La flambée des prix des produits de consommation : Le panier de la ménagère de plus en plus léger

(Crédit photo : anonyme)

La flambée des prix des produits de consommation n’arrête pas.

Et le plus grave, c’est qu’aucune solution ne semble être en vue pour juguler une flambée des prix qui étouffe des populations qui ressentent les effets d’une politique d’austérité dont les victimes se comptent dans toutes les sphères de la population. La crise financière ne cesse pas de faire des dégâts au sein des populations.

La crise financière ne cesse pas de faire des dégâts au sein des populations. Depuis les dernières hausses du prix du carburant, le prix du marché ne cesse pas de grimper, au grand dam des populations qui ne savent plus à quoi s’en tenir ! Le riz, le sucre, le lait, l’huile, la tomate… pas un produit n’échappe à la règle. Insidieusement et doucement, les prix des produits alimentaires montent chaque jour que Dieu fait. N’eût été le programme Emel 2012-2013 consacré par la mise à disposition de boutiques dites de la solidarité qui vendent des produits à un prix relativement abordable, ce serait l’apocalypse ! Au demeurant, même si les certains produits sont disponibles dans lesdites boutiques, les populations sont confrontées à un problème de liquidité. En fait, il n-y a pas d’argent Ou plus précisément, il n’y a pas assez d’argent pour se procurer le strict- nécessaire pour assurer les trois repas du jour, convenablement.

Credo

 » Achète ou laisse  » est leur credo, et quand on sait qu’il n’y a qu’eux, on est obligé de se soumettre ! La Sonimex (Société nationale d’importation et d’exportation), censée réguler le marché, n’a aucun pouvoir sur des commerçants calculateurs, et non soumis à une réelle autorité étatique. On peut même dire que cette société qui bénéficie du soutien de l’Etat, à coups de subventions, contribue plutôt à renforcer le pouvoir des commerçants sur les consommateurs ! Tant qu’elle continuera à vendre, en gros, aux  » gros et grands  » commerçants, elle ne jouera pas le rôle qui est le sien. D’ailleurs, même si on arrive à réorienter l’activité de la Sonimex vers les consommateurs, en l’obligeant à vendre – seulement – au détail (pas plus d’un sac de riz ou de blé), assurant la ration mensuelle d’un ménage moyen mauritanien, il reste que la société ne dispose pas, réellement, des moyens de sa politique.

Les fameuses boutiques témoins dont on nous parle tant, essentiellement en période de Ramadan ou de crise, sont une goutte dans un océan, par rapport aux boutiques particulières de vente au détail. Connue auparavant pour être le pays du  » million de poètes « , la Mauritanie est reconnue aujourd’hui pour être celui du million de commerçants ! C’est pourquoi on désespère longtemps à chercher une boutique témoin de la Sonimex avant de se décider à entrer dans celle du coin ! Des prix qui flambent, des salaires qui stagnent Peut-on parler d’augmentation de salaire avec l’octroi – généralisé ? – d’une indemnité de transport et d’une autre pour le logement aux fonctionnaires et agents de l’Etat ? Certains diront que non, puisqu’il s’agit d’une mesure qui pèche par son aspect inégalitaire et inadapté aux profils des bénéficiaires. L’autre question que tout gouvernement n’observe que passagèrement est la situation des salaires en Mauritanie. Les fonctionnaires ont l’habitude de dire :  » on ne vit pas, on survit  » ! Les augmentations consenties au cours des dernières années, forfaitaires (500UM, 1000UM, 8000UM) ou proportionnelles (8%, 15%, 50% du salaire indiciaire) n’ont aucune importance si on les compare à la croissance exponentielle des prix. L’argumentaire selon lequel l’Etat n’a pas de moyens ne tient pas pour plusieurs raisons. Le pays dispose d’énormes richesses (fer, poisson, pétrole ( !?)) mais, malheureusement, elles sont mal gérées. La SNIM seule contribue à hauteur de 12% à la formation du PIB. En 2006, elle a versé au Trésor public mauritanien plus de 15 milliards d’UM. Ajoutons à cela les ressources financières de l’APD (Aide publique au Développement) censée être utilisées pour le bien-être des citoyens ? Où va cet argent ? Comment justifier l’état de précarité économique dans lequel la Mauritanie se trouve depuis le milieu des années 80 alors qu’elle a bénéficié de plus de 2 milliards de dollars US sous formes de prêts à taux très consensuels ? L’argent destiné aux pauvres citoyens a-t-il servi à bâtir les châteaux qui émergent des dunes de sable de Tevragh-Zeïna (littéralement,  » elle finira belle  » ? Pourquoi n’avoir pas pensé à augmenter sensiblement les salaires des travailleurs, surtout que, comme tout le monde le sait, ce sont eux qui constituent cette classe moyenne qui prend en charge la quasi-totalité des sans-emploi ? L’homme d’affaires, le ministre, le directeur, le chef de projet, ne sentent pas l’augmentation des prix pour une raison fort simple : ils ont d’autres  » ressources « , au sens propre et figuré du terme, pour parer à ce phénomène. Les autres n’ont que leurs salaires…et la Grâce de Dieu car, comme disait Fama, l’un des personnages d’Ahmadou Kourouma dans  » Les soleils des Indépendances « ,  » tant qu’Allah se trouve dans le Firmament, personne ne réussira à (le) faire crever de faim « . Il est vrai que la situation économique mondiale à une part de responsabilité dans ce qui arrive dans n’importe quel pays de la Planète Terre, et pas seulement en Mauritanie. La hausse du prix du baril de pétrole commande tout le reste : transport, industrie, agriculture, échanges commerciaux, etc. Mais elle n’entrerait pas, pour plus de 2 à 5%, dans la formation du prix final d’un produit qu’on importerait de Chine, d’Amérique ou d’Europe vers la Mauritanie. Comment justifier alors qu’un sac de riz de 50kg vendu en Mauritanie à 7000UM grimpe subitement pour atteindre 10000UM, soit une augmentation de 33,57% ? Comment justifiez que le litre d’huile passe de 200UM, à 300UM puis à 400UM en l’espace de quelques mois ? La hausse du prix du transport peut-elle justifier cette absurdité ?

Le  » justificatif  » du national par l’international a constitué, sans qu’on s’en rende compte, une sorte de laisser-aller de la part des autorités. Les entendant toujours se référer à la conjoncture internationale, le commerçant, avide de gain, ne peut résister à la tentation de gagner plus d’argent. Autre quiproquo savamment entretenu à propos des prix : les taxes et droits de douane ! L’Etat gagnerait-il à supprimer tous ceux appliqués aux produits de première nécessité et à veiller à ce que le manque à gagner consécutif à ce  » renoncement  » se traduise par une baisse significative du prix de ces denrées ? Tout le monde vous dira que oui, car qui paie réellement ces droits ? Les voies détournées pour faire partir ces ressources vers d’autres destinations  » particulières  » sont connues de tous. Alors autant en faire profiter les citoyens. Si cette solution radicale est inconcevable dans un Etat qui se veut moderne, alors faisons en sorte que toute baisse d’impôts et de taxes consentie aux commerçants se traduise par un nivellement vers le bas des prix de ce que nous consommons tous les jours.

Mohamed Sneiba

Source  :  L’Authentique le 09/04/2013{jcomments on}

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