Maurichronique : Le Premier ministre, en tranches de deux minutes…

(Anonyme)

J’attendrai que le président de la République recouvre sa santé pour que je revienne, à lui, comme, à l’accoutumée, le taquiner un peu, le railler bienveillamment. Et, raconter, pourquoi pas, son accident à ma manière de dire les informations présidentielles.

Entre temps, je parlerai des petits présidents qui émergent, çà et là, en l’absence du vrai président. Le Premier ministre, vous vous en souvenez, celui-là qui nous faisait dormir, au printemps dernier, et le printemps d’avant, négocie un réveil automnal. On imagine combien c’est compliqué et difficile, à la fois, un réveil en pareille période de l’année. Où, généralement, même les arbres les plus robustes ne sauraient empêcher leurs feuilles de tomber et leurs troncs de dormir, jusqu’au printemps prochain. Et de plonger dans une vie d’hibernation.

Moulaye Ould Mohamed Laghdaf essaie tout de même de bouger. Une cascade de bâillements, beaucoup de larmes, quelques échauffements, une série de douches froides et chaudes pour qu’il se lève et marche. C’est déjà louable et exceptionnel qu’il se lève et qu’il marche. De là, on espère le voir faire lever et marcher d’autres. On dira, alors, qu’il aura pris ses pleins pouvoirs de chef de l’exécutif.

Le PM fait parler de lui, désormais. A la Une des médias publics, annonçant qu’il a reçu un appel téléphonique de la part de tel président ou tel chef d’Etat pour s’enquérir des nouvelles du vrai président et souhaiter prompt rétablissement à ce dernier.

Les services techniques de la primature auraient remplacé l’ancien appareil téléphonique du PM par un autre. Un autre dont la sonnerie fait vibrer tout le bâtiment chinois et les bâtisses environnantes pour que Moulaye se réveille. On y travaille sérieusement. Les différents tests expérimentés, jusqu’ici, n’arriveraient, visiblement, pas à faire perturber le sommeil du premier des ministres. On songe à d’autres techniques. Plus pointues, plus stridentes et surtout plus bruyantes.

Nos amis belges, les véritables connaisseurs de l’insensibilité de l’homme, auraient proposé une technique de pointe. Mais, celle-là, la sonnerie qu’elle produit quoiqu’elle dérange le Chef d’Etat Major, le général, Mohamed Ould Ghazouani, dans son bureau officiel, à quelques encablures de la primature, elle n’affecte, tout de mêle, pas le sommeil du Premier ministre. Elle le fait, tout simplement, retourné sur son coté gauche, alors qu’il dormait sur le côté droit. Ce qui est, avouons-le, un exploit remarquable.

Un intermédiaire d’une société chinoise offre un équipement approprié, dit-on. Seulement, après quelques expériences, cette technicité s’avère, certes efficace, mais elle engendre des effets néfastes. Son efficacité ne dure pas au-delà de cinq minutes. Et, l’effet indésirable se manifeste, à partir de la cinquième minute, suivant l’appel rentrant, par des rires insoupçonnés du Premier ministre.

Une communication dépassant cinq minutes ouvre la voie à des incidents diplomatiques inéluctables. A défaut de trouver une technique téléphonique fournissant un service sonnerie qui fait lever et marcher le Premier ministre, afin de répondre, sans désagrément diplomatique, à ses interlocuteurs, les techniciens optent pour une gestion minutieuse des appels téléphoniques.

C’est ainsi qu’on décide de couper systématiquement les communications après chaque deux minutes. Quitte, à s’excuser, plus tard, auprès de l’interlocuteur pour se décharger sur la faillibilité du réseau.

C’est pour dire qu’il émerge, un tout petit, un tout petit président, de la primature. En tranche de deux minutes. C’est vrai, mais, il émerge quand même…Un petit président, fonctionnant en menu laps de temps, en quelque sorte, ce n’est pas mal, à défaut d’un président fonctionnant à toutes les heures de la journée, comme disait Gabriel Garcia Marquez, dans son fameux roman, l’Automne du Patriarche…

 

Mouna Mint Ennas

 

Source  :  MauriChronique le 18/10/2012{jcomments on}

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