Sidi Ould Tah, ministre des affaires économiques et du développement : « Tout celui qui perd un marché se plaint… »

sidi_ould_tahLe CFED de Nouakchott a abrité lundi 13 juin les travaux de la revue périodique conjointe du partenariat Mauritanie/Banque Mondiale. A l’issue de ces travaux, les deux parties ont signé un accord de financement d’un montant de 16 millions de dollars soit l’équivalent de 4,4 milliards d’ouguiyas pour la formation professionnelle.

Passée la signature, le ministre des affaires économiques et du développement, Sidi Ould Tah et Thiam Moctar, représentant de la Banque mondiale en Mauritanie ont répondu aux questions du Quotidien de Nouakchott, de Cridem et de la PANA. Le ministre abeaucoup insisté sur le probleme de la faible capacité d’absorption des fonds par la Mauritanie.

Il se pose à la Mauritanie, la faiblesse de sa capacité d’absorption. Que fait le gouvernement pour y remédier ?
Sidi Ould Tah : C’est une question importante qui recoupe la première. Le problème de la capacité d’absorption n’est pas spécifique à la Mauritanie. Il est commun aux pays en développement. Au niveau du MAED, nous avons réalisé un diagnostic des raisons de la faible capacité d’absorption en Mauritanie. Nous avons trouvé pas moins d’une vingtaine de raisons. Mais, pour les plus importantes, il y a celle que vient d’évoquer le représentant. C’est la passation des marchés. En Mauritanie, le système de passation des marchés qui était en place n’avait pas évolué par rapport au volume des projets, des financements que le pays est entrain d’absorber actuellement. Le système, essentiellement constitué de la commission centrale des marchés et de quelques commissions départementales était basé sur des comités d’évaluation composés de fonctionnaires qui avaient d’autres choses à faire, qui n’étaient pas exclusivement affectés à cette tâche. C’est ce qui explique les lenteurs en termes d’évaluation qui prennent parfois quelques mois alors qu’elles pouvaient se faire en une ou quelques semaines. Par rapport a la passation des marchés, il y a les contraintes liées aux plaintes. En Mauritanie, il y a une tradition : « si vous ne gagnez pas un marché vous vous plaignez ne serait ce que pour mettre les bâtons dans les roues du conçurent. » c’est une très mauvaise habitude de nos hommes d’affaires et des entreprises installées en Mauritanie. Comme l’a dit le représentant, la transparence, la rigueur veulent qu’à chaque fois qu’il y a une plaine, que l’on prenne le temps d’en vérifier le bien fondé. Le temps de s’en rendre compte, on perd quelques mois.
Avec les reformes que le gouvernement vient de lancer en matière de marchés publics, avec la mise en place dans les jours a venir de l’autorité de régulation de ces marchés et la mise en place d’une commission de contrôle, de structures de passation sectorielles, il y aura un arsenal juridique et un montage institutionnel qui vont permettre de traiter avec la célérité requise toutes les évaluations. Il y aura des équipes exclusivement dédiées à ces évaluations des offres.
Ensuite au niveau de l’autorité de régulation, il sera imparti un délai de 15 jours pour statuer sur les plaintes. Et, ces plaintes n’auront plus un effet suspensif de la procédure au-delà de ces 15 jours. Il s’agit la d’avancées qui permettront de gagner en temps d’évaluation mais aussi en transparence. Pour plus de transparence également, les 2/3 des membres de l’autorité de régulation ne seront pas des fonctionnaires. Il y a aura 1/3 pour la société civile et 1/3 pour le secteur privé. L’Administration sera donc minoritaire et on ne parlera plus de son interférence.

Processus de ratification…
Il ya d’autres raisons en plus du goulot d’étranglement de la passation des marchés. Il s’agit de celles liées au processus de ratification. Avant, on attendait que le projet soit signé, que la convention de financement soit signée pour lancer le processus de ratification. Depuis deux ans, nous profitons de l’article 60 de la constitution qui autorise le gouvernement à demander au parlement de l’habiliter à ratifier par ordonnance des projets de loi quand il est certain de signer une convention de financement avec un bailleur entre deux sessions parlementaires. C’est la même chose quand on ne peut soumettre aux deux chambres pour ratification une convention de financement. C’est ce que nous avons fait par exemple pour le projet que nous avons signé aujourd’hui. Le processus est déjà lancé. Le conseil des ministres a déjà approuvé le projet de loi d’habilitation qui est déjà entre les mains de l’assemblée.

Faible capacité d’execution…
Il y a aussi des obstacles lié à la faible capacité d’exécution au niveau des entreprises nationales. C’est un problème important sur lequel le gouvernement n’a pas beaucoup de pouvoir. Quand on lance un appel d’offre, celui qui gagne le marché est censé en être l’attributaire…Avec le nouveau système de passation des marchés, il y a une évaluation beaucoup plus rigoureuse des capacités des entreprises. Les moyens performantes seront éliminées. Celles qui resteront, quoi que performantes sur le plan administratif, sur le dossier technique ne mettent pas parfois les ressources qu’il faut, surtout les ressources humaines et financières pour exécuter le projet..
Avec l’appui de la Banque et en collaboration avec le secteur privé, nous pensons nous acheminer vers un programme de mise à niveau des entreprises du secteur pour qu’elles puissent mieux s’organiser mieux se doter en personnel et en équipement. C’est un vaste programme qui demande du temps.
Un dernier obstacle se situe au niveau de la préparation des projets, de la qualité des dossiers. Il arrive des fois ou des financements sont attribués pour des projets qui ne sont pas suffisamment murs. Donc on perd beaucoup de temps. Ca été le cas au début pour le projet de l’enseignement supérieur. Les financements ont été obtenus avant que les études ne soient réalisées. Nous essayons d’éviter ces situation en classant les projets par ordre de maturité et en ne soumettant aux bailleurs que les projets dont la maturité est suffisamment avancées pour qu’ils puisent être exécutés des que le financement est en place.»

Propos recueillis par Khalilou Diagana

 

Source: ANI

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page