Fin du rapatriement des réfugiés : Un processus au goût d’inachevé

(Crédit photo : Le Rénovateur)

Les réfugiés mauritaniens, expatriés pendant deux longues décennies seraient totalement entrés dans leur bercail, accueillis en grandes pompes comme tout citoyen, munis de leurs pièces d’état civil et reprenant, malgré les nombreuses imperfections de l’opération de rapatriement et d’insertion dans les sites aménagés à cette occasion, gout à vivre loin du difficile dépaysement,

qui avait hanté plusieurs années durant certains d’entre eux, avant de voir cet Etat à l’origine de leur calvaire, se repentir de ses actes et tendre ses bras grands ouverts pour leur rendre tant bien que mal leur dignité confisquée.
En annonçant hier dans la capitale du Trarza,, la fin des opérations de rapatriement de nos frères déportés au Sénégal, le président de la république montre une nouvelle fois, sa volonté de régler cet épineux dossier, que d’autres avant lui, s’étaient réservés d’apurer, convaincus qu’étant juge et partie, ils ne feront devant l’histoire que leur propre et macabre procès. Certes ce retour au bercail est une source de joie immense pour les rapatriés, comme c’est le cas pour tout exilé forcé qui rejoint les siens après de nombreuses années de déportation. Il n’en demeure pas moins qu’il est aussi imparfait dans certains de ces principaux volets sociaux et économiques, voire même juridiques pour les victimes les plus tenaces à un droit de mémoire et de justice. Si l’Etat mauritanien peut aujourd’hui se féliciter d’avoir relevé le pari du retour, comme il vient de le déclarer dimanche à Rosso par le biais du chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz en personne, en présence du Haut Commissaire aux Réfugiés M. António Guterres, il doit prendre onscience des défis qu’il faut également affronter pour que cette opération de rapatriement ne se limite pas à un sauvetage d’un enfer pour aller dans un autre. Il faut nécessairement des mesures d’accompagnement gigantesques pour que les imperfections enregistrées et généralement répertoriées et répétées par les Ongs spécialisées dans le dossier des réfugiés mauritaniens soient surmontées pour que ce bonheur dû au retour au bercail ne se dissipe pas en fumée sous l’effet d’expropriations des terres des déportés, de non rétablissement des victimes parmi les anciens fonctionnaires réfugiés dans leurs droits, de non versement d’indemnités, voire même de droit de vérité et de mémoire pour que la réconciliation nationale scandée par les autorités ait réellement cette portée qu’on veut lui donner, surtout que cette victoire à demi-teinte est fêtée en communion avec des partenaires locaux et internationaux qui ont déployé d’énormes efforts pour tirer la Mauritanie du cercle vicieux de la séparation et du déchirement. Enfin, rappelons que plus de 24.152 réfugiés mauritaniens du Sénégal, appartenant à 5656 familles et réinstallés dans 120 sites dans les wilayas du Brakna, du Trarza, du Gorgol, du Guidimagha et de l’Assaba, auraient été rapatriés grâce à ces opérations, donnant ainsi à l’occasion de la fin de leur retour droit au pays à célébrer le rêve de réconciliation nationale. Certes, plusieurs Ongs ne sont pas du même avis que l’Etat mauritanien et pensent que le processus est aussi long pour se limiter à un retour de familles bredouilles rentrées sans moyens, ni habitat, ni terres et de surcroit hantées par le triste sort des leurs disparus auxquels ils tiennent au moins des cas à rendre la dignité. Un souhait qu’il est permis de nouveau d’espérer , puisque le président de la république a réitéré son engagement et sa détermination à aller de l’avant dans le règlement de toutes les séquelles du passif humanitaire découlant du cumul historique et des pratiques illégales pendant les périodes passées. Les mêmes promesses ont été tenues aussi par le ministre de l’intérieur et de la décentralisation, selon lequel, Ould Abdel Aziz est déterminé à  » régler tous les détails en vue d’une bonne insertion de l’ensemble de nos citoyens concernés « . Wait and see

Amadou Diaara

Source  :  Le Rénovateur le 26/03/2012

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