Nord Mali : A ne pas tomber dans le piège d’AQMI !

Une des stratégies d’Alquaïda au Maghreb Islamique (AQMI) semble être de mettre fin aux activités touristiques au nord-Mali dont dépend plus de la moitié des populations de cette partie du pays.

 

 

Ainsi, AQMI qui est par ailleurs en connivence avec des réseaux de narcotrafiquants deviendrait le premier pourvoyeur d’emplois et renforcerait son ancrage au sein des populations locales. Du coup, la lutte contre elle deviendrait compliquer. Et  C’est un véritable piège à éviter!

Ce que vise AQMI à travers ses menaces de faire des otages parmi les ressortissants occidentaux, c’est de détourner les touristes de la destination bande sahelo-saharienne. Car le tourisme est la principale activité économique de la plupart des villes de cette zone transnationale. En ce qui concerne Tombouctou, le tourisme fait vivre directement ou indirectement 60% des populations locales selon l’Office Malien du Tourisme et de l’Hôtellerie (OMATHO), bureau de Tombouctou. Le travail de la plupart des jeunes est lié au maintien du tourisme dans la ville. Si les activités touristiques se ralentissent à Tombouctou, ça se ressent immédiatement sur la ville. S’il y a une prise d’otage quelques part dans la bande sahelo-saharienne, les tombouctiens s’inquiètent, car ils attendent à moins de touristes à cette période.

Si le tourisme venait à disparaître à Tombouctou, AQMI avec les autres réseaux mafieuses (trafic de drogues et d’armes) évoluant dans la zone deviendraient les premiers employeurs à Tombouctou en particulier et dans le nord Mali en général, voire dans toute la bande sahelo-saharienne. Les populations en général et les jeunes en particulier seraient à leur solde. Ils emploieraient les jeunes et feraient des dons aux populations. Ils se feront ainsi estimer par les populations. Et de retour, ils seront soutenus et couverts par ces mêmes populations comme c’est le cas dans certains pays de l’Amérique latine. La lutte deviendrait compliquée même avec les moyens les plus sophistiqués au monde.

D’ailleurs, c’est déjà le cas dans certains villages et fractions enclavés dans le nord-ouest et au nord-est de la région de Tombouctou. Selon nos sources, AQMI ravitaille déjà beaucoup de populations de ces villages enclavés en vivres, médicaments et même en argent. Ces populations qui n’ont accès ni à un centre de santé ni à une salle de classe, bref, à aucun service social de base offert par l’Etat, considéreraient AQMI comme leur Etat. Car c’est AQMI qui les a offert ce que l’Etat, en principe, devrait leur offrir. Ces populations donnent leurs filles en mariage aux responsables d’AQMI, elles les couvrent et même les aident à combattre l’Etat si nécessaire.

Les villages et les fractions enclavés étant déjà acquis à sa cause, AQMI envisagerait d’adopter la même stratégie dans tout le nord Mali. Pour ce faire, il faut déstabiliser, voire éliminer ce dans quoi les populations locales gagnent leurs vies. Ici, c’est le tourisme. Ayant compris que les prises d’otages déstabilisent fortement les activités touristiques dans la zone, alors AQMI se sert de ce moyen pour faire chanter les chancelleries occidentales. Pour qui connaît le Mali, on ne peut pas quand même prendre un otage à Mopti et s’échapper ! 

Les autorités maliennes et ses partenaires, notamment la France doivent comprendre cette stratégie d’AQMI et éviter de ne pas tomber dans ce piège. La meilleure réponse à cette stratégie d’AQMI, c’est d’occuper le terrain. C’est de ne jamais laisser le terrain vide. Il s’agit d’installer des casernes et des postes de contrôle, construire des infrastructures majeures, assister les populations locales, encourager les touristes à venir massivement afin que soient sauvegardés les milliers d’emplois liés à la floraison du tourisme. C’est à ce seul prix, qu’AQMI et ses complices des autres réseaux de trafic de drogue et d’armes seraient acculés et gênés dans leurs mouvements. Les populations seraient à l’abri, car ayant le choix entre un emploi digne et une aventure meurtrière.

L’Etat malien semble heureusement se placer déjà dans cette optique. Car le Programme Spécial pour la Paix et la Sécurité dans le Nord Mali (PSPSNM) prévoie justement la construction de casernes et de postes de contrôles entre autres activités (la mise en œuvre de ce programme doit être accéléré).

La communication du Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, monsieur Soumeïlou Boubeye Maïga devant le corps diplomatique accrédité au Mali suite à l’alerte donnée par l’ambassade française au Mali déconseillant ses ressortissant de venir même à Mopti se place aussi dans la même logique. Le ministre Maïga a expliqué aux diplomates, la nécessité pour le Mali et les autres pays partageant la bande sahélo-saharienne d’être non seulement présent sur le terrain, mais aussi de coopérer dans le cadre d’une lutte commune. C’est en abandonnant le terrain qu’AQMI gagne du terrain, a-il implicitement expliqué.

Le ballon est donc dans le camp des partenaires du Mali, notamment la France de contribuer à son tour à la résolution de ce problème. Non pas en fournissant des armes au Mali, non ! Mais plutôt en ne considérant plus le nord du Mali comme une zone infréquentable. Etant donné que le risque zéro n’existe pas en matière de sécurité, le nord du Mali est une zone bien fréquentable par n’importe quel citoyen du monde contrairement à ce qui est généralement véhiculé par les ambassades européennes en générales et françaises en particulier. Ce que la France doit comprendre, c’est qu’en interdisant à ses citoyens de visiter la bande sahélo-saharienne, elle contribue en même temps à l’enlisement de ce problème AQMI. Aujourd’hui, il est impensable pour AREVA (une société française spécialisée dans l’uranium) de quitter le Niger. Cette société envisagerait même d’extraire l’uranium du Mali à Kidal. Comme le Mali, la France a aussi intérêt que cette zone soit pacifiée. Défendre ses intérêts a quand même un prix, chère France ! Mais étonnement, la France n’est pas solidaire dans la lutte pour la pacification de cette zone qui regorge et pourtant d’énormes intérêts pour elle. Elle se laisse facilement chanter par AQMI par rapport aux prises d’otages.

Diakaridia TOGOLA

Source  :  Lafia Révélateur via Mali Web le 27/04/2011

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