La Mauritanie a recours à la biométrie pour lutter contre le terrorisme

Un tout nouveau système de pièces d’identité, destiné à empêcher l’infiltration de terroristes en Mauritanie, sera mis en oeuvre dans l’ensemble du pays d’ici le 20 juin, a récemment annoncé le gouvernement.

 

 

 

Ce projet sur les papiers d’identité et les documents sécurisés « nous permettra de constituer une base de données biométriques de tous les habitants du pays, ce qui renforcera la sécurité nationale et permettra de disposer des statistiques essentielles nécessaires aux décisions à prendre en matière de politiques de développement ciblées et efficaces », a déclaré le ministre de l’Intérieur Mohamed Ould Beilil le 5 mai.

« Répondant aux engagements pris par le Président de construire un Etat moderne, ce système techniquement très avancé sera une composante importante de la création d’un Etat mauritanien moderne », a-t-il ajouté lors du lancement de ce programme.

Ce projet permettra de lutter contre les fausses identités, l’immigration clandestine, les trafics de drogues et d’autres délits, ont expliqué ses initiateurs. Il permettra également de renforcer les contrôles aux frontières par le biais d’un système qui permettra l’identification de tous les habitants de Mauritanie, qu’ils soient citoyens ou résidents.

Les données sur la population obtenues grâce à ce système constitueront la seule référence pour l’émission de papiers officiels liés aux données personnelles des citoyens, des habitants et des résidents, ce qui, selon les autorités mauritaniennes, permettra de renforcer la sécurité.

Ce projet s’appuie sur un certain nombre de lois, notamment un décret approuvé par le parlement en 2010, qui envisage d’utiliser les techniques biométriques pour refondre le système des papiers d’identité. Un projet de loi de mise en application de ce décret a été récemment présenté par le gouvernement.

Le secrétaire général du ministère de l’Intérieur Mohamed El Hadi Massine a assuré que « le ministère a pris toutes les mesures nécessaires pour assurer le succès du processus d’identification des citoyens dans les meilleures conditions, de manière à permettre à chaque citoyen d’obtenir un numéro d’identification nationale et empêcher à l’avenir toute falsification de documents civils. »

Pour ce faire, l’Agence nationale du registre de la population et des documents sécurisés a ouvert des bureaux dans tout le pays, les a équipés d’appareils numériques et a formé des équipes pour suivre ce processus de la meilleure manière possible.

Ces équipes contrôlent les documents personnels de chaque citoyen, résident ou visiteur, et les comparent aux données de la banque de données de l’agence pour garantir leur véracité.

« Ce nouveau système d’identification et de sécurisation des documents jouera un rôle important dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé en particulier, dans la mesure où il mettra une fois pour toutes un terme aux falsifications d’identité que les criminels utilisent pour échapper à la justice », a expliqué Mohamed Mahmoud Ould El Weli, employé au registre civil, à Magharebia.

« Le coût technique de ce projet dépasse à ce jour 18 millions d’euros », a-t-il ajouté. « Nous nous attendons à ce que ce coût augmente encore dans un avenir proche. Je tiens à cet égard à souligner ici que ce projet est auto-financé. »

Certains analystes estiment que ce système permettra de renforcer la sécurité non seulement en Mauritanie, mais dans tout le Maghreb et dans la région du Sahel-Sahara.

« Les autorités mauritaniennes ont récemment pris conscience du fait que la lutte contre le terrorisme ne repose pas seulement sur le port d’armes, mais aussi sur le fait de combler toutes les lacunes permettant aux terroristes d’entrer dans le pays », a dit à Magharebia Mohamed Vall Ould Ely, un spécialiste de la sécurité. « Contrôler l’identité des citoyens et des visiteurs par le biais de systèmes électroniques modernes renforcera la sécurité nationale et au Maghreb en général. »

« De plus, la Mauritanie est récemment devenue la destination des immigrants clandestins en route vers l’Europe, des trafiquants de drogue et des bandes armées au Sahara qui cherchent à s’approvisionner », a-t-il ajouté. « Tout cela impose à la Mauritanie le besoin pressant de contrôler les identités par des moyens biométriques. »

Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud

Source  :  Magharebia le 26/05/2011

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