Assiégé par les forces israéliennes, le plus grand hôpital de Gaza détruit

L’établissement hospitalier Al-Shifa a été ravagé par des combats intenses entre militants palestiniens et soldats de l’État hébreu. Israël affirme que l’enceinte était utilisée comme base opérationnelle par le Hamas et le Jihad islamique. Plus de cinq cents militants ont été arrêtés, deux cents ont été tués.

Le Monde – L’armée israélienne n’a laissé derrière elle que ruines, cendres et cadavres. Aménagé après la seconde guerre mondiale par les occupants britanniques, le plus grand hôpital de la bande de Gaza était devenu un symbole palestinien, un vaisseau au cœur de la ville, qui se développait à la périphérie de celle-ci et restait debout, malgré les quinze guerres qu’Israël a menées contre l’enclave depuis 1948, selon l’historien spécialiste du Moyen-Orient Jean-Pierre Filiu. L’hôpital avait une capacité de 800 lits, et 2 500 à 3 000 mères accouchaient chaque mois dans la maternité.

Aujourd’hui, ce symbole n’est plus. Les forces israéliennes ont assiégé les lieux, le 18 mars. Elles se sont retirées lundi 1er avril. « Tout a été détruit ou brûlé. L’hôpital a été transformé en cimetière. Il faut tout simplement en construire un nouveau », estime Kayed Hamad, résident gazaoui qui s’est rendu sur les lieux. Comme d’autres, en particulier des journalistes palestiniens et un porte-parole de l’agence de défense civile présents sur place, il affirme que quelque 300 corps ont été retrouvés, dans l’établissement et aux alentours. A ne pas confondre avec ceux laissés par l’armée israélienne lors de l’opération du mois de novembre 2023 : « Ces cadavres-là avaient été déplacés dans une fosse. Ceux qu’on a découverts hier sont bien les corps de cette [dernière] bataille », affirmait, lundi, M. Hamad.

Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, reconnaît que « 200 terroristes » ont bien été tués et présente l’opération comme un succès. L’hôpital Al-Shifa était utilisé, affirme le militaire, comme une « base par le Hamas », une zone jugée sûre, avec de l’eau, des vivres et de l’électricité, plusieurs mois après la première opération de l’armée dans cet établissement au début de l’offensive terrestre en novembre, à la suite de l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023.

Israël n’a pas hésité à l’attaquer de nouveau, au risque de susciter l’émoi de la communauté internationale. Quelque « 900 suspects » ont été arrêtés, selon l’armée. Plus de 500 militants auraient été identifiés par Israël comme membres du Hamas pour les deux tiers et du Jihad islamique pour un tiers. Des cadres ont été éliminés, dont Fadi Dewik et Zakaria Najib, qui avaient été libérés en 2011 dans le cadre de l’échange de 1 027 détenus palestiniens contre le soldat israélien Gilad Shalit, retenu otage pendant cinq ans dans la bande de Gaza. Du matériel, des armes et de l’argent – 12 millions de shekels, soit 3 millions d’euros – ont été saisis, selon Daniel Hagari, de même que des documents, y compris informatiques, qui vont être disséqués par les services de renseignement israéliens.

Vingt et un patients morts

Le porte-parole de l’armée insiste sur l’évacuation des civils pendant l’attaque, afin de limiter les pertes lors de l’opération : « Il y avait 6 200 personnes dans l’enceinte au début de l’opération. La plupart étaient des civils. Nous les avons évacués en leur donnant de la nourriture et de l’eau. Il y avait entre 300 et 350 patients et membres du personnel médical, à qui nous avons fourni du matériel, médicaments, bandages, fauteuils roulants. Il reste 140 patients que nous avons mis à l’abri dans l’établissement. Et 200 ont été évacués vers d’autres hôpitaux. » Cette procédure est de fait un impératif fondamental du droit international humanitaire, qui impose que « les opérations militaires doivent être conduites en veillant constamment à épargner la population civile, les personnes civiles et les biens à caractère civil », selon l’article 57 du protocole additionnel aux conventions de Genève.

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Source : Le Monde

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