Les risques de contestations et d’agitations politiques se précisent : Serait-ce la fin de l’Etat de grâce politique ?

Il y a des signaux qui ne trompent pas. Arrestation de militants des droits de l’Homme, refus d’un dialogue sincère avec l’opposition, coût élevé de la vie avec les hausses récurrentes des prix des denrées de première nécessité, chômage endémique des jeunes, problèmes fonciers également récurrents le long de la vallée du fleuve, l’unité nationale mise à mal par des extrémistes et des chauvins de tous bords, prêts à remuer le couteau dans la plaie à toutes les occasions.

Bref, tous les ingrédients d’une contestation sur fond de crise politique se mettent peu à peu en place, s’ils ne le sont déjà.

Premier signe tangible, l’arrestation et l’incarcération de militants des droits de l’homme, de la sulfureuse IRA, une organisation non reconnue selon les autorités administratives. Second signe, la tourmente qui agite l’APP de Messaoud Ould Boulkheïr. Les jeunes loups du parti, à la tête desquels se trouve Samory Ould Beye secrétaire général de la CLTM, veulent d’un vrai combat contre l’injustice et l’oppression qui frappe la communauté haratine. Le leader du parti et président de l’assemblée nationale est perçu comme un « valet » de Mohamed Ould Abdel Aziz, préoccupé plus tôt, selon Samory Ould Beye, à faire la guerre aux anti esclavagistes. C’est dire de si l’APP est enrhumée, le pouvoir de Ould Abdel Aziz va éternuer et avec lui bon nombre de partis de la Coalition de la Majorité. Troisième signe, le RFD d’Ahmed Ould Daddah montre des signes de nervosité ou si l’on veut des ras-le-bol. Une conférence de presse convoquée pour le mercredi 5 janvier 2011 à 12 heures est reportée au jeudi 6 janvier à 12 heures. Se tiendra t-il enfin ? Rien n’est moins sûr puisque le parti reste suspendu au passage du premier ministre devant les députés, pour pouvoir tenir ce point de presse. Ne sachant pas trop comment le chef du gouvernement va interpréter le rapprochement entre Ould Abdel Aziz et Ould Daddah, les durs du parti veulent en tout cas d’une démarcation claire avec le pouvoir. Il semble que le Bureau exécutif du parti qui se réunissait aurait décidé de dénoncer urbi orbi, les dérives du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz. Plus révélateur des tensions politiques à venir, le Bureau Exécutif estime que la situation du pays est revenue à la période d’avant le 3 août 2005, en accusant le parti au pouvoir soutenant le Président de la république, de poursuivre la politique de l’exclusion et d’individualisme, ainsi que la nomination de ses proches à des postes clés, afin de favoriser le pillage des ressources du pays. Le bureau exécutif aurait également affirmé que les conditions et les politiques actuelles, ont poussé le parti à s’opposer aux précédents régimes. C’est ainsi que le RFD dont les relations avec la Coordination de l’Opposition démocratique, n’étaient plus réellement au beau fixe, a décidé de participer activement à la grande manifestation prévue par la COD le 13 janvier courant pour exprimer son refus des politiques du système actuel qui ont conduit, selon elle, à la détérioration du pouvoir d’achat des citoyens.
L’Union Pour la République (UPR) qui aurait pu jouer un rôle d’avant-garde et de conseiller bien écouté, suscite plutôt de la méfiance compte tenu du fait que c’est une photocopie du Prds où chacun applaudit à qui mieux-mieux pour replonger le pays dans son ère révolue de gabegie, de détournements de fonds, de patriotisme ronflant et autres maux dont la Mauritanie a souffert pendant plusieurs décennies.
C’est dire donc que l’année 2011 sera tout sauf sereine pour Mohamed Ould Abdel Aziz, surtout avec les élections municipales et législatives de novembre prochain.
 

Moussa Diop

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 06/01/2011

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