Mauritanie : Ould Aziz à l’offensive à Atar

(Crédit photo : Bakala Kane)

{jcomments on}Après Dakhlet-Nouadhibou, le Brakna et le Gorgol, le président mauritanien est depuis le 5 août dernier l’hôte des Adrarois. Pour cette troisième édition du genre radio télévisée Ould Aziz a dressé un bilan positif de ses trois années de pouvoir en affirmant réaliser 70 pour cent de son programme électoral.

Rien de mieux dans ce contexte difficile où l’opposition conteste son autorité que de parler des secteurs qui marchent notamment les industries extractives en particulier les mines et le pétrole qui connaissent de réels progrès et apportent de l’oxygène au trésor public. Mais pour les observateurs ce satisfecit cache bien de tristes réalités de mal gouvernance faisant état de graves violations des droits de l’homme et de recul des libertés dans le pays depuis juillet 2009.

Les anniversaires se suivent et se ressemblent. Pour cette troisième édition radio télévisée dans un stade olympique archi comble et plus de 3 heures d’horloge de dialogue avec le citoyen et la presse nationale et internationale dans un discours de bilan à mi mandat. Voilà le traitement que le chef de l’Etat a réservé aux Adrarois pour trouver des mesures pour sa gouvernance tant décriée par l’opposition mauritanienne en particulier la COD qui vient de signer une charte pour précipiter son départ des affaires de l’Etat. Ainsi Ould Aziz n’a pas manqué l’occasion pour répondre à ses détracteurs en affirmant qu’il a déjà atteint les objectifs de son quinquennat en réalisant 70 pour cent de son programme électoral. Ces résultats sont dus à la bonne santé des industries extractives en particulier les mines qui ont créé plus de 14 000 emplois en 2011 avec des recettes avoisinant 107 milliards d’ouguiya tandis que la manne pétrolière a rapporté à l’Etat 58 milliards d’ouguiya en 2011 et 95 milliards le premier trimestre de 2012, a souligné le nouvel hôte des Atarois qui a rassuré son public en insistant sur la richesse du pays qui ne cesse d’augmenter avec un PIB qui dépasse les 1200 milliards d’ouguiya et en plus des quantités suffisantes de devises au moins pour couvrir 6 mois d’exportation. Si l’objectif de Ould Aziz est de présenter un bilan économique, c’est presque réussi .Mais ces chiffres éloquents c’est surtout la preuve que ce bilan s’inscrit dans le droit fil de la pré campagne pour les prochaines législatives et municipales. Dans cette perspective les populations du Nord ont plus besoin de retrouver le sourire et la quiétude pour relancer le tourisme pourvoyeur d’emplois et vitrine culturelle de cette partie du Nord de la Mauritanie berceau des« Smassides » en perte de vitesse à cause de la guerre contre les terroristes d’Al Qaïda du Maghreb Islamique. Le chef de l’Etat compte sur ses partenaires européens pour faire revenir la paix dans cette bande saharo-sahélienne. Les mauritaniens ont une préoccupation première en tête, la résolution de la crise économique qui a entraîné la hausse des denrées alimentaires, du carburant et la baisse du pouvoir d’achat. Pour y parvenir le chef de l’Etat devra recourir plus au dialogue social avec les syndicats mais aussi avec les associations de défense des droits de l’homme et des ONG nationales sur le terrain et aussi les partis politiques toutes tendances confondues. Il est vrai que trois ans de populisme à l’excès ont rendu impopulaires les réformes de l’Etat notamment sur la révision partielle de la constitution approuvée seulement par trois partis de l’opposition, le recensement biométrique à caractère racial qui a retardé l’établissement d’un fichier électoral fiable. Sans oublier la dernière mesure qui a fait coulé beaucoup d’encre, l’instauration de la carte de séjour des étrangers africains en Mauritanie qui relève d’une exigence sécuritaire et organisationnelle selon les propres termes du locataire de la Maison brune. Et c’est avec beaucoup d’assurance qu’il a raillé l’opposition en affirmant qu’il ne quittera pas le pouvoir avant la fin de son mandat et que la Mauritanie n’interviendra pas militairement au Mali, deux dossiers qui ne l’empêchent pas de dormir mais très importants pour tenir les deux ans qui restent du quinquennat. Mais c’est surtout sur les questions de droit et de justice que le président mauritanien a feinté. Un aveu de faiblesse qui tient au fait que depuis juillet 2009 le recours à la torture et à des traitements inhumains sont légion dans un pays où un détenu peut attendre 6 ans avant d’être jugé. Dans un pays où les arrestations arbitraires sont fréquentes comme en témoigne l’affaire du président de l’IRA ou de l’ancien commissaire des droits de l’homme Ould Dadde. Dans un pays où des forces de l’ordre tirent avec des balles réelles sur des manifestants comme ce fut le cas à Maghama, à Kaédi à Nouakchott et récemment à Akjoujt. Un recul des libertés à mettre dans le passif des trois années passées à la tête de la Mauritanie.

Bakala Kane

(Reçu à Kassataya le 07/08/2012)

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