AFCF: Pour une stratégie de promotion des droits féminins

(Crédit photo : Tahalil Hebdo)

L’Association des Femmes Chefs de Famille (Afcf) a organisé du 26 au 28 juin dernier un atelier pour la mise en place d’une stratégie de promotion des droits des femmes auquel ont pris part une trentaine de participants venus des régions du Gorgol, de l’Assaba, de Dakhlet Nouadhibou et de Nouakchott.

Cet atelier se tient dans le cadre du projet FAM (Former et Agir en Mauritanie) initié il y a de cela deux ans.

Le présent atelier fait suite à une série de rencontres tenues à Nouakchott et à l’intérieur du pays. Il s’agit maintenant pour les représentants de la société civile concernés, de mettre en place un plan d’action, une stratégie pour la promotion des droits des femmes en vue d’aboutir à la levée de la réserve sur la Convention pour l’Elimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes (CEDEF).
Les participants ont saisi cette occasion pour revisiter et identifier les problèmes liés au respect des droits des femmes mais aussi et surtout, pour dégager une stratégie efficace à même d’inciter les décideurs étatiques à lever la réserve sur la CEDEF. Cet atelier est l’aboutissement d’une série de rencontres effectuées dans le cadre du projet FAM qui, il faut le rappeler, vise à contribuer au renforcement des capacités de la société civile mauritanienne à défendre et promouvoir les droits des femmes et à lutter contre toutes les formes de discrimination dont sont victimes les femmes mauritaniennes. Il a été question donc de revisiter les articles 13, 15 et 16 de la CEDEF concernant les droits des femmes, les héritages et les mariages. Ce projet a été initié par l’Ong française Agir Ensemble pour les droits humains en partenariat avec l’Afcf et deux autres organisations mauritaniennes de défense des droits de l’homme.
Dans son mot à cette occasion, Aminetou Mint Ely, présidente de l’Afcf, a soutenu que «la femme mauritanienne est restée longtemps maintenue hors du circuit de responsabilité et des centres de décision, de la méconnaissance des lois » qui constituent un «handicape à sa promotion et sa marche vers l’égalité». Toutefois, elle a indiqué que «cet atelier va ouvrir un débat sur la levée de la réserve sur la CEDEF en vue de son harmonisation avec les juridictions nationales relatives aux droits de la femme». A en croire Aminetou, «tout l’arsenal juridique mauritanien est discriminatoire à l’égard des femmes en matière d’héritage».
Selon certains observateurs, l’amélioration de la situation de la femme passe par l’implication et l’adhésion des hommes. « C’est encourageant de voir que les hommes adhèrent aux revendications des femmes. Ils sont nos partenaires de tous les jours» reconnaît Ba Aïssata Alpha, consultante en France travaillant sur la problématique des femmes. Selon elle, «les choses ne vont jamais changer si les hommes ne sont pas associés». Dans sa conviction, elle pense que «la CEDEF est mal interprétée» d’où l’hésitation des décideurs et des acteurs religieux. Toutefois, les femmes nourrissent l’espoir de voir un jour leur situation s’améliorer au grand bonheur de tous les défenseurs de leurs droits.
Ibou Badiane

 

Entretien avec Mme Salimata Sy

En marge de l’atelier de mise en place d’un plan d’action, Mme Salimata Sy, coordinatrice du projet FAM au niveau de l’Afcf, est revenue succinctement sur l’ensemble des points forts de celui-ci tout en faisant une évaluation sommaire de ce projet. Interrogée à cette occasion, elle explique :
«La Mauritanie a émis deux réserves sur les articles 13 et 16 de la CEDEF concernant l’héritage et le mariage. Par rapport à ces deux réserves, nous voulons que nos oulémas se penchent sur cela pour nous éclairer un peu plus. C’est pourquoi, cet atelier vise à faire un plan d’action après une série d’activités organisées à Nouakchott et à l’intérieur du pays. Et nous voulons associer ces acteurs pour élaborer ensemble un plan d’action, voir une photographie des lieux et avoir leur avis sur la situation de la femme et comment, eux en tant qu’acteurs de la société civile peuvent se greffer dans le cadre d’une stratégie commune» a-t-elle indiqué avant de poursuivre : «Durant trois jours, nous avons réfléchi ensemble pour identifier les besoins, les priorités et les moyens que nous devons mobiliser pour combler le déficit qui existe par rapport à la promotion des droits des femmes», note-t-elle.
Les moyens d’y parvenir?
«Pour y parvenir, nous voulons sensibiliser d’abord l’opinion publique, surtout les décideurs parce qu’on ne peut pas ratifier une convention et la laisser dans les tiroirs. Aujourd’hui, on est loin de l’égalité entre homme et femme en matière de droit et de complémentarité. Nous voulons que les femmes qui représentent 51,6% de la population mauritanienne soient impliquées dans tous les domaines de la vie. Cette frange engagée, debout doit être prise en compte et non marginalisée ou discriminée».
Quid du bilan du projet FAM?
«Par rapport au bilan du projet FAM, j’estime qu’il a contribué au renforcement des capacités de la société civile, notamment au niveau des associations porteuses de projet mais aussi celles avec qui nous collaborons. Ceci en matière de gouvernance administrative, de gestion des personnes ressources, en gestion des programmes et de leur mise en application. D’autre part, le projet a permis le renforcement de nos rapports entre associations, entre nous et les décideurs, une prise de conscience généralisée sur la nécessité de partenariat entre acteurs et décideurs pour conjuguer nos efforts et arriver à une fin au profit de tout le monde. Enfin, le projet a contribué à la visibilité du travail de la société civile par le canal des couvertures de la presse. Le projet a permis de mesurer le niveau d’engagement de la société civile pour améliorer la situation de la femme mauritanienne».

Propos recueillis par Ibou Badiane

Source  :  Tahalil Hebdo le 04/07/2012

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