L’épreuve de la démocratie et du développement

(Crédit photo : Macaire Dagry)

{jcomments on}L’arrivée au pouvoir des présidents du Niger, Mahamadou ISSOUFOU; de la Guinée, Alpha CONDE ; de la Côte d’Ivoire, Alassane OUATTARA, du Ghana, du regretté John Atta MILLS ; du Bénin, Yayi BONI ou du Sénégal, Macky SALL par exemple, a permis de changer l’image de nos chefs d’État, notamment d’Afrique subsaharienne au niveau international.

Avec ces élections démocratiques et transparentes, les caricatures humiliantes de nos chefs d’État, tendent à s’atténuer progressivement au profit d’une respectabilité qui se légitime par le respect du suffrage universel et des règles démocratiques. Est-ce pour autant la fin des excentricités diverses, des présidences à vie, des auto-proclamations farfelues, des seigneurs de guerre etc ? Malheureusement, il en reste encore plusieurs. En Gambie ou au Zimbabwe par exemple.

Les africains dans leur grande majorité ont beaucoup évolué, sous la pression de la mondialisation, de l’interconnexion de canaux d’information, mais surtout d’une certaine lassitude des coups d’Etat à répétition, sans réel changement dans leur vie quotidienne. Pendant que le Brésil, l’Inde, la Chine, la Corée du Sud et d’autres encore d’Asie, qui étaient considérés comme des pays sous-développés, il y a une décennie de cela, viennent nous vendre les produits de leur développement industriel, nous continuons encore à nous entretuer. Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus confrontés à un double choix de société. Celui de la continuité dans les guerres civiles ou les coups d’État, ou alors, celui de la modernité, de la prise conscience citoyenne, du sens de la responsabilité et de l’intérêt national. Nous sommes tous conscients de notre grand retard dans le chemin du développement et cela en dépit de nos immenses richesses minières, pétrolières et agricoles. Des États comme le Nigéria, l’Angola, la République Démocratique du Congo ou même la Côte d’Ivoire, avec tous leurs potentiels, devraient aujourd’hui pouvoir figurer parmi les pays émergeants, et réduire de fait leur taux de pauvreté, d’analphabétisme et de chômage de leurs populations.

Malheureusement, des années de guerres et de crises politiques pour de l’enrichissement personnel qui n’ont fait ni vainqueurs, ni vaincus, ont hypothéqué notre développement, amplifié notre pauvreté et consolidé notre dépendance à ceux qui exploitent nos richesses pour se développer. Et pourtant, le continent africain regorge de richesses et d’opportunités qui peuvent assurer à nos populations de meilleures qualités de vie ainsi que la possibilité d’être désormais maître de notre propre destin. Tous les spécialistes internationaux et africains sont unanimes. L’Afrique est désormais l’endroit où il faut investir. Plusieurs de ces États dont la Côte d’Ivoire ont une croissance économique étonnante. Voilà pourquoi, nous espérons qu’avec l’arrivée au pouvoir d’un nouveau type de chef d’Etat à la tête de nos jeunes nations en construction, nous arriverons enfin à transcender nos différences politiques, religieuses et ethniques pour exploiter nous-mêmes nos richesses, développer notre environnement et construire l’avenir de nos descendances. Il n’y a pas de secret à cela. Tous les pays sous développés qui sont sortis de cet état pour s’acheminer vers le développement, ont tous fait le choix de la rigueur, de la lutte contre la fraude et la corruption massive, de la modernisation des infrastructures économiques et des investissements dans l’éducation et la recherche. Ces Etats ont aussi développé la culture de l’intérêt national qui garantit la paix et la stabilité économique et sociale au peuple.

Ces chefs d’États africains, élus de manière démocratique, ont une lourde responsabilité face à l’histoire. C’est celle de prouver à leur nation respective, au continent africain et à la communauté internationale, qu’il est possible de construire une nation moderne, réduire considérablement les inégalités sociales, éduquer ses populations de manière à leur garantir un avenir sécurisant et veiller à leur sécurité et leur santé. Cette responsabilité nécessitera également une gestion habile et délicate de diverses tentatives internes et externes de déstabilisation, de mécontentement et de provocation afin de voir échouer les initiatives nouvelles qui peuvent conduire à faire mieux que les prédécesseurs. Et puis, l’échec d’un pays fait toujours le bonheur de ses voisins. En dépit des imperfections et des limites qui s’imposeront naturellement aux volontés politiques de modernisation et de développement économique et social, seuls les résultats obtenus à la fin de leur mandat, déterminera de fait le choix de société de leurs peuples, quel que soit leur ethnie, religion et idéologie politique.

Macaire Dagry

(Contribution reçue à Kassataya le 10/09/2012)

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