KASSATAYA. Cest un homme aux abois et beaucoup moins menaçant qui s’est adressé par téléphone à la télévision libyenne ce jeudi après midi.
Dans un long monologue souvent décousu Kadhaffi avait, visiblement, 2 objectifs : s’adresser à la communauté internationale et s’adresser aux libyens de l’intérieur, en particulier aux habitants de la ville de Zawiyyah ( proche de Tripoli et dans laquelle se déroulent des combats fratricides) auxquels il a demandé aux « parents de faire rentrer leurs enfants à la maison ».
Il a accusé les jeunes insurgés d’être des « drogués ». « Sortez parents. Comment ne pouvez vous être honteux de voir vos enfants drogués? Ramenez vos enfants chez eux, ces enfants qui tiennent des mitraillettes et qui vont attaquer les commissariats de police parce qu’ils sont sous l’emprise de la drogue « .
Kadhaffi accuse Ben Laden d’être derrière les soulèvements populaires et a agité la menace d’une « afghanisation » de la Libye si les salafistes réussissaient leur coup de force.
En direction des libyens, il a annoncé une série de mesures comme de supprimer les interêts des crédits en cours ou le prolongmentdes crédits afin de pouvoir » acheter une voiture neuve » par exemple.
De même il a annoncé une baisse des prix des denrées de premières nécesités comme le sucre ou l’huile.
Dans le même temps, contrairement à son dernier discours appelant à mater l’insurrection, le « Guide » a présenté ses condoléances aux familles des victimes.
Semblant prendre la mesure de l’ampleur de la révolte et de la détermination il s’est présenté comme un pouvoir simplement « moral », ayant « remis le pouvoir au peuple en 1969 ».
Pour la première fois, Kadhaffi n’est pas apparu en public mais a fait son allocution par téléphone, ce qui pose la question de savoir qui contrôle quoi aujourd’hui en Libye. Nul ne sait pourquoi il n’est pas apparu à la télévision.
Selon certaines sources plusieurs hauts gradés auraient déjà fait défection et l’Est de la Libye serait entre les mains des insurgés et ce front de l’Est se rapprocherait de Tripoli. Des combats serait signalés à quelques dizaines de kilomètres de tripoli, dans des villes proches.
Ce changement de ton avait été annoncé un peu plus tôt par une déclaration de Seïf el Islam qui invitait les diplomates européens et les journalistes à venir « constater qu’il n’y avait pas eu bombardements de civils ».
Visisblement tout s’accélére en Libye et Kadhaffi est acculé, dos au mur, lâché et pointé du doigt par la communauté internationale. Les Etats Unis, longtemps silencieux sur les événements libyens, ont fait savoir hier leur condamnation ferme des représailles. La France menace le leader libyen d’une saisine de la cour internationale de Justice pour « crimes contre l’humanité ».
