Proche-Orient : le retour de la « cause palestinienne »

The Conversation – Les manifestations organisées dans de nombreux pays arabes et musulmans en soutien à la population de la bande de Gaza, depuis que la minuscule enclave palestinienne est pilonnée jour et nuit par Israël en riposte aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, ont replacé au cœur des discussions la problématique de la « cause palestinienne ».

La conflagration au Proche-Orient remet en effet à l’avant-plan des discussions l’avenir des Palestiniens, à Gaza mais aussi en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, où la situation s’est embrasée au cours des derniers jours. La cause palestinienne – une formule qui recouvre, on le verra, de nombreuses significations, parfois fort différentes – semble fédérer les opinions publiques dans le monde arabo-musulman, et cela depuis des décennies. Mais qu’en est-il au juste, et dans quelle mesure l’escalade actuelle du conflit peut-elle renforcer ces sentiments parmi les populations de ces pays ?

Résurgence spectaculaire du soutien à la Palestine

L’attaque du Hamas – qui s’est soldée par l’assassinat de quelque 1 400 Israéliens, presque tous des civils, et de nombreux actes de barbarie à l’égard des victimes, sans oublier la prise de quelque 200 otages, dont des enfants en bas âge – n’a pas fait l’unanimité dans le monde arabe et musulman. Il serait en effet caricatural d’affirmer que le Proche-Orient tout entier se serait en quelque sorte rangé derrière ces atrocités.

Néanmoins, on ne peut nier que les événements du 7 octobre ont été perçus par certains segments des sociétés de la région comme une manifestation compréhensible de la « résistance » à la longue occupation des territoires palestiniens par Israël.

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Dès les premières heures de l’assaut, ce sont ainsi des centaines de personnes qui, de Ramallah à Beyrouth, en passant par Le Caire, Bagdad ou Damas, sont descendues dans les rues pour chanter, danser et scander leur soutien au peuple palestinien et à sa cause historique. Les réseaux sociaux ont par ailleurs été envahis d’expressions de solidarité avec le Hamas, décrit comme « héroïque » face au sort des Palestiniens depuis des décennies, tandis que se propageait comme tendance sur X (anciennement Twitter) le hashtag #Palestine-is-my-cause.

Dans leur majorité, les dirigeants des pays arabes voisins ont fustigé Israël avec force et apporté leur soutien à Gaza, y compris dans ceux des pays qui avaient pu appuyer un rapprochement avec Tel-Aviv. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a décrit la riposte militaire d’Israël comme une « réaction allant au-delà du droit de se défendre » et s’assimilant à une « punition collective » contre les habitants de Gaza.

En Irak, le premier ministre Mohammed al-Soudani a rappelé le soutien indéfectible de son pays à la cause palestinienne. En Syrie, le ministre des Affaires étrangères a qualifié l’opération du Hamas d’« honorable » et de « seule manière pour les Palestiniens d’obtenir leurs droits légitimes ». On peut s’interroger sur la sincérité des sentiments ici exprimés, même si tous reflètent, a minima, une posture imposée par la perception qu’ont ces dirigeants des attentes de leurs opinions publiques.

Beaucoup croyaient la cause palestinienne enterrée, ou, à tout le moins, reléguée au second plan, sur fond d’impasse des négociations de paix et d’une multiplication des crises au Proche-Orient qui avait recentré l’attention sur d’autres théâtres de conflit (Irak, Syrie, Yémen, Afghanistan…). Or la « question palestinienne » a désormais opéré son grand retour dans les cœurs et les esprits des peuples de la région, et plus largement sur la scène internationale.

La virulence des frappes israéliennes sur Gaza ces dernières semaines, et le désastre humanitaire provoqué par l’imposition d’un blocus total par l’État hébreu, sont indiscutablement autant de facteurs démultiplicateurs de l’appui apporté aux Palestiniens.

Qu’entendre au juste par « cause palestinienne » ?

L’expression d’un soutien à la cause palestinienne et la manifestation d’une solidarité envers Gaza et le drame vécu par ses populations civiles ne rendent toutefois pas évidente l’identification des contours exacts de cette cause. De manière intuitive, ses partisans y arriment la notion générale d’une violation historique des droits d’un peuple, sans toujours être en mesure d’expliciter ce que recouvrent ces droits.

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Source : The Conversation 

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