Quand « Guetna  » rime mal avec « Ramadan « 

(Entretien de la palmeraie Akreijit. Crédit photo : Jean Louis Chambon)

En ce mois de juillet 2012, les Mauritaniens se préparent à vivre la grande saison de la cueillette des dattes, les pieds bien enfouis dans les sous sols argileux des oasis, entre les feuilles généreuses des palmiers et la fraîcheur des oueds qui strient comme autant de veines nourricières, la belle et riche Wilaya de l’Adrar.

Cette saison a un nom aux sonorités si synonymes de gaieté : la « Guetna « .

L’occasion pour les citadins d’affluer en famille ou en groupe d’amis a pour contempler la beauté des oasis et la grandeur des palmiers dattiers. De rares touristes étrangers osent par petites doses s’aventurer jusqu’aux confins de ses océans de sable dorés, encore maintenus en Rouge par le Quai d’Orsay en France.

La « Guetna  » reste cependant cette période toujours attendue où les mauritaniens désertent l’urbanité et ses serres en béton de fer pour se laisser détendre par les étendues verstes des oasis et le climat familier des palmiers dattiers. Des moments d’extase et de communion avec la nature, pendant lesquels les pensées voguent au loin, par delà les siècles pour renouer avec les coutumes et les rituelles des ancêtres. Malgré l’évolution, le Mauritanien est resté étroitement lié à la vie bédouine , surtout lors de saisons particulières comme la « Guetna  » où les familles partagent l’espace d’une courte période une vie en commun.

Aux prisonniers des villes, à ceux qui n’ont pu profiter de la chaleur de la « Guetna « , les marchés offrent sur leurs étals, des grappes de dattes souvent frais débarqués des lointaines contrées de l’Adrar. Des centaines de caisses pleines de dattes jaunes, brunes, rouges ou noires, sont en effet offerts au public des villes. Cette année, la vente s’offre sous de bons auspices, car la récolte coïncide presque avec le début du mois saint de Ramadan, un mois surnommé aussi le mois des dattes, tellement ce produit est jugé obligatoire dans le plat du jeuneur.

Belah, 23 ans, est un vendeur de dattes au fameux « Marché Lehmoum  » de la Capitale. Pour lui, les bénéficies cette année risque encore d’être plus importants que les années passés, parce que les ventes coïncident avec le début du jeun. En effet, la plupart des clients préfèrent acheter de grandes quantités pour couvrir leur consommation durant le mois de ramadan et l’été. Selon Mohamed Lemine, commerçant au Marché de la mosquée marocaine : « la récolte cette année est bonne, la qualité aussi « . Pour lui, malgré le manque de pluie, l’irrigation des palmiers dattiers n’a pas beaucoup souffert. Il faut dire que la « Guetna  » ne s’achèvera qu’en fin août. Reste que l’importation des dattes mauritaniennes souffre encore d’handicaps.

C’est ce qu’expliquera Aminetou Mint Ahmed qui déplore l’absence d’entreprises dans le domaine des produits dattiers et la non industrialisation du secteur. La plupart des oasis restent la propriété de familles, des parcelles transmises de génération en génération, sans aucun esprit d’innovation.

Mohamed Abdellahi Dahhy(Stagiaire)

Source  :  L’Authentique le 22/07/2012

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