathématique.

Mais n’est-il pas aussi vrai, comme le disait Margaret Thatcher, qu’en politique, si vous voulez des discours, demandez à un homme et si voulez des actes, demandez à une femme ? Or, après le temps des discours, les Mauritaniens aspirent aujourd’hui aux actes !

JOB

Source  :  L’Authentique le 28/04/2013{jcomments on}

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