Adama Diop, une migration poétique pour sa première création scénique

Dans « Fajar ou l’odyssée de l’homme qui rêvait d’être poète », écrit après s’être rendu au camp de réfugiés de Lesbos, en Grèce, le comédien franco-sénégalais de 42 ans explore la douleur de l’exil. Un spectacle hybride, qui mêle musique live, conte et images vidéo.

Le Monde – Koltès et Shakespeare, Bolaño et Tchekhov, Rambert et Racine : en vingt ans d’une trajectoire dans le théâtre public, Adama Diop, 42 ans, a servi des répertoires variés. En 2020, la pandémie de Covid-19 l’a délogé des planches et réduit au silence : « J’ai tout à coup décéléré et me suis mis à réfléchir à mon désir profond », se souvient le comédien. L’écriture, pratiquée notamment à coups de poèmes en vers lorsqu’il était ado à Dakar, l’attirait. « Écrire vous oblige à tendre l’oreille, à regarder autour de vous. Or, je ne comprends mon métier que lorsque je suis connecté au monde », dit-il.

Franco-Sénégalais, Diop est « ce que l’on appelle en France un immigré, mais que l’on nomme expatrié lorsqu’il s’agit de Français à l’étranger ». Un exilé, en somme, statut partagé par tant d’autres et qu’il explore à sa façon dans Fajar ou l’odyssée de l’homme qui rêvait d’être poète, sa première création scénique, à découvrir du 28 février au 9 mars à la MC93 de Bobigny et en tournée dans toute la France.

Pour raconter le déracinement et l’arrivée dans un nouveau pays sans tout ramener à son expérience personnelle, Adama Diop a construit, durant plusieurs mois, un spectacle hybride qui entremêle vidéo, musique live, poésie, conte et dialogues. Il retrace l’histoire de Malal (qu’il incarne), dont la terre d’origine n’est pas plus précisée que son pays d’accueil – simplement sait-on qu’il effectue une « traversée ».

En français et en wolof

 

Au fil de la représentation, en français et en wolof, le spectateur croisera les parents ou la femme de Malal, représentés à l’écran, mais aussi des figures nébuleuses réchappées de ses rêveries : Marianne, une allégorie de la liberté, ou « le vieil homme aveugle » qui lit l’avenir. « Comme si on était projeté dans le cerveau du héros », le récit avance par fragments. « Les “migrants”, comme on entend parfois à la télé, est une dénomination qui n’existe pas, souligne Adama Diop. Chacun a bien sûr une histoire à lui, mais je voulais que l’on s’attache à un humain qui partage avec d’autres humains le même parcours : on va dans le village voisin, puis dans le pays voisin, puis au bout du monde. »

En août 2020, désireux d’écouter des témoignages, il est parti sur l’île de Lesbos, en Grèce, dans le camp de Moria, un campement de plus de 20 000 réfugiés ouvert en 2013, dans lequel il a pu entrer sans difficultés et qui sera incendié peu de temps après sa visite.

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Source : Le Monde

 

 

 

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