Le PM (se) dérobe…/ Didi ould Cheikhna

pm3_0C’est la troisième  fois que le Premier ministre, Moulay Ould Mohamed Laghdhaf, refuse de se présenter à l’Assemblée Nationale pour répondre aux questions orales de certains députés de l’opposition.

Ce refus, on ne peut plus déplacé et insolent, qui vient de revêtir, désormais, un caractère officiel, à travers sa notification par un courrier du ministre chargé des relations avec le Parlement, porte, en lui, les ingrédients d’une imminente crise institutionnelle. Revenons à la genèse.

Tout a commencé, il y a quarante cinq jours,  quand le député Yacoub Ould Moine a adressé une simple lettre au PM lui demandant des copies des rapports de l’inspection générale de l’Etat ( IGE), qui relève de l’autorité de la primature.  Aucune réponse ! Dix jours après, le même député reformule sa question, en motivant sa requête par la nécessité de comparer l’œuvre d’une institution, qui semble être créditée là-haut par des prouesses en matières de lutte contre la gabegie, et une autre institution, cette fois-ci, internationale ( Transparency International) qui nous classe au bas de l’échelle de la bonne gouvernance.  Cette question écrite met l’accent sur la nécessité d’ouverture d’un débat sérieux sur la thématique. Laquelle thématique a été l’objet, il y  a une année, d’une proposition de loi, par ce même député, que le gouvernement de Ould Mohamed Laghdhaf a délibérément ignoré. Il convient de rappeler, sur un autre registre, que la loi organisant l’action parlementaire stipule clairement l’obligation au Premier ministre de fournir une réponse qui doit être publiée au journal officiel.

En réaction à ces violations des textes répétées, le député a transformé sa question écrite, en question orale. Bien  que la loi organique oblige le PM à venir, dans la limite de trente jours,  défendre sa version, à l’hémicycle,   celui-ci s’est livré  à un jeu d’atermoiements. Le dimanche dernier, le ministre chargé des relations avec le Parlement a informé l’Assemblée, par écrit, que le PM ne pourrait se présenter car le travail de l’IGE est soumis au secret,  par on ne sait quelle lecture.

Il est évident qu’un tel blocage institutionnel  implique directement le premier Magistrat du pays, garant du bon fonctionnement des Institutions de la République, en sa qualité d’arbitre constitutionnel. 
On ne saurait comprendre comment un chef du gouvernement, dont l’action est censée être inspirée par les orientations d’un Président qui ne cesse de se vautrer et se gargariser de la transparence de la chose publique et du rôle- O ! Combien salvateur de l’IGE-   continue indéfiniment à se dérober de la défense, justement, de cette institution qui fait l’honneur et la vertu de son président ?!….

Pourquoi donc le PM continue à adopter une fuite en avant sur ce dossier ? Il semble que les rapports de l’inspection, secret de Polichinelle, recèlent des erreurs et manquements gravissimes qui prouvent, dans plusieurs cas, la domestication de cet outil pour humilier des adversaires politiques. Ce qui fait peur à certain !

Le même député a adressé une question orale au ministre des finances lui demandant une copie d’un fameux rapport, élaboré en 2009, par l’auditeur Ba Samba Dioum, sur les dépenses communes. Depuis l’évocation de ce rapport, ultra secret, une peur bleue s’est emparée des ministres concernés.

Aujourd’hui, on se retrouve dans une situation qui rappelle un peu celle qui a provoqué la fronde parlementaire ayant engendré le coup de force d’août 2008. Un blocage institutionnel, assorti d’une opacité absolue de la gestion des affaires publiques, entretenu par un PM qui se refugie dans une politique de l’autruche.  

Taqadoumy

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