CAN – « 2012 est l’acte de naissance de la Mauritanie » : Comment cette nation s’est façonnée

En 2012, la Mauritanie n’avait presque pas d’équipe et était la plus mauvaise nation africaine. Douze ans plus tard, elle a participé à trois Coupe d’Afrique des Nations et fait partie des pays d’Afrique les plus structurés. Les principaux protagonistes retracent le fil d’une construction supersonique.

Ouest France 6 « Avant, la Mauritanie n’existait pas sur la scène continentale. La CAN, c’était utopique d’y participer », plante Mansour Loum, journaliste pour Sport News Africa. Mais ça, c’était avant.

En Côte d’Ivoire, les Mourabitounes disputent déjà leur troisième Coupe d’Afrique des Nations (2019, 2021). Ils rêvent de jouer les troubles fêtes dans un groupe composé de l’Algérie, du Burkina Faso et de l’Angola et de passer un premier tour qui serait historique pour ce pays de 4,6 millions d’habitants. Pour y parvenir, il faudra gagner le premier match de leur histoire dans la plus grande compétition africaine. Ce qu’ils n’ont pas réussi à faire pour leur entrée en lice face aux Étalons (défaite 1-0, mardi 16 janvier).

Douze ans de progression

« Il faut effacer le cauchemar que l’équipe a pu vivre lors de sa dernière CAN, rappelle le sélectionneur Amir Abdou, qui avait réalisé un exploit lors de la CAN 2021 au Cameroun avec son pays, les Comores.

J’adore la surprise. C’est ce que je veux vivre avec la Mauritanie. On s’en est sorti comment pendant les qualifications ? On avait le Congo, une armada, une des meilleures équipes d’Afrique, le Gabon, huitième de finaliste de la dernière CAN, le Soudan… Personne ne nous voyait là. Et si on n’a pas de problème administratif, on finit premier de la poule. »

La Mauritanie partait pourtant de loin. Douze ans en arrière, alors que le Français Patrice Neveu est nommé sélectionneur en janvier 2012, l’actuel 105e nation mondiale n’était que 204e au classement Fifa. Derrière elle, ne pointaient que le Timor Oriental, Montserrat, Andorre et Saint-Marin.

« On n’avait rien du tout. Au siège de la Fédération, il n’y avait que des sièges et des bureaux bancals, même pas d’ordinateurs. Les gens ne venaient pas. C’était une boutique. Le championnat n’était pas régulier, les joueurs en sélection n’étaient pas payés, n’avaient jamais fait de stage à l’étranger. Il fallait professionnaliser l’équipe, les déplacements, faire de la conciergerie, organiser un vestiaire, mettre les joueurs dans de bons hôtels. Les joueurs mauritaniens n’avaient qu’un jeu de maillot par exemple, explique Lassana Camara, journaliste et bible du football mauritanien. 2012 est l’acte de naissance de la Mauritanie avec l’arrivée d’un nouveau président et de Patrice Neveu. »

L’ambitieux Ahmed Yahya

Six mois avant la nomination de Neveu, un nouveau président ambitieux qui ne cesse de grimper dans les instances du football mondial, vient d’arriver à la tête de la Fédération : Ahmed Yahya (accompagné par son secrétaire général Massa Diarra). Fils d’un gros armateur de pêche en Mauritanie (une entreprise qu’il a aujourd’hui laissée à ses frères pour se consacrer à la Fédération), l’homme de 48 ans a une fibre entrepreneuriale qu’il a aiguisée en Espagne, où il a grandi, puis à Nice où il a suivi des études d’économie.

« Quand tu as déjà de l’argent, tu n’as pas besoin d’aller piocher dans les caisses, caricature Mansour Loum. L’argent injecté dans les caisses mauritaniennes, il va faire en sorte qu’il soit bien utilisé. Le président Yahya a une vraie vision et sur le long terme quand beaucoup ont une vision court-termiste. On vient, on prend un sélectionneur à qui on donne beaucoup d’argent, on ramène des binationaux. Ça passe ou ça casse. Souvent ça casse et l’équipe implose. »

Dylan LE MÉE

Source : Ouest France

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