Après avoir obtenu la libération de Clotilde Reiss : Wade attaque André Parant

Le Sénégal vient de remporter un succès diplomatique avec la libération de la jeune Française Clotilde Reiss arrêtée en juillet 2009 en Iran pour motif d’espionnage. Une libération obtenue grâce à la médiation sénégalaise, mais qui, selon Me Wade, a surtout été retardée par la France, notamment à cause de André Parent, ancien ambassadeur de la France au Sénégal.

‘Dans quelques jours, vous aurez une grande nouvelle sur l’axe Dakar-Téhéran-Paris. Les déplacements de Karim Wade dans la capitale française, contrairement à ce que dit la presse, n’ont rien à voir avec la question des bases françaises. Il s’agit plutôt de l’affaire Cotilde Reiss’. Cette information nous avait été filée, jeudi dernier, par un proche de la présidence de la République et non moins bras droit de Karim Wade. C’était juste une manière d’annoncer la libération de la jeune Française intervenue, hier, à Téhéran en présence du président sénégalais et de son ministre des Affaires étrangères. Mais surtout pour mettre en exergue le rôle joué par le Sénégal, principalement son président, dans la libération de cette Française emprisonnée en Iran depuis juillet 2009 pour espionnage au lendemain des élections consacrant la re-élection d’Ahmadinejad. 

Seulement, le Sénégal semble aujourd’hui accuser la France d’avoir retardé la libération de Clotilde Reiss, qui aurait dû intervenir quelque six mois avant. En effet, explique le ministère sénégalais des Affaires étrangères, Me Wade a commencé sa médiation depuis septembre 2009. Soit deux mois après l’arrestation de la jeune Française. Ainsi, évoquant les principales étapes de la médiation sénégalaise, le chef de diplomatie sénégalaise indique qu’en octobre 2009 lors d’une visite en Iran, Me Wade, ‘après avoir abordé les questions de coopération bilatérale évoque en tête-à-tête le dossier Clotilde Reiss avec son homologue iranien, le président Ahmadinejad’. Au cours de cet entretien, indique toujours le communiqué, ‘le président iranien laisse entendre une possible libération de Clotilde Reiss sous certaines conditions spéciales’. Ainsi, ajoute la même source, le 18 octobre 2009, lors d’une audience à la résidence de l’Ambassade du Sénégal à Paris, Me Wade informe Claude Guéant, Secrétaire général de l’Elysée, accompagné de André Parant, ancien Ambassadeur de la France au Sénégal, de la teneur de son entretien avec son homologue iranien. ‘L’intervention sénégalaise est alors saluée et Paris demande à Dakar de poursuivre sa mission de médiation’, souligne le communiqué qui signale que ‘c’est le 22 octobre 2009 que le ministre d’Etat, Me Madické Niang, rencontre Claude Guéant à Paris à 13h 00 sur le dossier Clotilde Reiss’. ‘Ce dernier réaffirme la volonté de la France de voir le Sénégal trouver une solution rapide dans cette affaire’.

Comment André Parant a retardé la libération de Clotilde Reiss, selon Wade Le document indique en sus que du 10 au 12 novembre 2009, le ministre d’Etat, Me Madické Niang, s’est rendu en visite officielle à Téhéran où il est reçu par le président Ahmadinejad. Ce dernier confirme le principe de la libération de Clotilde Reiss et indique qu’il va discuter avec le président Wade des modalités de l’opération. ‘Le 12 novembre 2009, le président Wade demande au président Sarkozy de lui dépêcher un envoyé spécial, car il a un message important à lui transmettre’, explique encore la partie sénégalaise qui note l’entrée en scène de André Parant, arrivé au Sénégal par vol spécial et automatiquement reçu par le chef de l’Etat. ‘Le président Wade l’informe de la teneur des discussions avec les autorités iraniennes et de leur volonté de libérer rapidement Clotilde Reiss’. Mais, révèle la source sénégalaise, ‘André Parant prend bonne note. Une fois de retour à Paris, il fait savoir que les autorités françaises souhaitent que le Sénégal suspende sa médiation’. Ce qui fait que l’affaire Reiss n’a pas été évoquée lors de la visite du président iranien au Sénégal les 26 et 27 novembre 2009.

Et le 26 mars 2010, signale notre source, le ministre d’Etat Karim Wade rencontre Claude Guéant à l’Elysée. ‘En marge des discussions sur plusieurs sujets, l’affaire Clotilde Reiss est évoquée : Claude Guéant déclare que toutes les initiatives ont échoué y compris la dernière initiative de Jean-David Levitte, ambassadeur, chef de la Cellule africaine à l’Elysée’.

La médiation du président Wade ‘est à nouveau sollicitée et feu vert est donné au Sénégal pour relancer les contacts avec l’Iran’. C’est ainsi que du 29 mars au 1er avril 2010, le ministre d’Etat Karim Wade est dépêché à Téhéran par le président Wade en compagnie de l’avocat Robert Bourgi. ‘Le président iranien salue le retour du Sénégal dans le dossier de Clotilde Reiss. Il confie ne pas avoir compris le retrait soudain du Sénégal dans ce dossier. Il confirme la volonté de l’Iran de libérer Clotilde Reiss sur insistance du président Wade. Il instruit immédiatement son ministre des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, en déplacement en Tunisie et au Gabon de se mettre en contact avec les autorités sénégalaises pour finaliser les modalités de libération de Clotilde Reiss’. Le ministre d’Etat, Karim Wade, de retour de Téhéran, rencontrera à nouveau, Claude Guéant à l’Elysée pour l’informer de l’évolution des discussions. Le communiqué souligne que c’est après un mois de tractations entre Dakar, Paris et Téhéran que Wade reçoit une lettre de Nicolas Sarkozy qui permet de faire aboutir rapidement les discussions.

‘Le 11 mai, 2010, le ministre des Affaires étrangères de l’Iran, Manouchehr Mottaki demande au ministre d’Etat, Me Madické Niang, d’informer le président de la République du Sénégal de la décision définitive de l’Iran de libérer Clotilde Reiss conformément aux modalités convenues. Il salue la médiation sénégalaise et demande que le président Wade informe lui-même la France de cette décision’.

Le 14 mai, les ministres d’Etat, Me Madické Niang et Karim Wade, débarquent à Téhéran ‘pour superviser les derniers réglages’ de la libération de Clotilde Reiss. Selon la source diplomatique, le 15 mai, les ministres d’Etat, Me Madické Niang et Karim Wade, ont rencontré dans la matinée le ministre iranien des Affaires étrangères et quelques heures plus tard le président iranien annonce publiquement l’acquittement de Clotilde Reiss. L’on rappelle que Mlle Clotilde Reiss a été arrêtée le 1er juillet 2009 à Téhéran pour motif d’espionnage. Il lui avait été reproché d’avoir filmé des sites classés sensibles et des scènes de manifestations suite aux contestations électorales du 12 juin 2009.

Georges Nesta DIOP

 

Source  :  www.walf.sn  le 17/05/2010

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