Abdallahi Ould Mohamed dit Nahah, secrétaire général de la CGTM .

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«Se vanter d’avoir recruté 2000 maîtrisards comme détaillants de boutiques ou comme gestionnaires de fontaines publiques, c’est une honte et une insulte pour la République et sa jeunesse. »

Abdallahi Ould Mohamed dit Nahah est secrétaire général de la CGTM. Syndicaliste engagé en faveur des travailleurs, il s’exprime sur le Salon de l’emploi qui vient de se tenir et les moyens susceptibles d’absorber le chômage, et le mot d’ordre de grève lancé en direction des employés de la sous-traintance à Zouerate.  

Taqadoumy : La CGTM n’a pas participé au Salon pour l’emploi, quelles en sont les raisons?

Abdallahi Ould Mohamed  (A.O.M) : Effectivement nous n’avons pas participé au Salon de l’emploi parce que nous n’y avons pas été conviés. Et ce n’est pas le seul cadre ou forum auquel on n’a pas été convié. Depuis un certain temps le gouvernement a délibérément fait de l’exclusion de notre organisation un peu une politique globale. A titre d’exemple nous n’avons pas été associés à la question de l’adoption des programmes de réduction de la pauvreté et tant d’autres activités auxquelles doivent normalement prendre part les centrales syndicales.  

Taqadoumy : Certains responsables de centrales syndicales pensent  que ce salon n’est que de la poudre aux yeux pour calmer les ardeurs d’une population lasse d’attendre, êtes-vous de leur avis?

A.O.M : Nous avons besoin d’autre chose que d’un salon. Il faut tout d’abord qu’il ait une stratégie nationale d’emploi. Et nous pensons que celle-ci exige une adhésion consensuelle entre l’ensemble des acteurs, l’Etat, les employeurs, les organisations syndicales des travailleurs et les partenaires au développement de la Mauritanie. Un salon, un échange d’idée c’est important, mais le pays a besoin de bien plus.

Taqadoumy : Selon vous comment procéder concrètement  pour absorber le chômage?

A.O.M : La question du chômage est une fondamentale. Il y a des mesures immédiates qui peuvent être entreprises et qui peuvent contribuer tant soit peu à alléger ce fléau et les souffrances de cette très importante composante de notre force productive qui est en marge. Nous ne pouvons que comprendre  l’amertume et la déception que ressent celle-ci. Car  se réveiller tous les jours sans avoir le moindre revenu pour pouvoir faire face à ses besoins les plus urgents – nourriture, habillement éducation, santé, n’est pas du tout gai. Le chômage présente également un handicap majeur pour tout développement économique, elle engendre une perte de force, une destruction énorme d’énergie. Parmi les mesures immédiates qui peuvent être envisagées, il y a la possibilité légale d’interdire le recours aux heures supplémentaires dans l’ensemble des secteurs d’activités économiques, cela peut permettre la création de quelques milliers d’emplois. Il faut également envisager des politiques de transformation au moins ne serait-ce que pour un premier degré pour un certain nombre de matières qu’on exporte notamment le traitement du poisson, le minerai de fer, de cuivre, car cela va générer une plus-value et par conséquent une possibilité d’emploi. Aujourd’hui  le pays doit absolument se débarrasser, de la tutelle qu’imposent le FMI et la Banque mondiale pour que l’Etat puisse recruter un maximum de personnes dans le domaine de l’éducation de la santé ou il existe un manque cruel de personnel, au lieu de se vanter d’avoir recruté 2000 maîtrisards comme détaillants de boutiques ou comme gestionnaires de fontaines publiques, c’est qui est une honte et une insulte pour la République et sa jeunesse. Mais avant tout on doit se doter – comme je le disais tantôt – d’une stratégie globale qui se fixe des objectifs et les moyens qu’il faut pour atteindre ces objectifs. Cette stratégie doit-être adoptée dans un cadre consensuel par l’ensemble des acteurs, Etat, patronat, centrales syndicales des travailleurs et partenaires au développement.            

Taqadoumy : Alors que l’UGTM a décidé de renoncer à tout débrayage, la CGTM continue à maintenir son mot d’ordre de grève en direction aux employés à Zouerate, peut-on connaître les raisons qui ont a amené la centrale à agir ainsi ?  

A.O.M : C’est vrai l’UGTM a annoncé qu’elle met fin à son préavis de grève mais cela n’a  pas un impact énorme sur les travailleurs. L’UGTM est une petite organisation qui n’a pas de poids important. En fait sur plus de 2000 travailleurs de la sous-traitance, les 1600 sont affiliés à la CGTM. L’approche qui est suivie du côté de Zouerate est très grave. Il y a une administration qui est barricadée derrière une idéologie militariste qui pense que toute doléance, toute déclaration des travailleurs ou toute tentative d’amélioration des conditions des travailleurs est à assimilée à une action de déstabilisation du pays. Et aujourd’hui cette administration met particulièrement la CGTM dans son collimateur à cause de la position qu’occupe la CGTM dans la région et son refus de se mettre sous la tutelle de qui que ce soit en dehors du respect de la volonté  des travailleurs. De toutes les façons ces autorités sont appelées à quitter, elles ne sont pas éternelles, les travailleurs resteront et ce sont eux qui auront gain de cause. Car ce n’est pas normal qu’ils contribuent à réaliser autant de bénéfices pour ne récolter que des miettes en retour en sus de l’humiliation qu’ils continuent à subir. Le gouvernement est en train de soutenir aujourd’hui que les travailleurs de la sous-traitance sont des bonnes conditions, cela est faux. Ces employés souffrent dans leur chair, ils sont soumis à une sorte d’esclavage moyenâgeux. C’est pourquoi la CGTM va continuer à mener sa lutte qui ne date pas d’aujourd’hui. Nous allons continuer à nous battre, quelque soit le prix à payer.    

Propos recueillis par Samba Camara

Source  :  Taqadoumy le 23/02/2012

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