« Vieux neo-révolutionnaires » et leaders Zenga-zenga !

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Comme l’on pouvait s’y attendre, la réplique du Président de la République à la sortie de l’opposition, le lundi dernier, ne s’est pas fait attendre. Parti à Nouadhibou dans le cadre d’une visite mélangeant l’air de campagne et la promotion du bilan, Mohamed Ould Abdel Aziz est revenu à ses habitudes.

Celles que les Mauritaniens lui avaient découvertes au lendemain de son putsch, en 2008. Distribuant les invectives et lançant les défis à coup de chiffres et de données qu’il est le seul à détenir, il est longuement revenu sur les propos des « élites du vol » qui veulent aujourd’hui son départ.

Comme en 2008 et 2009, le Président est venu renouveler ses promesses Dan cette longue diatribe à la Castro, le Président des pauvres a grignoté de tous les registres en vue de se reblanchir devant ses auditeurs, censés être les couches profondes du pays transportées de partout pour écouter le sermon du chef. Ould Abdel Aziz n’a concédé aucun échec, aucune maladresse, aucun faux pas. Tout est merveilleux dans la meilleure des démocraties. Et si quelque chose ne marche pas dans ce pays, c’est la faute aux autres. A tous les autres. Ceux qui refusent de marcher le rang de la Mauritanie nouvelle de 2008. La faute incombe aux gabegistes, aux criminels et aux prédateurs qui ont régi ce pays pendant trente ans. Ceux ci, dit-il, ont pillé la patrie, humilié son peuple, appauvri ses populations, détourné ses biens, dilapidé ses ressources, saboté son système de formation et d’enseignement, brouillé ses rapports intercommunautaires à travers des mensonges et des manipulations ayant conduit à des drames comme le passif humanitaire.

Avec un simple retour en arrière, le président semble avoir désavoué le règne de ses anciens chefs militaires qui, il y a un peu plus de trente ans, avaient commis la grande forfaiture dans l’histoire du pays.

Et depuis, le pays n’a eu droit qu’au pire dont les expressions extrêmes se manifestent aujourd’hui à travers la carence du pouvoir. Le mensonge qui servait de programme de gouvernement depuis 1978 se trouve même être affiné et financé par les biens de la collectivité. Et le Président Aziz en sait quelque chose. Lui qui était à l’ombre -ou à l’affût ou en stage- de ses supérieurs de l’ombre desquels il n’arrive pourtant pas à se libérer.

Pourquoi le président se complaît-il à incriminer un passé qu’il n’a pas le courage de solder par l’ouverture d’un audit général de la gestion des affaires, au lieu de faire ressortir ce passif comme une échappatoire à chaque bout de champ ?

Bon sang, jugez-ce passé et apurez-le ! Si vous en êtes incapables, oubliez-le et passez à autre chose.

Personne ne pardonnera à Aziz de faire des périodes passées son souffre-douleur, sans oser rompre avec elles et en composant avec leurs hommes, leurs méthodes, leur système et sa manière d’exploiter la naïveté des Mauritaniens. Idem pour des questions comme le passif humanitaire, les réfugiés et l’esclavage.

Dans le discours, les propos sont progressistes, justes, mais ils manquent de sincérité et de courage de les surmonter, car rien de concret n’est fait. Sur ces questions, c’est comme de l’hypocrisie dans le verbe, le blocage dans les faits ! A Nouadhibou, le Président Aziz est malheureusement descendu d’un cran encore plus bas en indexant les opposants à son régime de « vieux ».

C’est, à la limite, une mauvaise expression qui ne doit pas sortir de la bouche d’un homme qui se veut président des Mauritaniens.

Le président Aziz n’a-t-il pas pensé à son état quand il aura soixante-dix ou quatre vingt ans ? Accepterait-il que quelqu’un lui fasse le reproche d’être devenu vieux ? Non, Monsieur le Président !

Les plus élémentaires règles de savoir vivre et de décence exigées d’un chef vous interdisent de parler de la sorte.

Certes, ceux qui vous critiquent sont loin d’être d’accord avec votre politique et vos options, mais de grâce, ne tombez pas dans l’invective, l’insulte et la colère. Qui dirige un peuple comme le nôtre doit avoir les épaules larges, l’esprit posé et le vocabulaire éduqué et mesuré.

Parler comme un banlieusard inculte et dépité ne sied pas à un chef d’Etat. Sauf s’il aspirait à être rangé dans les annales de l’histoire dans le livre des zenga-zenga !

Amar Ould Béjà

Source  :  L’Authentique le 19/03/2012

(Lien vers l’article : http://lauthentic.info/spip.php?breve43 )

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