De l’opium pour dormir…

Le dernier rebondissement dans l’affaire de la drogue en dit long sur la confusion et la cacophonie avec lesquelles ce dossier a été géré.

 

 

 

En son temps, votre journal avait dénoncé les libérations en cascade prononcées par le tribunal, soulevant beaucoup de points d’interrogations sur la véritable identité de ces « puissants » qui soutiennent les filières de la poudre blanche et de la coke en Mauritanie.

En effet, il sautait aux yeux qu’une affaire si grave qui compromettait la souveraineté d’un pays, déstabilisait son économie et tuait la crédibilité de l’Etat et des ressortissants mauritaniens partout à travers le monde, ne pouvait pas se solder par un acquittement pur et simple de tous les impliqués. Mieux, nous avions dit en son temps que la grâce présidentielle accordée à l’un des accusés présumés, qui était supposé commettre ´son forfait sous le couvert de sa qualité d’officier chargé justement de traquer ces filières, sapait la crédibilité de l’institution de la Présidence de la République, surtout que le mic mac du passe-droit était aussi évident que flagrant dans l’adoption de cet élargissement.

L’opinion, très remontée , aussi bien contre la fameuse grâce présidentielle (qui soit dit en passant est refusée à Ould Khattry pour on ne sait quelles raisons inavouées) que contre la décision de la Chambre criminelle, avait fini ou presque par être convaincue que la drogue est une véritable peste qui gangrène notre société et que les arrestations que l’on exhibe, de temps en temps, par ci et par là, ne visent que les petits voleurs d’oeufs. Les magnats, eux, se la coulent douce, jouissent de privilèges, assoient leurs empires tentaculaires et se reconvertissent, facilement en rabatteurs de devises, en distributeurs de marchandises en gros, en importateurs de véhicules de tout calibre. Mieux, ils s’érigent même en notables tribaux, en dignitaires politiques ou en mécènes irréprochables ! Parfois, ils sont même

Les conseillers occultes des ténors du système qui repose, en grande partie, dans la sombre partie de ses finances sur les ristournes qu’ils font en faveur de la « Formation » ou du groupe. En réalité, l’argent de la drogue avait remplacé les immenses « liquidités » que le régime de Saddam Hussein et les folies de Kadhafi déversaient, par diverses voies, sur la Mauritanie. D’où, peut-être, l’impossibilité d’étrangler « le flux » par la force de la loi et la rigueur de l’Etat !

Autre preuve de la cacophonie qui contribue à faire diversion en faveur de certains « gangs » presque autorisés, le Parquet vient de « renoncer » à son verdict en décidant de rouvrir le dossier.

Malheureusement, ils s’y sont pris de manière assez maladroite en n’interpellant qu’un seul accusé. En l’occurrence, l’accusé le plus faible et le moins « protégé », tribalement parlant ! Les autres se promènent pourtant librement à Nouakchott, jouissant, eux, de la protection du « Clan » au sens large du terme. Ici aussi, malheureusement, notre justice et notre système d’Etat est mis à rude épreuve : comment couvrir un officier d’une grâce présidentielle pour le couvrir, et interpeller, manu militari, à la veille de la fête, un seul accusé de la bande ?

Plus grave, si l’on en croit la défense du malheureux, il n’aurait jamais été présenté à un juge d’instruction, des policiers ayant parfaitement joué le rôle, ce qui est une violation flagrante de la procédure et des droits de l’accusé !

Ce que les mauritaniens veulent et attendent du pouvoir en place, est qu’il ouvre le dossier de la drogue et mène des enquêtes sérieuses et fiables pour remonter toutes les filières, civiles, militaires, administratives et sécuritaires qui couvent les criminels. Tous ces pans de la société sont concernés, et l’ancien chef de l’Etat Mohamed Khouna Ould Haidalla l’avait bien souligné dans une déclaration rendue publique l’an dernier qui ciblait plus particulièrement une filière entretenue par des hauts officiers de l’armée nationale.

Sans l’ouverture volontaire, intransigeante, transparente, résolue et claire du dossier de la drogue, nous ne le dirons jamais assez, la lutte affichée n’est qu’une simple poudre aux yeux. Au mieux, c’est de l’opium pour hypnotiser ceux qui attendent tant que la poudre blanche disparaisse de notre circuit économique vital !

Amar Ould Béjà

Source  :  L’Authentique le 06/09/2011

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