Nouakchott/Marché noir des devises : La clandestinité à ciel ouvert

Quel est l’endroit le plus corrompu de Nouakchott ? Les observateurs avertis pointeront du doigt, sans hésiter, le marché noir des devises. Qui alimente ce marché qui brasse annuellement des centaines de millions d’ouguiyas ? S’il y a un lieu dans la capitale qui mérite un toilettage des autorités, c’est bien celui du marché noir de la devise. Arnaque, corruption, notre reporter ne vous dira pas le contraire. Pressé de se séparer de son billet de 50 Euros pour payer sa location, il a été arnaqué l’autre jour par un inconnu qui lui a remis en place des euros, 7 billets de 2000 ouguiyas, dont deux étaient faux. Qui l’eut crut, un pisse-copie qui tombe dans le piège d’un truand. Pris au dépourvu, il jura qu’on ne le prendra plus. Il a beau cherché son bourreau, mais ce dernier, comme par enchantement, a disparu de la nature. Des coups bas des monnayeurs qui favorisent la corruption, le blanchiment d’argent, la drogue et de manière plus générale la criminalité. Un marché noir est un marché illégal qui doit normalement se déroulait dans les règles de l’art, c’est-à-dire dans la discrétion. A Nouakchott, le marché clandestin se déroule en plein jour sous le nez et la barbe des autorités. A hue et à dia, ils font leur troc paisiblement, sans souci d’être appréhendé par la police, contrairement aux autres cambistes des pays du Maghreb qui prennent un luxe de précaution pour semer les flics. Aujourd’hui, il est important de s’interroger sur les offreurs de la devise. D’où viennent donc ces billets sonnants et trébuchants. Qui sont les fournisseurs ? Les mauvaises langues diront que leurs fournisseurs sont de gros bonnets. Pour ne pas s’impliquer, ils chargent des intermédiaires pour le transport des sommes d’argent à travers tout le pays, notamment à Rosso où la contrebande contourne les restrictions réglementaires et fiscales du pouvoir en place. Autres fournisseurs de billets de banque : les immigrés et expatriés mauritaniens de l’étranger. Ces derniers estimés à des milliers d’individus transfèrent annuellement vers la Mauritanie plus de 360 millions d’euros, selon les statistiques. Des flux financiers qui tombent aussi entre les mains du marché informel, où les impôts et les droits de douanes sont absents. Mais le hic dans ces échanges non orthodoxe : est comment les faux billets ont-ils pu atterri dans le marché noir de la devise. Ce marché informel des devises nuit à l’économie nationale et reste actif en face d’un laxisme des autorités qui tardent à réagir. Il est par contre étrange de voir que les plus grands demandeurs du change parallèle se trouvent être des importateurs locaux. Nombreux sont ceux qui font recours au marché noir. Ce qui explique la ruée des importateurs au change parallèle où ils s’approvisionnent en centaines de milliers d’euros, contrairement à ce que leurs offrent leurs banques. C’est leur seule motivation, afin de payer moins d’impôts et moins de droits de douanes. Dialtabé Source: Le Quotidien de Nouakchott

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