Deux scénario(s) à méditer pour une issue de secours en Mauritanie ?

(Crédit photo : Cheikh Tidiane Dia / Le Rénovateur)

{jcomments on}Il faut bien qu’on s’entende sur une chose dans ce pays quand il s’agit d’évoquer la situation politique actuelle.Doit-on parler de crise politique d’antagonisme, d’impasse, de paralysie etc…?

Si tous ces concepts, à nuance près expriment presque la même chose dans la qualification de ce qui se passe aujourd’hui, dans les deux camps qui se déchirent, on est tout de même sur la même longueur d’ondes dans le rejet réciproque et les accusations mutuelles mais les deux pôles opposés n’utilisent pas le même vocable pour qualifier l’état actuel
dans lequel les rapports entre le pouvoir et son opposition hostile se sont dégradés au point qu’ils se situent dans un point de non retour. Si la majorité se réfugie derrière le concept de normalité politique en dépit de tout ce qui se passe et accuse l’opposition de vouloir semer le désordre dans le pays sous le slogan « Rahil », la COD elle, est formelle : la crise est bien là, réelle et le seul responsable de ce chaos est le président Aziz qui refuse de quitter sachant que sa gestion est calamiteuse. Entre ces deux positions diamétralement opposées, le peuple lui aussi est déchiré en plusieurs lambeaux selon les jugements que chacun fait de cette situation. Comment alors pouvoir appréhender tous ces cas de figures qui se présentent pour rendre compte de la réalité actuelle en vue de fournir des analyses rigoureuses sur le présent politique dans lequel la Mauritanie évolue dangereusement. Une chose est sûre, la démocratie mauritanienne n’a pas prouvé sa maturité et elle souffre d’un infantilisme politique congénital qui compromet son avenir. Le pire est qu’aucun des camps en conflit n’est prêt à parler à l’autre, à traiter avec lui même « traditonnellement » pour trouver une issue de secours. L’horloge est suspendue depuis que la COD a opté pour le départ sans condition de Mohamed Ould Abdel Aziz du pouvoir. Ce ne sont pas les initiatives de Messoud qui vont ramener les deux parties à la table de négociation, ni les déclarations du président montrant sa détermination à user de tous les moyens pour garder son fauteuil bien plus longtemps, moins encore les appels au retrait de l’homme fort par ses adversaires qui vont changer la donne actuelle . Face à cette dégradation permanente et accélérée de la vie politique et démocratique, deux scénarios sont à méditer : le premier accorderait au président l’honneur de se retirer du pouvoir la tête haute à la fin de son mandat en 2014 pour dégager la voie à une alternance politique pacifique. Auquel cas les militaires regagnent les casernes pour s’occuper de la sécurité du pays, loin de toute ingérence dans les affaires politiques. Une telle alternative éviterait au pays une révolution imprévisible. Le deuxième scénario consisterait en la formation d’un gouvernement d’union nationale qui va gérer le pays jusqu’au terme du mandat présidentiel en cours et après quoi on tient des élections libres et transparentes où le vainqueur y compris le président actuel sera le seul à avoir la légitimité du peuple. Pour que ces deux plans de sortie de crise trouvent des oreilles attentives, la COD doit mettre un terme à son exigence de départ du président pour rentrer dans un nouveau processus de dialogue avec le pouvoir ; d’autre part le président Aziz doit voir la situation avec philosophie et recul accepter de lâcher du lest et ne pas s’enfermer dans l’illusion de la légalité là où bien de chefs d’Etat ont quitté sans crier gare !

Cheikh Tidiane Dia

Source  : Le Rénovateur le 09/08/2012

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