Réunion du conseil de sécurité pakistanais après un échange de frappes avec l’Iran

Les autorités pakistanaises ont réuni vendredi un conseil de sécurité comprenant les chefs de l'armée et du renseignement militaire, convoqués après un échange de frappes meurtrières avec l'Iran cette semaine.

Courrier international  – L’Iran et le Pakistan, seul pays musulman doté de l’arme nucléaire, sont confrontés depuis des décennies à des insurrections larvées le long de leur frontière commune, longue d’un millier de kilomètres. Ils s’accusent fréquemment de permettre à ces groupes rebelles d’opérer à partir de leurs territoires respectifs.

Les frappes ont eu lieu dans la région du Baloutchistan, que les deux pays se partagent et dont la frontière est très poreuse. Elles ont encore accentué les tensions régionales, au moment où le Proche-Orient est secoué par la guerre qui oppose le mouvement islamiste palestinien Hamas à Israël dans la bande de Gaza.

L’Iran a mené mardi soir une attaque au missile et au drone ciblant un groupe « terroriste » sur le sol du Pakistan, qui a riposté jeudi matin en visant à son tour des « caches terroristes » en Iran.

Ces deux attaques ont fait au total 11 morts, essentiellement des femmes et des enfants, selon les autorités.

Le Pakistan a rappelé son ambassadeur à Téhéran et annoncé que l’ambassadeur d’Iran au Pakistan, en visite dans son pays natal, sera empêché de revenir à Islamabad.

Les Nations unies et les Etats-Unis ont appelé à la retenue, tandis que la Chine a offert sa médiation.

« Le Premier ministre (pakistanais Anwaar-ul-Haq Kakar) a convoqué une réunion du Conseil de sécurité nationale qui doit avoir lieu aujourd’hui » vendredi, a déclaré à l’AFP un porte-parole de son bureau. Un responsable sécuritaire a précisé que le chef d’état-major de l’armée et le chef des services du renseignement militaire devaient y assister.

Au début de la réunion, Islamabad a indiqué que son ministre des Affaires étrangères Jalil Abbas Jilani avait parlé à son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian par téléphone.

 

AFP

Une rue de Panjgur, dans la province du Balouchistan, le 17 janvier 2024 au Pakistan

 

« M. Jilani a exprimé la volonté du Pakistan de travailler avec l’Iran sur tous les sujets sur la base d’un esprit de confiance mutuelle et de coopération », selon un communiqué du ministère pakistanais des Affaires étrangères. « Il a souligné la nécessité d’une coopération plus étroite sur les problèmes sécuritaires ».

 

Rhétorique apaisée

 

Cette rhétorique apaisée correspond aux prédictions des experts, qui estimaient que les deux camps cherchaient l’apaisement après ces frappes.

« La conséquence de cette nouvelle situation est que les deux pays sont apparemment et symboliquement à égalité », a jugé Antoine Levesques, de l’International Institute for Strategic Studies (IISS). « Les risques d’une nouvelle escalade sont faibles et devraient diminuer avec le temps ».

Le Premier ministre pakistanais Anwaar-ul-Haq Kakar a écourté son déplacement au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, après les frappes.

Il est à la tête d’un gouvernement intérimaire chargé de préparer la tenue des élections législatives du 8 février, dans lesquelles l’armée a été accusée de s’immiscer.

Téhéran comme Islamabad ont affirmé avoir bombardé des insurgés réfugiés à l’étranger.

Mais jamais le Pakistan et l’Iran, qui entretenaient jusque-là des relations amicales, n’avaient mené de frappes d’une telle ampleur sur le territoire du voisin.

Dans les villages isolés situés près de la zone des bombardements, dans le district de Panjgur (ouest du Pakistan), les forces de sécurité ont installé des checkpoints.

 

AFP

La région du Baloutchistan

 

« Des hélicoptères sont passés au-dessus de nos têtes et allés vers la zone que l’Iran a bombardée, mais nous ne savions pas ce qui s’était passé », a raconté à l’AFP Maulana Mohammad Sadiq, 42 ans, chef de prière d’un petit séminaire situé à quelque cinq kilomètres de l’endroit où un missile iranien a frappé.

Les villageois craignent qu’une détérioration des relations entre les deux pays entraîne la fermeture des frontières avec l’Iran, dont la région est dépendante économiquement.

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Islamabad (AFP)

Source : Courrier international 

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