De l’argent du contribuable mauritanien dans les caisses de certains partis politiques : Les critères d’attribution sont-ils vraiment de saison ?

Trois cent millions d’ouguiyas au bas mot, serait la rondelette somme que le ministère des finances s’apprête à débloquer au profit de certains partis politiques à qui elle sera partagée entre ceux ayant obtenu 1 % des suffrages exprimés lors des élections municipales de 2006 et ceux ayant franchi la barre de 1 %, en fonction de leurs résultats.

Ainsi, pour les partis ayant réalisés 1 % des suffrages exprimés lors de ces élections municipales dernières, vont se partager les 30 % de la cagnotte de 300 millions d’ouguiyas et les 70 % restants vont bénéficier aux formations politiques ayant franchi la barre des 1 %. Ce financement relève d’une loi adoptée par le gouvernement de transition de la période 2005-2007 qui prévoyait de financer les formations politiques au prorata des résultats obtenus au cours des dernières élections municipales. Il ne fait pas de doute que le Rassemblement des Forces Démocratiques de Ahmed Ould Daddah va se tailler la part du lion dans ce gâteau puisqu’il a réussi le tour de force d’engranger un bon nombre de conseillers municipaux et des municipalités lors des élections de 2006, se dégageant ainsi à la tête des partis de la CFCD comme celui le plus présent avec le pourcentage obtenu. Il est suivi, fait curieux pour ceux qui avaient vendu la peau de ce parti, par le PRDR. Ce dernier malgré la saignée  » indépendantiste  » reste toute de même la seconde formation politique sur ce registre. Il enregistre même le double du score de l’APP, placé troisième sur ce hitparade du plus grand nombre de conseillers municipaux. Outre le RFD, l’APP, l’UFP, le RD partis qui ont été des formations politiques alliées dans la CFCD, ce financement concerne également d’autres partis comme l’Alternative, le Front populaire, le PRDR, le RDU, le RPM-TEMAM, Sawab, l’UCD et l’UDP. Le hic est comment procéder pour distribuer cette cagnotte, car un état des lieux s’impose.

Que sont-ils devenus ?

Bon nombre de partis politiques éligibles à ce financement se sont disloqués. Le RDU n’existe plus, pour s’être fondu dans Adil. L’Alternative de Mohamed Yehdy Ould Mokhtar Hassen s’est fondue dans « Wiam » présidé par Boïdiel Ould Hoummeïd. L’UCD on ne sait plus ce qui en reste vraiment après que l’un des vice-présidents, M.Bâ Houdou Abdoul, ait quitté avec armes et bagages pour s’arrimer au PRDR. Les anciens ministres Rachid Ould Saleh, Mohamed Mahmoud Ould Deh et d’autres personnalités non moins importantes, ont aussi faussé compagnie à Cheikh Sid’Ahmed Baba le président du parti. Ils se sont dispersés aux quatre vents. De siège, l’UCD qui entretenait une grande villa non loin de l’hôpital, n’en a plus. Elle a vidé les lieux sans tambour ni trompette. Le RPM-TEMAM s’est, quant à lui, dilué dans l’UPR. Le Renouveau Démocratique qui a vu ses responsables se tourner le dos, n’a plus de siège, ni de téléphone. Sa seule adresse serait son député à l’assemblée nationale. Il n’a d’activité que pendant les sessions parlementaires. Oh si quand même, le président du RD a fait feu de tout bois dans une fronde contre Sidi Ould Cheikh Abdellahi ! Le RD n’a aucune activité digne de ce nom depuis belle lurette. Que dire du Front Populaire de Ch’Bih Ould Cheikh Mélainine. Il y a très longtemps que cette formation politique s’est faite oubliée dans le microcosme politique. Mais depuis quelques temps, son leader a refait surface sur la scène. Avec ce tableau peu reluisant, peut-on se permettre de libérer l’argent du contribuable, au profit de formations politiques qui n’existent plus ?

Ils cherchent jurisprudence
Défini comme l’argent alloué par l’Etat, sur les recettes fiscales, aux formations politiques dans le cadre de leur appui au renforcement de la démocratie, le financement des partis politiques devrait s’appuyer sur un certain nombre de critères clairement inscrits dans une Loi. Au nombre de ces critères devrait figurer, notamment, la participation aux différentes élections, la tenue régulière des assises des instances dirigeantes du parti, la présence d’un compte, pour le parti, logé à la banque ou dans une institution financière, l’inventaire, chaque année, des biens du parti qui seront transférés dans un compte dont la moralité et la sérénité sont reconnues par un organe compétent comme la Cour des Comptes, et la justification des dépenses faites par la formation politique. En clair, selon les dispositions qui sont à prévoir dans cette loi, doit être mentionné en bonne place que toute formation politique qui présente de faux documents perd d’emblée son éligibilité.
Si Malgré tout l’Etat décide de fermer les yeux pour octroyer des financements à des partis qui n’existent pas ou n’ont plus aucune activité politique, il y a fort à parier que des partis tels l’USD de Isselmou Ould Hanéfi, le PMDE de Mohamed Ould Sidi Ould Dellahi, le Plej de Bâ Mamadou Alassane, ne vont pas manquer de grincer des dents. A juste titre d’ailleurs puisque durant la phase de la transition il avait été retenu une proposition des formations politiques, consistant à distribuer 50 % du financement proposé à tous les partis politiques et à part égale et les 50 % restants à distribuer en fonction de la participation des formations politiques aux futures élections.

Moussa Diop

Le Quotidien de Nouakchott



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