A quand le remaniement des habitudes ?

A chaque remaniement ses incohérences.Cette pratique héritée de l’ancien système fait qu’on ne sait plus qui mérite de rester, qui mérite de quitter, qui mérite tout et qui ne mérite rien.

 

Les changements se font à l’emporte-pièce sans vision, sans motif convainquant.Les ascensions se font au hasard, et le plus souvent à la tête du client.Le critère du mérite a du mal à s’imposer comme seule règle objective, determinant la nomination d’un cadre à un poste de haut rang.Il y a aussi une incohérence dans l’organigramme de l’architecture gouvernementale.

A ce niveau c’est l’instabilité totale. A chaque remaniement on assiste à la suppression d’un département, à la création d’un autre, à la fusion. C’est l’incohérence totale qui prévaut. Cela dénote d’une absence d’un schéma clair, d’un plan rigoureux de gestion axé sur un programme bien élaboré répondant à une stratégie structurée et orientée vers des objectifs bien définis. Depuis plus d’une année, les méthodes sont les mêmes : l’improvisation et les hésitations sont une règle. Il y a une sorte de cafouillage à tous les niveaux. L’apparence des décisions ne correspond pas à la réalité des choses. Partout la machine est coincée. Rien ne marche véritablement car c’est une « dialectique des contraires » qui imprime la marche de la politique gouvernementale. Et qui conduit le pays vers de horizons incertains. Les bonnes intentions ne sont pas suffisantes pour faire tourner un pays. Les mauritaniens ne sentent pas qu’il y a des hommes qui les gouvernent. Ils ont besoin non pas d’apprendre que le Président a remanié tout ou une partie de son gouvernement mais de voir que le pays est en train de changer de destin dont les impacts vont se répercuter sur le niveau de vie des habitants. Qu’ils soient appelés ministres ou « Wouzera » ou toute autre appellation ce n’est pas ce qui est important. C’est leur capacité de faire tourner la vie économique et sociale du pays qui regarde les mauritaniens. Or, nous ne voyons pas les dossiers évoluer. Le tout se joue au dessus des têtes des prétendus ministres qui sont là juste pour combler le vide car la nature a horreur du vide. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz doit sortir de sa bulle pour voir la réalité en face. Accepter surtout d’écouter ses bons conseillers s’il en a. L’exercice du pouvoir ne doit pas se résumer à la fameuse phrase de Napoléon « l’Etat c’est moi ». Dans un régime démocratique les principes du démembrement du pouvoir donnent à chacun une part de responsabilité de la gestion des affaires publiques. Aucun homme n’a le don d’omniprésence qui par essence est une incarnation divine. La Mauritanie souffre depuis des années du même mal qui gangrène les régimes africains : « la mal gouvernance ». Il ne s’agit pas de nommer ou de changer des hommes mais de mettre en place les mécanismes porteurs de progrès. Les mauritaniens attendent de leurs gouvernants un remaniement des habitudes et des pratiques. Pas de simples stéréotypes. Ils en ont assez vu !

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 13/02/2011

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page