Néma commémore l’anniversaire de l’attentat terroriste

La ville de Néma, en Mauritanie orientale, se souvient de l’attentat perpétré par Al Quaida contre une caserne militaire, qui a transformé la région.

 

 

 

Un an après l’attentat suicide contre la caserne perpétré dans la ville de Néma, à l’est de la Mauritanie, les habitants de la région se rappellent de l’attaque avec une amertume non dissimulée envers Al Quaida lorsqu’ils expriment leur crainte de voir un tel événement se répéter.

Située à environ 1 000 km à l’est de Nouakchott, la ville de Néma est encore sous le choc de l’attentat de l’année dernière. Cette attaque a généré des tensions chez les habitants et transformé la région en un centre d’opérations militaires contre Al Quaida au Maghreb Islamique (AQMI).

Un soldat, stationné dans la base militaire lors de l’attentat, se souvient du moment où Al Quaida a lancé l’assaut : « Le 14ème jour du Ramadan, à 1h30 du matin, une Land Rover est arrivée et s’est arrêtée face au bâtiment provincial, à 70 mètres seulement de la porte du 5ème quartier militaire. Le véhicule a ensuite braqué ses puissants phares sur les gardes de la caserne, ce qui les a alertés. »

Le soldat raconte que les gardes ont alors alerté les personnes présentes dans la caserne et leur ont demandé d’évacuer immédiatement les lieux. « La situation s’est dégradée lorsque l’auteur de l’attentat suicide a lancé sa voiture sur la porte, à une vitesse maximale. Les voix des gardes sont alors devenues de plus en plus fortes. L’un des soldats a ouvert le feu, déconcentrant ainsi l’auteur de l’attentat. Le véhicule a alors heurté une barrière de sécurité et un bloc de ciment placé à côté, » ajoute-t-il.

« Mais la porte a immédiatement volé en éclats : le véhicule était bourré de TNT, en quantité importante. On ne voyait plus que de la poussière et des panaches de fumée. Une violente explosion s’est ensuite produite ; elle a été entendue à plus de 40 km de là, selon les habitants des villages voisins. »

Il raconte encore : »Un moment après, les baraquements se sont réveillés sous l’horreur du choc, et les soldats et les officiers ont commencé à inspecter les victimes de l’opération. Trois soldats ont été blessés, et ils ont été immédiatement transférés pour recevoir un traitement. Concernant le kamikaze, son corps a été déchiqueté ».

Selon Sidi Ould Abdul Kader, un journaliste habitant à Néma, les habitants de la ville vivent dans la peur depuis l’attentat. Il déclare que l’état d’urgence permanent exige l’arrêt et l’inspection de tous les véhicules en transit.

« En plus, la prise de conscience des habitants de la ville face aux questions de sécurité a largement augmenté, et ils traitent avec une grande prudence les gens qui paraissent suspects », indique-t-il.

« Cette ville tranquille, qui s’appuie sur l’élevage du bétail et les échanges commerciaux avec les zones situées au nord du Mali, n’a jamais connu une attaque similaire à celle qui a frappé la ville, ce quatorzième jour de Ramadan, hormis une seule fois dans l’histoire », raconte Mohamed Ould Saleh, 68 ans, militaire à la retraite résidant à Néma. »Mais cet attentat était différent en termes d’objectifs ».

Il dit que la ville n’avait pas connu depuis les années 1950 un déchaînement de violence similaire à celui de l’attentat perpétré l’année dernière par Al Qaida. « L’attaque lors du dernier Ramadan à Néma visait le symbole de l’Etat mauritanien et de ses citoyens ».

« Je me souviens encore de cette explosion avec beaucoup de crainte et de tristesse », dit Mohamed Ould Elhaj, enseignant à Néma. « Le choc a été tellement immense et fort que les fenêtres se sont brisées et que les portes des magazins ont été démolies. Elle a laissé derrière elle des blessures encore vivaces dans l’esprit de la majorité des habitants de la ville ».

« Mais ce qui encore davantage frappé les habitants, c’est qu’ils ont trouvé le matin suivant des parties du corps du kamikaze dispersées dans différentes zones », ajoute-t-il.

« Les éléments de la gendarmerie de la ville ont également trouvé un morceau de la Kalashnikov que le kamikaze portait autour de lui quand il est tombé sur leur centre, situé à quelques mètres de la scène de l’attentat ».

Jemal Oumar

Source  :  Magharebia le 23/08/2011

Diffusion partielle ou totale interdite sans la mention : Source : www.kassataya.com

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page